The Magic Hour, une fin de siècle au cinéma de James Hoberman
Catégorie(s) : Arts, loisir, vie pratique => Cinéma, TV
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un critique se fait son cinéma
Me laissant séduire par l'accroche du libraire vendant cet ouvrage, le nouvel espace de « Ombres blanches » dédié au cinéma à Toulouse, les propos élogieux de divers cinéastes le comparant aux critiques très subjectives mais toujours pertinentes même quand elle est injuste avec un réalisateur ou un acteur de Pauline Kael, j'ai acheté presque « sans voir » ce recueil d'articles datant des années 80 et 90, au sujet de films de cette période, dont les films de Schwarzenegger et Stallone, « les Dents de la Mer », « Quizz Show », « Total Recall » et d'autres, articles à la réputation finalement très surfaite.
J'ai donc eu quelques déceptions en le lisant.
Première déception, la traduction est visiblement bâclée, la traductrice, Marie-Mathilde Burdeau semble ignorer ce qu'est un bison, « buffalo » en anglais qu'elle transcrit comme « buffle » entre autres erreurs, et elle commet de nombreuses fautes de syntaxe française et des approximations montrant surtout son inculture, « native-american » devenant « natif américain » ce qui n'a pas de sens, entre autres détails. Je ne saurais trop lui suggérer d'employer un vrai dictionnaire plutôt que « reverso » (TM°). Cela rend la lecture assez pénible, un peu plus pénible si l'on prend en compte le contenu. Nonobstant, je me suis accroché jusqu'au bout, ce qui fut dur...
Deuxième déception, l'auteur du livre est visiblement un « bourgeois pédagogue » pénible tout à fait dans la droite ligne de ce qu'il convient de penser lorsque l'on fait partie des z-élites, c'est elle qui s'appellent ainsi, sans jamais craindre le ridicule, ainsi dans l'article consacré à Schwarzenegger dont il fait un crypto-nazi (à cause de son accent et de son origine, ce qui est quand même intellectuellement très faible) ni le mépris pour les films considérés comme du « simple » divertissement ou « de Genre » perçus comme infiniment méprisables et analysés « de haut » voire de très haut. Il y a pourtant longtemps que l'on sait, Greil Marcus le montre fort bien dans « Lipstick Traces » que la culture dite populaire et « le Genre » en disent plus que bien
La troisième déception est que Jim Hoberman se place au-dessus des créateurs d'univers et de formes cinématographes dont il fait la critique, il se voit visiblement comme supérieur de par son « background » culturel et social et son analyse. C'est un mélange assez curieux de dédain très petit-bourgeois au fond, d'ironie étriquée, et de refus de la dérision, dans sa critique de « Nashville » chef d’œuvre d'Altman par exemple, ou de tout second degré, ce qui est une caractéristique de notre époque. Hoberman ne remet jamais en cause les certitudes de son propre milieu « ouvert », « cultivé » (etc...) sur la « diversité », la « parité » et bien entendu encore moins sur ses propres certitudes. Comme tout « bourgeois pédagogue » il ne supporte pas la nuance qu'un réalisateur peut par exemple apporter sur un personnage honni par sa « tribu », lorsqu'il évoque Oliver Stone décrivant les côtés humains et sympathiques de Nixon, il ne comprend pas, Nixon étant le diââââble incarné pourquoi en faire une figure complexe ? Ce qui est beaucoup plus intéressant cinématographiquement qu'un portrait « à charge »...
Je me suis demandé ce que l'auteur aimait comme films, il semble placer au-dessus de tout des films dits « engagés » d'une lourdeur didactique et pompeuse sans mesure, ceux d'un certain David Micheaux, les films « ethniques » de King Vidor, selon la vision « utilitariste » de la création qu'elle soit littéraire, artistique ou cinématographique qui implique qu'une œuvre soit « utile » à quelque chose pour se justifier, qu'elle porte un « message », qu'elle donne une leçon de morale au peuple, qu'elle ait des vertus d'exemplarité afin d'entretenir la dynamique du progrès des consciences selon les dogmes de la modernité. Et il tombe finalement dans ce travers qu'ont certains écrivains et journalistes culturels à mettre au pinacle d'obscurs inconnus afin de donner d'eux une image élitiste car finalement Jim Hoberman a surtout cela en tête.
Les éditions
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The magic hour [Texte imprimé], une fin de siècle au cinéma Jim Hoberman traduit de l'américain par Marie-Mathilde Burdeau
de Hoberman, James Burdeau, Marie-Mathilde (Traducteur)
Capricci / Collection dirigée par Emmanuel Burdeau
ISBN : 9782918040033 ; 14,20 € ; 01/12/2009 ; 256 p. ; Broché
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