L'enfance des Français d'Algérie Avant 1962
de Leïla Sebbar

critiqué par Otello, le 20 décembre 2014
( - 64 ans)


La note:  étoiles
Une image nuancée
Toute enfance est une patrie perdue », dit l’un des 28 collaborateurs de l’ouvrage (l'historien J. Fremeaux), et une patrie doublement perdue, puisque ces auteurs ont tous dû quitter brutalement cette patrie en pleine enfance ou aux bords de l’adolescence. Tous les auteurs de ce recueil sont aujourd'hui des intellectuels vieillissants, universitaires, romanciers, nouvellistes, poètes ou conteurs, On ne trouve chez eux ni rancœur, ni rancune, mais toujours un questionnement où l’émerveillement de l’enfant se confronte au savoir objectif de l’adulte, et un étonnement d’avoir été déclarés coupables par l’histoire et de devoir juger leurs bonheurs innocents à l’aune de la réalité. On a dans ce melting-pot un panel d’origines diverses, françaises, espagnoles, juives, italiennes et même franco-musulmanes, d’horizons politiques divers, de statuts sociaux divers : enfants de petits boutiquiers pauvres, de médecins, de fonctionnaires, d’instituteurs, de colons même. La souffrance de l’exil est douce, maîtrisée, d’autant plus que la plupart des auteurs sont restés en contact avec l’Algérie et les Algériens, elle est un peu comparable, dit très justement l’un des auteurs (G.Morin, organisateur du Maghreb des livres), à celle des enfants de parents divorcés qui s’interdisent de juger et rêvent de réconciliation de leurs deux patries.
On est donc loin de l’image d’Epinal du français d’Algérie prétendument insupportable, prétentieux, hâbleur et revanchard.
A lire, même si les contributions sont d'inégale qualité, pour mieux comprendre ces hommes et ces femmes.