Le Roman Interdit

Une femme.
Femme-enfant, née sur les bords du fleuve Long, sous la dynastie Tang, à l’aube du VIIème siècle.
Femme-fille, qui hérita du courage et de l’audace du garçon qu’elle aurait dû être.
Femme-philosophe, qui puisa ses premières instructions dans un temple bouddhiste.
Femme-fleur, qui, à peine éclose, devient Talentueuse du cinquième rang à la Cour du Fils Céleste, l’Empereur de Chine. Premiers pas dans la Cité Interdite.
Femme-sensualité, qui découvre les secrets de son corps entre les mains de l’Epouse Gracieuse du Souverain.
Femme-concubine, qui, par-delà l’opprobre de l’inceste, devînt la favorite du Fils Suprême, successeur, et Nouvel Empereur.
Femme-impératrice, qui se défendit des complots et brava toutes les menaces, pour enfin tenir le rôle de symbole, de soutien et de guide auprès de son époux.
Femme-empereur, qui, face à l’ignominie, l’ambition, l’hypocrisie et la lâcheté, conserva sous elle le trône de l’Empire de Chine et devînt, pour la première fois de l’Histoire, l’Empereur-Sacré-Qui-Fait-Tourner-La-Roue-d’Or.

Un destin unique, l’évolution d’un corps, d’une âme. La brèche dans l’Histoire. Celle que les historiens misogynes ont bien vite déformée. L’amour du peuple, du pays. Celui de la Gloire et du Grandiose. Marquer la postérité. Tel fut le destin de Lumière. L’Impératrice Rouge.
Avènement d’une femme qui, d’un cœur enrobé de froideur et de force, tâcha de maintenir loyauté, prospérité et justice dans un pays aux constantes insurrections. Qui bouleversa le monde des hommes, capricieux, versatiles et opportunistes. Qui survécut aux trahisons, aux complots et aux tentatives d’assassinat. Qui vit sa famille se morceler, s’effriter, l’abandonner. Qui, dans un exemple de piété, ne toléra aucun écart tout en cultivant le plaisir de la chair. Qui, dans les moments de sacrifice, ne s’éloigna jamais du bien-être de l’Empire…

Roman qui fit une bruyante rentrée, sujet de scandale et de procès de droits, il n’en reste pas moins une grande œuvre. L’âme de l’Empire Chinois transpire de ce roman. L’âme de la Femme aussi. Du combat, de la grâce et de la détermination. Un mouvement de pensée, une philosophie qui nous tenterait à y voir une analogie avec l’auteur. Quoiqu’il en soit, c’est d’une écriture délicate mais ferme, dénudée mais digne, que Shan Sa rend sa voix à cette Impératrice malmenée par l’Histoire. C’est une confidence, un cœur ouvert, une parole. Malgré les nombreux heurts de ce règne, il en reste une certaine sérénité, celle de la compréhension. Celle de la résignation quand, après la lutte d’une existence entière, tout est à refaire. Malgré la grandeur à laquelle tout être peut s’élever, lors de sa Fin, il retombera toujours à la même hauteur que tout autre sur la Terre…

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  Impératrice [Texte imprimé], roman Shan Sa

  de Shan Sa,
  Albin Michel / Romans français
  ISBN : 9782226141835 ; 22,30 € ; 20/08/2003 ; 448 p. ; Broché

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