Ce que j'ai voulu taire
de Sándor Márai

critiqué par Tanneguy, le 15 novembre 2014
(Paris - 85 ans)


La note:  étoiles
Emouvant !
Cet ouvrage n'a été publié que récemment car il s'agit d'un manuscrit retrouvé - miraculeusement - dans ses archives. L'auteur, qui l'a écrit en 1949/50, n'a pas eu l'ocasion de le terminer et le lecteur s'en rend compte : passages redondants ou biffés par exemple; mais le lecteur appréciera la prose de cet écrivain merveilleux.

Il a choisi de relater ce qu'il a vécu en Hongrie entre 1938, date de l'Anschluss, et 1948, date de l'occupation par les Soviétiques. La Hongrie déjà mise à mal par le traité de Trianon à la fin de la guerre 14/18 ( elle fut amputée des 2/3 de son territoire que s'approprieront la Tchécoslovaquie, la Roumanie et la Yougoslavie ), doit subir la montée du nazisme qui lui restitue partiellement ses territoires (!) mais exige son entrée en guerre contre l'URSS, subit une défaite sanglante et se voit occupée par les Russes.

Beaucoup d'anecdotes passionnantes, mais aussi de réflexions sur les systèmes politiques en vigueur à cette époque. Le peuple magyar constitue une exception dans l'Europe de l'est par sa langue et son système social : le pouvoir est détenu sans partage par l'aristocratie des grands propriétaires qui possèdent l'essentiel de la terre. quelques esprits éclairés se tiennent à l'écart des idées nazies comme du communisme qui menace à l'Est ; ils observent et se tiennent au courant des évolutions du monde. Sandor Marai est de ceux-ci.

Outre la leçon d'histoire qui nous est proposée, nous ne manquerons pas de faire les rapprochements avec la situation actuelle et les conflits qui ont émaillé cette partie de l'Europe. Et l'évolution politique de la Hongrie d'aujjourd'hui nous paraitra plus naturelle.

Sandor Marai visionnaire ? En tout cas un grand écrivain très lucide que nous apprécions !