Malbec Amer
de Daniel Michel

critiqué par Shelton, le 17 novembre 2014
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Un roman à lire pour le plaisir et mieux comprendre l'Argentine d'aujourd'hui...
Malbec ? Un cépage, mieux, le cépage emblématique du Cahors ! Mais, ce que l’on sait moins, c’est que ce cépage prit la direction de l’Argentine, au moment où le phylloxera détruisait presque entièrement le vignoble de Cahors, vers 1880. En Argentine, il servit à la création du vignoble de Mendoza, au pied des Andes…

Daniel Michel eut la chance d’aller pour la première fois en Argentine en 1962 et il est resté attaché à ce pays dont il a suivi la vie chaotique, entre émeutes, révolutions, dictatures… De toute évidence, il est amoureux de ce pays lointain, il aime les habitants, en particulier ceux qui sont souvent maltraités, les Indiens…

Daniel Michel, après une vie assez active partagée entre entreprise, voyage et transmission, s’est posé en Savoie, terre de vignes aussi, et il a pris le temps d’écrire un roman qui allie sans peine ses passion : la vigne, le vin, l’Argentine, les Indiens, le Polar…

On pourra toujours discuter pour classer ce roman, Malbec Amer. Est-ce un véritable polar ? Non, car s’il y a bien une énigme, un meurtre, une enquête… ce n’est pas le cœur du roman et il faut chercher un peu plus loin pour déterminer le genre exact de ce texte. Certains pourraient le classer en roman exotique car, après tout, l’Argentine est éloignée et le roman nous en montre quelques aspects. Oui, mais là encore, ce serait résumer et limiter considérablement le roman à quelques épiphénomènes…

Compte tenu du thème central du roman, la vengeance ; étant donné le contexte du roman, la société argentine et ses liens entre les différentes catégories socio-professionnelles ; après analyse du style de l’auteur et en prenant en compte la façon dont il décrit la vie et les motivations de certains de ses personnages ; j’oserais classer ce roman un peu atypique en roman noir, du moins en prenant l’exemple de Frédéric Fajardie et ses romans socio-politiques. Oui, Daniel Michel utilise une vengeance personnelle et une apparence d’enquête policière pour montrer certains aspects de la vie argentine…

J’avoue avoir eu quelques doutes au départ du roman… Un fait des années soixante-dix nous précipite dans une vie tendue. Mais celle de qui ? Peut-il y avoir un lien entre ces faits lointains et ceux de des années 2000, période du roman ? C’est vrai que le lecteur commence par être perturbé par ce lien éventuel… puis, il est pris par le récit qui sans être un thriller n’en est pas moins un peu oppressant et angoissant. On peut aussi remarquer que ce roman ne répond pas tout à fait à la définition du policier pour une raison spécifique que je ne vous dévoilerai pas pour ne pas gâcher votre lecture et maintenir intact le suspense… Non, mais !

Ce roman se lit relativement vite et on peut remercier l’auteur d’avoir pris le temps de faire suivre le texte de la fiction d’un glossaire assez conséquent pour expliquer certains éléments du contexte : l’Argentine, les Indiens, la vigne, Perón… Tout cela constitue un excellent ensemble et une belle invitation à découvrir ce pays, au moins de façon livresque !

Enfin ? Je sais bien que certains pointeront du doigt le fait qu’il s’agit-là d’une auto édition… et, pour moi, ce n’est ni un signe qualitatif ni son contraire. Parfois, c’est une façon assez simple de résoudre les difficultés de l’édition qui n’est pas si simple de nos jours… Le mieux, c’est de vous rendre compte par vous-mêmes. Non ?