Comment Jésus fut créé de Thérèse Zrihen-Dvir

Comment Jésus fut créé de Thérèse Zrihen-Dvir

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Spiritualités

Critiqué par AmauryWatremez, le 30 novembre 2014 (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 55 ans)
La note : 3 étoiles
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Renan 2.0

J'écris tout cela sans grand espoir, étant convaincu que Thérèse Zrihen-Dvir est persuadée du bien-fondé de ses affirmations et de la pureté de ses intentions, sur son blog elle n'hésite pas à citer Maurice Allard qui préconisait la destruction du catholicisme il y a plus d'un siècle, pour la démocratie...

Il en a déjà vu d'autres et s'est fait cracher dessus bien avant, et c'est loin d'être la première fois que la vie de Jésus est malmenée et caricaturée : il y eut « la Vie de Jésus » d'Ernest Renan, l’Évangile clandestin du XVIème siècle et tous les évangiles apocryphes non retenus par la tradition chrétienne. A propos de ces écrits, l'auteur de « Comment Jésus fut créé » invoque le fait qu'il n'a rien écrit et que donc cela prouve que son statut de sauveur est une escroquerie, ignorant manifestant donc que la tradition et la transmission orales dominaient il y a deux millénaires. Rappelons-lui aussi que les premières églises étaient clandestines et qu'il ne fallait pas laisser de traces, les Évangiles ayant été mis par écrit quand les chrétiens étaient plus en sécurité et plus nombreux, et aussi contre les tentations de désunion naissant dès les origines de cette institution humaine. Et puis Socrate n'a rien écrit non plus mais personne ne conteste son existence...

J'avais pourtant bien aimé le dernier ouvrage de l'auteur : «.  Marrakech la juive ». Elle m'a envoyé celui-là, petit livre rapide à lire qui m'a mis en colère par ses approximations, son ignorance manifeste de la Foi chrétienne, et le long défilé d'injures manifestes même si l'auteur le fait inconsciemment et involontairement je veux le croire, envers celle-ci. Je suis quand même un rien surpris, les personnes de la communauté dont elle est issue ne supportent pas le moindre début d'embryon de critique de leur propre religion et de la politique de leur « Terre Sainte », Israël, assimilant celle-ci à de l'antisémitisme et, ou au négationnisme de la Shoah dans une démarche virant la plupart du temps à l'autisme le plus fermé.

Parlons-en d'ailleurs de l'archéologie et de l'historiographie, elles prouvent de par divers travaux que les anciens hébreux étaient peut-être des adorateurs du culte monothéiste d'Aton, deux cartouches de hiéroglyphes le montrant, et non autre chose, et que la conquête de Canaan ne s'est pas faite militairement mais par assimilation progressive des populations, que Moïse est plus la réunion de plusieurs personnages historiques qu'un seul.

Historiographiquement et archéologiquement cet essai ne se fonde que sur les réflexions, si j'ose employer ce mot, de rabbins visiblement fondamentalistes et sur la fameuse découverte de la « Tombe de Jésus » à Jérusalem dans les années 80, réactualisée par un documentaire en 2007, qui prouverait que le Christ n'était qu'un homme et pas le Messie alors que rien de probant ne prouve quoi que ce soit. Des études récentes rappellent que les prénoms Jésus, Joseph et Marie étaient des plus courants à l'époque, 42000 hommes portaient le prénom Ieshuah vers l'an 0 selon le recensement romain. Les personnes ayant fait cette « découverte » ont surtout essayé de l'étayer « à charge » des chrétiens, par haine au fond de ceux-ci. Et la plupart des scientifiques en critiquent la méthodologie très discutable...

Et selon la Foi chrétienne le Christ est bel et bien un homme de par l'Incarnation, cet argument sur son humanité qui lui interdirait d'être le Messie n'a que peu de valeur et démontre l'incompréhension de l’Évangile par l'auteur. Elle n'est pas la seule, me dira-t-on, la « double nature » de Jésus a été la source de débats théologiques ayant conduit à des désunions multiples et de nombreux conflits spirituels dès la fondation de l’Église, entre « monophysites » et chrétiens d'Occident, (monophysites ayant certainement fondé l'Islam et rédigé le Coran un peu plus tard).

Cette lecture m'a également remis en mémoire plusieurs moments vécus alors que je vivais à Jérusalem :

Alors que des catholiques candides, entre autres de la Communauté des Béatitudes, un rien naïfs, témoignaient de leur volonté de dialogue inter-religieux à l'institut Ratisbonne auprès de rabbins ceux-ci répondirent en gros qu'ils étaient d'accord bien sûr à condition que les chrétiens commencent par abjurer leurs croyances fausses et erronées voire « sataniques » ainsi qu'elles sont qualifiées dans ce travail ce qui ferait sourire si ce n'était énoncé avec autant d'inconscience et de sérieux.

A Jérusalem, un croyant qui y vit le comprend rapidement la plupart des lieux saints chrétiens sont faux, la faute en incombe aux croisés qui arrivant d'Europe les ont localisés en se basant sur une mesure fausse du « pied » romain, mais aussi au manque d'unité des églises entre elles qui veulent chacune avoir leur propre lieu saint. Certes, ainsi que nous le disait un franciscain, ces endroits sont sanctifiés par les pèlerins et leur prière au cours de siècles mais au bout d'un moment en ayant assez d'entendre des erreurs et mensonges nous avons voulu savoir la vérité selon l'historiographie et l'archéologie ; par exemple l'emplacement de la Crèche serait plus celui de la crypte « dite de Saint Jérôme » qu'à l'étoile d'argent de la Basilique, le tombeau vide au Saint Sépulcre se localiserait plus sûrement à celui de la grotte de Sainte Hélène etc....

Ces « mensonges » et approximations sur les lieux saints peuvent rendre fous, certains sombrent dans un mysticisme spiritualisant extrême, voyant le Christ lorsqu'ils prient à la Chapelle de la Crucifixion, d'autres dans l'acédie, d'autres enfin s'en fichent et n'en tiennent pas compte. Il y a aussi ceux qui deviennent plus orthodoxes que les juifs les plus radicaux, ou plus musulmans que les musulmans eux-mêmes. Ces questions de localisation erronée, plus subjectives que réelles, ont des conséquences politiques graves, celle de la « Tombe de Rachel » et des tombeaux dits « des Patriarches » à Hébron a permis aux israéliens de s'implanter dans les « Territoires », sans parler de celle du Cénacle qui a permis aux pan-sionistes contre le droit international de construire le « quartier de Siloé » et d'expulser quelques dizaines de familles palestiniennes que l'on a donc jetées de fait dans les bras du Hamas.

Ce sont d'ailleurs les chrétiens eux-mêmes qui recherchent depuis longtemps et en premier cette vérité des faits, à travers des institutions comme par exemple « l’École Biblique » de Jérusalem, dirigée par les dominicains, ou la revue « Proche Orient Chrétien », des d'Afrique. L'auteur aligne quelques lieux communs sur la date de naissance de Jésus ou sur sa mort, un chrétien raisonnable sait depuis longtemps qu'il n'est pas né un 25 décembre, qu'il n'est même pas né à Bethléem ni même en 0 (plutôt en +6 ou -4), ce qui ne change strictement rien à sa Foi dont le point nodal est sa croyance en la Résurrection. Rappelons aussi que la Foi ne se prouve pas rationnellement même si la raison peut y amener, c'est même ontologiquement la définition du mot. L'auteur semble l'oublier croyant bon de noter que rien ne prouve que le Christ est ressuscité...

...Elle a raison, rien : C'est bien pour cela que cela s'appelle la Foi.

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