Un guide clair

Voici un guide clair qui retrace les grande lignes de cette aventure du XXème siècle sans omettre les grands courants et noms, et qui fait la part belle aux nouveaux venus.
Le manuel commence par citer les tendances de l’époque étudiée : la perte du sujet et de la narration, la recherche du mouvement, l’abandon des techniques traditionnelles telles que la taille directe, la ronde-bosse ou le moulage, la mutation du lieu d’exposition, la prise en compte d’autres disciplines artistiques dans les installations avec la vidéo, la musique ...

Les grands noms évoqués sur des doubles page sont ceux de Brancusi (avec sa colonne sans fin de Tirgu-Jiu), Calder (et ses fameux mobiles colorés), Giacometti (avec L’homme qui chavire), Gonzales-Torres (et ses tas de bonbons emballés), Jean Tinguely avec sa fameuse sculpture Le Cyclope de Milly-la-forêt.
Les courants évoqués sont: L’arte Povera, le Constructivisme russe, l’Earth et le Land Art, le dialogue sculpture-mobilier, l’installation (dont le règne est inauguré par Duchamp avec le tableau d’un viol qui ne fut exposé qu’après sa mort, en 1969), le ready-made, la sculpture cubiste, la sculpture vivante (avec Gilbert et George et leur swinging sculpture), les Specific Objects de Donald Judd qui ne sont ni peinture ni sculpture mais définissent une nouvelle catégorie d’art en trois dimensions.

Outre les déjà connus Buren, Arman, Caroline Cros, conservatrice au musée d’art moderne de Paris, nous présente des artistes pour la plupart bien vivants ou dont l’influence reste prégnante parmi lesquels : André Carl (né en 35) pour ses sculptures plates ; les Becher pour leurs photographies de bâtiments industriels ; Stanley Brouwn (1935) qui mesure les espaces entre les individus ; Katharina Fritsch (1956) avec ses installations surprenantes telle celle figurant 32 personnages en polyester assis de part et d’autre d’une table ; les sculpures de Robert Gober (1954) qui fait cohabiter deux registres : celui du corps et celui de l’usage ; les édifices transparents jouant sur les reflets de Dan Graham (1942) ; les formes très brancusiennes de l’anglaise Barbara Hepworth (décédée en 1975) ; les espaces émotionnels de Eva Hesse (1936-1970) ; les installations rappelant l’univers d’un Mandelstam du russe Ilya Kabakov (1933) ; les carrés de pollen ou les passages de cire de Wolfgang Laib (1950) ; les interventions de Matta-Clark (1943-1978) sur des ruines de bâtiments voués à la démolition ; l’art niminal de Dan Flavin (1933-1996) avec ses tubes fluorescents ; Bruce Nauman (1941) qui désigne comme étant artistiques tous les actes qu’il a faits en certains lieux ; les machines volantes du belge Panamarenko (1940) ; les sculptures très « froides » de JP Raynaud (1939) qui jouent sur nos peurs de l’hôpital et de la mort ; les constructions faites de fils de Fred Sandback (1943) ; les visages difformes, très expressifs de Thomas Schütte (1954) ; les plaques d’acier massif de Richard Serra (1939) qui rédigea une sorte de manifeste à l’aide des verbes évoquant le sculpture d’aujourd’hui : « rouler ,battre, plier, couper, jeter... » ; les interventions de Robert Smithson (1938-1973) sur le paysage avec ses déversements d’asphalte...

On rédécouvre aussi les travaux de Henry Moore ou de Miro, la contribution majeure de Picasso ou encore l’apport de Joseph Beuys, Warhol, Arp, Duchamp-Villon... On saura gré à Caroline Cros de ne pas nous avoir imposé, même l’espace d’une entrée, le dégoulinant Jeff Koons ; c’est dire tout le sérieux de cet ouvrage.

A noter, pour être complet, que l’illustration de couverture représente le Torse-fruit (1960-1966) de Hans Arp.

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  L'ABCdaire de la sculpture du XXe siècle [Texte imprimé] Caroline Cros

  de Cros, Caroline
  Flammarion / L'ABCdaire (Paris. 1994)
  ISBN : 9782080110800 ; 3,95 € ; 15/02/2003 ; 119 p. ; Relié

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