Ce sont des choses qui arrivent de Pauline Dreyfus
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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L’insupportable légèreté des nantis sous l’Occupation
« Ce sont des choses qui arrivent » : une phrase qui connote le tabou, le sujet qu’on préfère passer sous silence, la faute qu’on banalise , la pécheresse qu’on absout . Un phrase qui, dans la famille de Sorrente, renvoie à la question de « la paternité incertaine », de la naissance d’un enfant adultérin. Ce nouveau-né dont on préfère oublier le père biologique est accepté, assimilé, élevé selon les mêmes principes que l’enfant légitime
« Ce sont des choses qui arrivent » C’est ce qu’on a dit à propos de deux naissances chez les de Sorrente, famille qui appartient à une noblesse d’Empire dans laquelle le personnage principal : Natalie de Lusignan, est entrée par son mariage avec Jérôme de Sorrente « un être pétri des préjugés de son milieu et de son temps ». Natalie, dont les funérailles en février 1945 à Notre-Dame de Chaillot en présence du Gotha et du Tout-Paris sont relatées dans un savoureux premier chapitre intitulé In Mémoriam, et qui ouvrent le roman .
La suite de l’œuvre est constituée d’un flash-back sur les 5 années qui ont précédé sa mort. Un retour en arrière, au moment de la débâcle, où la famille a dû quitter un Paris occupé, prendre la route de la Zone libre et s’installer dans sa propriété de Cannes. Un exode doré où elle va retrouver les membres d’un gratin parisien ayant abandonné leur hôtel particulier pour rejoindre la Riviera et tenter de recréer la vie de luxe et de plaisir sans laquelle on n’est rien . Une naissance, la découverte d’une filiation inattendue. Puis c’est le retour tant espéré à Paris, un Paris occupé où malgré le rationnement, le couvre-feu, on reprend les mondanités, dîners, soirées chez Maxim’s, premières des théâtres, défilés des grands couturiers. Dans ce milieu « la collaboration est une chance. Le bolchevisme, voilà l’ennemi commun ». Bien sûr, on sait que les Allemands et la milice française raflent les Juifs, qu’on les parque à Drancy, mais l’on parle avec une insoutenable légèreté de ces choses sérieuses, au désespoir de Natalie – dont on suit le point de vue tout au long du roman - qui tente d’oublier sa fêlure intérieure grâce à des piqûres d’opium de plus en plus fréquentes . Car, chez gens-là, dont l’éducation est basée sur le principe du « never explain, never complain », on ne s’épanche pas , on garde tout pour soi.
Un roman documenté, une immersion dans le microcosme des nantis, celui des grandes familles dont Pauline Dreyfus révèle les préjugés et les codes sociaux, dans le Tout-Paris des Arts et Lettres. Un roman servi par une plume alerte, habile à restituer le ton et les habitudes langagières de ce monde de privilégiés, avec la distance qu’impose une ironie discrète mais constante et jubilatoire .
Les éditions
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Ce sont des choses qui arrivent [Texte imprimé], roman Pauline Dreyfus
de Dreyfus, Pauline
B. Grasset
ISBN : 9782246852605 ; 18,00 € ; 20/08/2014 ; 234 p. ; Broché
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La loi du silence
Critique de Isis (Chaville, Inscrite le 7 novembre 2010, 79 ans) - 3 juillet 2021
Au cours de cette période très particulière que l’auteure maîtrise si bien comme elle le prouvera ultérieurement dans sa biographie de Paul Morand, il valait mieux dissimuler ce genre d’avatar surtout au sein de la haute société, bien pensante de surcroît, le plus souvent.
On retrouve cette atmosphère trouble de secrets de famille et de complaisance mondaine tout au long de cette fiction sur fond historique où se mêlent très habilement personnages imaginaires et réels, scandée de ce leitmotiv « ce sont des choses qui arrivent » revenant d’un chapitre à l’autre.
Un ouvrage intéressant, aussi original par le fond que par la forme qui a d’ailleurs obtenu le prix mémoire Albert Cohen 2015.
Il n'est pas intéressant.
Critique de Obriansp2 (, Inscrit le 28 mars 2010, 54 ans) - 22 novembre 2015
Quant à l'histoire il y a des méprises quand à la réalité de l'époque, comme Pétain en 1940, tout le monde l'avait oublié, mais un personnage voit Pétain comme on le voit aujourd'hui.
Pis qu'est-ce que Cocteau fait là, il participe au livre mais n'intervient pas, c'est juste une façade, un nom. Non, ce roman n'est pas intéressant.
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