Daredevil : Echo
de David Mack

critiqué par Fanou03, le 4 décembre 2014
(* - 49 ans)


La note:  étoiles
Le monde du silence
Maya Lopez est une jeune femme sourde qui a développé le don de pouvoir reproduire à la perfection les gestes d’autrui, y compris les techniques de combats les plus complexes. Persuadée un temps par son entourage que son père, membre de la pègre locale, a été tué par Daredevil, elle a pourchassé le super-héros sans relâche en prenant le nom de « Echo ». Constatant son erreur, elle entreprend un long voyage intérieur vers ses souvenirs d’enfance pour tenter de retrouver une forme de sérénité et de paix. C’est cette quête initiatique qui nous est conté dans ce superbe album de David Mack.

Dire que cette œuvre fut pour moi un choc visuel n’est peut-être pas exagéré, car ce qui m’a frappé tout d’abord dans « Echo » c’est bien la magnificence des illustrations. Utilisant toute une gamme de techniques picturales différentes pour habiller chaque planche d’un dessin ou d’une peinture d’une extrême densité chromatique et graphique, David Mack a réalisé là une œuvre exubérante, onirique, d’une parfaite harmonie.

La mise en page, volontairement chaotique, reflète l’état d’esprit agité de Maya Lopez, comme si l’on rentrait au plus profond de son âme, en donnant vie aux images mentales de la narratrice. Par bribes le lecteur est amené à reconstituer ainsi le récit de l’héroïne et les relations ambiguës qu’elle entretient avec Daredevil.

L’album possède en outre une très grande qualité d’écriture, souvent extrêmement poétique. Le texte, jouant parfois sur la typographie, reconstitue avec sensibilité les « correspondances » que Maya établit entre le Monde extérieur et le son des mots auxquels elle n’a pas accès.

Ne soyons pas dupe : avec « Echo » David Mack fait plus que revisiter le monde des super-héros. Il parvient à le sublimer pour donner une œuvre totalement fascinante, bien éloignée des codes attendus ou habituels. On pourra à juste titre lui reprocher de favoriser l’esthétisme et l'introspection au détriment du rythme du scénario. Mais c’est ce qui en fait aussi sa singularité et tout son intérêt.