Une aventure de Carol Evans : Trop de détectives
de Jacques Sadoul

critiqué par Shelton, le 4 janvier 2015
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Un bon roman policier !!!
Jacques Sadoul était un auteur à plusieurs visages, tantôt auteur de romans policiers – presque classiques – tantôt naviguant entre espionnage et la science-fiction. Mais il était surtout connu comme éditeur, directeur de collection… Pendant plus de trente ans, il a dirigé la ligne éditoriale des éditions J’ai lu, et ce n’est pas rien !

Dans son œuvre, j’aime beaucoup les romans consacrés à son héroïne atypique, Carol Evans. Cette femme a été, dans un premier temps membre de la CIA, engagée au Viêt-Nam où elle a acquis une réputation de tueuse. Il faut dire qu’elle éprouve une certaine jubilation quand elle tue, ce qui provoque un sentiment de malaise chez le lecteur qui se dit que, quand même, trop c’est trop ! En fait, il faut préciser pour ceux qui n’auraient jamais lu de roman de ce cycle, que l’auteur joue avec un triple registre qui fait avaler toutes les outrances : sexe, violence, humour ! Et c’est seulement en intégrant les trois volets que l’on peut éprouver une véritable jouissance à la lecture de ces histoires peu réalistes mais passionnantes…

Carol Evans n’est pas restée en continu membre de la CIA car une telle tueuse pouvait déclencher des évènements collatéraux considérables et elle fut tantôt mise en disponibilité, tantôt mise à disposition du FBI pour des enquêtes particulières… Une dizaine de romans constituent le cycle, de L’héritage de Greenwood (1981) jusqu’au Carré de dames (1999). Dans cet univers, un roman sort du thème général pour aborder un cas spécifique, cher aux auteurs de polars, le crime en univers clos, le crime impossible ou presque, la classique murder party ! Il s’agit de Trop de détectives, un roman écrit en 1997.

Ce roman est véritablement jubilatoire pour les amateurs de polars car Carol Evans est envoyée, sur les bons conseils de la police, assurer la protection rapprochée d’une riche personne âgée, June McNally. Nous sommes en Californie, dans une riche propriété et June a organisé une véritable murder party, jeu de rôle policier. Pour cela elle a des invités qui arrivent chacun dans leur rôle spécifique, sans que l’on puisse connaitre leur identité : Sherlock Holmes, Hercule Poirot, Jules Maigret, Philip Marlowe, Colombo, Kay Scarpetta, Ellery Queen et le Père Brown. Chacun des personnages va s’exprimer, observer, raisonner, enquêter à la manière de… Du coup, le lecteur est face à la culture policière étonnante de l’auteur et s’il est lui-même amateur de polar, il vit un grand moment de lecture… Et ce fut mon cas !

Pour que cette histoire soit « parfaite », il fallait réussir à isoler la demeure de cette riche bourgeoise et ce qui arrive lors d’un tremblement de terre qui est suivi, bien sûr, du crime… Je ne vais pas vous cacher qui est la victime car la quatrième de couverture le dit clairement, il s’agit de June McNally. Il reste alors à tous nos enquêteurs à mener l’enquête et ils sont neuf : huit joueurs et Carol Evans ! Mais il se pourrait bien que le coupable soit lui-aussi un des enquêteur, allez savoir !

Un roman très agréable à lire et un mécanisme bien construit tant pour les motivations que pour le processus criminel. Je pense que le roman n’a que très peu vieilli et on peut le conseiller à un public très large, avec en pointe, une petite histoire d’amour entre Carol et un de ces inspecteurs du dimanche… ou inspectrice puisque certains savent que la fameuse Carol Evans est bisexuelle et qu’elle assume sa situation…