Diderot ou la philosophie de la séduction
de Éric-Emmanuel Schmitt

critiqué par Colen8, le 12 décembre 2014
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Sur une figure de proue des Lumières
Pour Diderot, l’homme de l’Encyclopédie, la connaissance procède de l’expérience sensible, ce qu’il exprime dans ses "Lettre sur les aveugles" et "Lettre sur les sourds et muets". Chaque personne a donc sa propre perception du monde. Est-ce suffisant ? La connaissance passe aussi par le langage seul véhicule capable de transmettre des idées. D’où le lien entre histoire du langage et histoire de l’esprit, repris dans le "Plan d’une université pour le gouvernement de Russie" ainsi que dans "l’Entretien entre d’Alembert et Diderot". Le philosophe s’est engagé maintes fois sur le sentier de la morale, sur les rapports de la morale et de la religion comme dans "l’Entretien avec la Maréchale de ***", de même que sur une morale individuelle différente de celle de l’homme social qui serait réglée sur l’intérêt général, pour finir par y constater son échec. Quand il aborde la question du déterminisme, de la liberté dans "le Rêve de d’Alembert", il arrive à la conclusion que nous sommes le fruit de la physiologie et du hasard ! Et le bonheur, que signifie-t-il pour lui ? Peu préoccupé par le divin, se déclarant athée, il y consacre pourtant ses "Pensées Philosophiques" parfois contradictoires. C’est d’ailleurs ce qu’on lui a reproché : loin de vouloir convaincre par une argumentation construite, il jette des idées de façon brouillonne pour, dit-il, mieux éveiller les esprits. Sa philosophie répond moins qu’elle n’interroge, sur des questions encore étonnamment actuelles.