Mortelle escalade : Une enquête entre Chautagne et Val d'Aoste
de Daniel Michel

critiqué par Shelton, le 19 novembre 2014
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Un bon roman policier en altitude...
Pour son deuxième roman policier, Daniel Michel nous propose une enquête plus classique, des personnages plus profonds, un scénario millimétré, une région qu’il adore, une écriture plus fluide, bref, un très bon roman !

Tout d’abord, nous sommes bien dans un roman policier classique avec, très vite, un beau vrai crime ! Je sais bien que l’expression peut choquer ou surprendre, mais pour avoir un bon polar, il faut un vrai meurtre. On trouve donc un corps d’homme, dans une zone un peu retirée, il est défiguré par le travail destructeur des balles, et il faudra quelques heures pour pouvoir l’identifier…

Un bon meurtre, c’est pas mal, mais il faut un enquêteur pour résoudre l’énigme qui est maintenant dans la tête des lecteurs. Ce sera un policier, Louis Leprénat, un homme qui vient de Lyon et qui est affecté à Chambéry. C’est sa première affaire en Savoie, il doit faire ses preuves avec sa nouvelle équipe mais aussi vis-à-vis de son chef, tout en tentant de se faire admettre, lui le Lyonnais, par les Savoyards. Cela fait penser quelque peu à l’auteur qui est venu s’installer en Savoie pour sa retraite…

Louis est un homme plutôt sympathique et agréable que l’on a envie de suivre assez facilement, qui est honnête, intègre, intelligent… et gourmand. Je reconnais que ce dernier point m’a assez rapidement touché et j’avoue avoir du plaisir à le voir préparer ses repas, faire ses achats de vin, choisir son menu… Même quand il fait du boudin aux pommes, on a envie de se mettre à table avec lui. C’est une recette familiale ? « Les pommes cuites directement dans une sauteuse avec un peu d’eau et, à un certain stade de cuisson, le boudin seulement posé sur les fruits et chauffé quelques minutes à l’étuvée. » Bon, cela tombe bien, ma coopérative préférée vient justement de me livrer du boudin frais, je sais donc comment je vais le préparer ! Je ne vais pas vous parler en détail du vin local, des diots et autres bons produits à découvrir…

Après le crime et l’enquêteur, place à l’environnement ! Il y a la région, la Chautagne. Nous sommes donc dans une petite terre imprégnée des eaux du lac du Bourget et on a envie d’y être. C’est beau, c’est à la fois en bordure d’un lac et au pied de la montagne… Que du bonheur ! On sent d’ailleurs que Daniel Michel aime cette région, il n’a pas à se forcer, il y est bien. L’enquête se poursuit aussi du côté du Val d’Aoste car ce crime a des implications des deux côtés de la frontière, en France et en Italie, à moins que ce soit simplement en Savoie, tout simplement. On apprend au détour de l’enquête que cette région un peu particulière de l’Italie moderne est très francophone… ce qui facilite le travail de Louis, bien sûr !

Enfin, je n’ai pas parlé, encore, de l’environnement professionnel. La victime, Georges Mazereau, travaille dans une entreprise locale, très spécialisée et pointue, et nous avons donc, aussi, dans ce roman, un aspect industriel non négligeable que j’ai trouvé plutôt intrigant : techniques de pointes, méthodes de gestions, démarches commerciales, rachat d’une entreprise italienne… Oui, l’entreprise peut rimer avec littérature…

Pour moi nous sommes-là en présence d’un très bon roman policier, agréable à lire, pertinent et plein d’humanisme, et c’est donc à lire !