En haut à gauche
de Erri De Luca

critiqué par Poet75, le 25 décembre 2014
(Paris - 68 ans)


La note:  étoiles
Un merveilleux conteur
Erri De Luca est un écrivain merveilleux, un formidable conteur, un maître de la petite forme. J'admire les écrivains qui savent dire beaucoup tout en économisant les mots et les phrases. Mais, du coup, chacune de leurs phrases et de leurs expressions est essentielle, rien n'est écrit pour le remplissage, il n'y a pas de formules creuses. En France, il y a Christian Bobin, mais j'ai été si agacé par ce qu'il déclarait bêtement dans un livre d'interview à propos de Baudelaire, qu'il se permettait de considérer comme un poète mineur, que je l'ai laissé tomber. Erri De Luca, lui, me touche au profond du coeur. Je pourrais multiplier les citations. En voici une, un dialogue entre l'auteur et son père malade:
" - Papa (...) tu es bien exigeant pour un homme sans foi.
- La foi des autres m'a suffi. Dans certaines de leurs vies j'ai vu l'empreinte digitale de Dieu, telle qu'elle reste dans les livres sacrés de leur credo. Je suis un témoin secondaire, je n'ai pas vu l'ours mais j'ai trouvé ses traces, une ruche saccagée, bref des indices d'un passage."
( "En haut à gauche", Rivages poche, p. 143)
Des nouvelles de Naples en amertume et espoir 8 étoiles

Cette série de nouvelles se passe à Naples. Elle nous décrit des amours heureux, contrariés ou rassurants, la maladie, un travail éprouvant, l'amertume face à l'existence, les inquiétudes et attentes de l'adolescence. Chacune constitue un moment de vie, un état d'esprit et porte sa propre morale. Elles tanguent entre sarcasme, tristesse et espoir, et présentent le grand intérêt de faire réfléchir, l'air de rien, au sens de l'existence. Elles ne sont donc pas aussi vaines qu'elles en ont l'air.

Veneziano - Paris - 46 ans - 6 janvier 2019