Le dernier gardien d'Ellis Island
de Gaëlle Josse

critiqué par Rotko, le 2 janvier 2015
(Avrillé - 50 ans)


La note:  étoiles
Bilan d'une vie et d'un rôle décisif.
Le centre d’accueil et de contrôle des immigrants va fermer, le directeur d’Ellis Island reste seul dans des locaux désertés ; l’occasion pour lui de tenir un journal d’adieu, daté du 3 au 11 novembre 1954, une semaine pour le bilan d’une vie, et d’un rôle assumé - de décideur d’une équipe d‘administration, et de détenteur des clés de l'accès sur la terre américaine.

John Mitchell évoque sa vie sentimentale, et s’interroge surtout sur une vie professionnelle qui l’a mis en contact avec divers demandeurs d’asile, fugitifs pour des raisons politiques, écrivains en quête d’un nouveau lieu de séjour, propices à une création libre.

Ces destins individuels, souvent dramatiques, et sur lesquels Mitchell, directeur du centre d’immigration, ne dit ou ne sait pas tout, témoigne de la sévère épreuve de l’attente administrative et de l’exil, devenu nécessaire.

La fin de ce récit éclaire d’une manière plus complète les débats de conscience du diariste.

La lecture de ce titre séduira les lecteurs par la peinture d’états d’âme nuancés, de situations délicates -parfois mal interprétées par Mitchell, ou les coulisses d’une administration avec préjugés et déficits d’humanité.

A plusieurs reprises j’ai pensé aux "Mémoires d’Hadrien" de Yourcenar, pour un ton confidentiel, et les réflexions à la fois personnelles et professionnelles d’un ultime décideur.

Faut-il croire les portraits photographiques - « pittoresques ou dramatiques », tirés des nouveaux arrivants ? L’accueil est souvent une mise en scène qui cache le vécu : la détresse des exilés, confrontés à un déracinement total qui les marque sur plusieurs générations.

« Te souviendras-tu, frère, lorsque tes propres enfants comprendront à peine la langue qui fut la tienne, qui fut celle de ton père, de ta mère et de tes aïeux, du chant des femmes de ton village et de la couleur du ciel aux jours de moisson. J’ai frappé à la Porte d’Or et elle ne s’est pas ouverte. Représentais-je une si lourde menace pour la grande
Amérique ? »

Un beau titre, d’une écriture fine et méticuleuse, il enrichit notre expérience et notre perception des immigrants, exilés, refoulés.
L’heure du bilan 7 étoiles

1954. Plus que 9 jours avant que John Mitchell ne quitte définitivement "son île" Ellis Island, le centre de passage obligatoire de tous les arrivants aux USA , comme un purgatoire par lequel sont passés des milliers d’immigrants.
Neuf jours pour revivre ses 45 années de travail, où, de simple employé, honnête, consciencieux, travailleur, il franchit toutes les étapes et devient directeur, dernier capitaine de ce drôle de navire qu’il a du mal à abandonner.
Neuf jours pour évoquer un grand mais trop bref bonheur auprès de sa femme Liz et et une passion dévorante, un coup de foudre terrifiant auprès de Nella une jeune immigrée sarde.

Dans ce troisième livre que je lis de cette auteure, je retrouve la notion de temps, celui qui passe sans que l’on s’en aperçoive, à l’heure du bilan des événements vécus, les bonheurs mais aussi les regrets, la honte...
Un roman agréable même si j’ai été moins touchée par le héros que par le personnage de mère d’Une longue impatience.

Marvic - Normandie - 66 ans - 28 janvier 2020


Excellent page turner 9 étoiles

"Le dernier gardien d'Ellis Island" de Gaëlle Josse (187p)
Ed. J'ai lu
Bonjour les lecteurs...
C'est encore une fois avec beaucoup de plaisir que j'ai retrouvé la plume de Gaëlle Josse.
New-York, 3 novembre 1954.
Dans quelques jours, Ellis Island, ce centre d'accueil des immigrés européens pendant de longues années, fermera définitivement ses portes.
John Mitchell en est son dernier directeur, son dernier gardien.
Seul, il ne lui reste que quelques jours pour arpenter une dernière fois "son" ile et évoquer ses souvenirs avant un retour à le terre ferme.
Nostalgique, il se souvient….
De tous ces migrants, débarquant épuisés et plein d'espoirs, leurs maigres biens serrés contre eux.
Des espoirs perdus pour nombreux d'entre eux qui se voient refuser l'entrée sur le sol américain pour des raisons de santé ou autres.
Des autres, plus chanceux mais remplis d'incertitudes.
De sa tendre épouse disparue bien trop vite.
De Nella, cet amour furtif.
De ses collègues, certains bienveillants, compréhensifs, d'autres beaucoup moins.
John n'a que quelques jours pour écrire ses souvenirs, justifier certaines choses, tenter d'en oublier d'autres.
Après, il lui faudra partir et lui aussi reconstruire une autre vie.
Gaëlle Josse se base sur des faits et personnages réels pour imaginer l'histoire de John.
L'histoire vous happe dès les premières pages et ce pour ne plus vous lâcher.
Sous sa plume se mêlent une palette d'émotions: joie, renoncement, désillusion, soulagement, fatalité, espoir.
Un roman touchant sur l'exil des uns et la solitude de l'autre.
Je vous recommande chaudement cette lecture comme les autres écrits de cette auteure.
Ellie Island n'est pas totalement fermé, c'est devenu un musée où l'histoire de ces migrants remplis de rêves, d'espoir et d'illusion (désillusion? ) est racontée.

Faby de Caparica - - 63 ans - 8 juin 2019


"Comme une foule de fantômes flottant autour de moi". 6 étoiles

Je ne reviens pas ici sur l’intrigue et l’histoire du livre, déjà largement décrite dans les critiques précédentes ce petit livre (même pas deux cent pages…). Ceci est le deuxième livre de Mme. Gaëlle JOSSE que je lis (après « Les heures silencieuses »), et encore une fois c’est l’écriture très belle, sobre précise, raffinée, ciselée qui m’a vraiment frappé. Il n’y a rien à redire, d’ailleurs les pages se tournent sans qu’on le remarque vraiment, et le livre se lit vite et bien (quelques heures suffisent). Les descriptions de la vie et des mœurs de l’époque sur l’île d’Ellis Island - avec l’arrivée de véritables «fournées» de migrants, tous candidats à la citoyenneté américaine -, sont vraiment magnifiques.

Encore une fois malheureusement, je trouve que ce livre manque de souffle, d’amplitude. Les personnages sont bien décrits, même au niveau psychologique, mais à peine esquissés et déjà ils disparaissent ! Ainsi p. ex. Luigi Chianese (dont le personnage a été librement inspiré à l’auteur par l’homme politique américain, M. Fiorello La GUARDIA (1882-1947, qui fût notamment maire de la ville de New York et dont l’un des aéroports de la ville porte le nom… ) apparaît, on nous décrit son rôle, ses fonctions, sa vie, son comportements, ses ambitions, et puis… Et puis plus rien ! Il disparaît tout simplement, en on ne sait plus rien de lui, on ne nous dit plus rien de lui, il n’y a plus rien à lire sur lui… Alors ?...

Encore une fois, je termine donc ma lecture, sur une impression mitigée et vaguement frustré ! Encore une fois, j’ai trouvé l’écriture «à tomber», mais l’histoire vraiment trop bâclée, trop courte, et j’attends donc avec impatience le jour où Mme. Gaëlle JOSSE, nous offrira une histoire de plus de 600 pages !...

Septularisen - - - ans - 8 septembre 2016


Trop court 7 étoiles

Quel dommage qu'il soit si court !
J'aurai aimé un livre plus conséquent (en nombre de pages), plus de détails, éventuellement approfondir dans l'histoires de plusieurs familles.
Dommage, car j'ai vraiment aimé le sujet et le traitement, mais je reste un peu sur ma faim.

Vigneric - - 55 ans - 11 août 2015


L'Amérique! L'Amérique! 8 étoiles

Un sujet passionnant: l'arrivée des émigrants pendant la première moitié du 20ème siècle à Ellis Island.
L'écriture nous transmet l'angoisse, la peur mais aussi l'espérance de ces passagers de troisième classe débarqués sur cette île, à quelques encablures de leur rêve.

Peut-être un bémol concernant le choix de raconter cette période à travers la vie personnelle du directeur. J'aurais aimé en savoir plus sur ces êtres en errance et un peu moins sur ce personnage que j'ai trouvé peu sympathique.

L'écriture est agréable, précise. Un bon moment.

Anna Rose - - 52 ans - 6 mars 2015