Ce pays qu'on abat de Natacha Polony
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Essais , Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités
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De la veine décliniste
Le livre de NP s'inscrit dans cette filière littéraire que je nomme "décliniste" (sans attacher de valeur négative à ce terme) : la France est en déclin, malade, au bord de la rupture, proche du suicide.
A travers une succession de chroniques, NP livre son regard-analyse désenchanté sur la France.
Les thèmes abordés y sont multiples : immigration, économie, éducation, valeurs françaises, religion, mondialisation...
Il revient au lecteur, en fonction de ses sensibilités, d'applaudir ou de récuser les propos de l'auteur.
Pour ma part, j'apprécie la dénonciation des paradoxes et des confusions qui nuisent aujourd'hui au "bien vivre" en France et de la France.
Par exemple : Le respect de la loi n'est pas un devoir laissé à l'appréciation de chacun, c'est une contrainte nécessaire au vivre ensemble. Etre autoritaire, ce n'est pas être autoritariste. Admonester ou punir ceux qui enfreignent les règles (dans les écoles ou dans la rue) est un devoir de la République. Après le devoir d'éduquer et de prévenir, il y a aussi celui de la sanction.
A force de laisser s'installer les revendications personnelles ou communautaristes qui vont à l'encontre des règles démocratiques (au nom d'une liberté d'expression dévoyée et utilisée par ceux qui l'ignorent ou veulent justement la faire taire), la société française signe sa désagrégation.
Personnellement, ce que j'ai apprécié :
- Un auteur qui se positionne clairement, sans cacher ses faveurs politiques et intellectuelles.
- Des thèmes variés et intéressants, qui sont au coeur de notre démocratie, dont certains (comme l'immigration et le rapport entre religion et laïcité) sont laissés aux extrêmes au lieu de faire l'objet d'un débat national ouvert.
- Une plume bien engagée et d'un haut niveau intellectuel.
Ce que je n'ai pas aimé :
- Le haut niveau intellectuel qui peut malheureusement en rebuter certains (certaines références demandent un niveau de culture minimum).
- L'enchaînement chronologique des chroniques. On aurait pu avoir un chapitre sur chaque grand thème, plutôt qu'une succession de petites interventions qui alternent les thèmes, souvent complexes.
- Outre le gros effort réclamé sur l'école et l'éducation, pas vraiment de solutions proposées aux problèmes (ce n'était sans doute pas l'objectif de l'auteur qui se concentre sur l'analyse et la dénonciation de ce qu'elle qualifie " de petits abandons qui font les inexorables défaites").
Trois citations pour donner le ton :
"On peut rêver que le miracle (...) des beaux discours va ramener vers le droit chemin ceux qui se sont affranchis des règles communes. Mais quand ils n'ont jamais intégré ces règles parce que, dès le plus jeune âge, on n'a pas voulu les leur inculquer avec trop de fermeté, quand ils ont chaque jour le spectacle du triomphe des transgresseurs et de la loi du plus fort, il faudrait qu'ils soient des anges pour tout à coup adhérer à cette contrainte qu'est le respect de la loi. Et les anges ne sont pas de ce monde" -p233.
"Nous, adultes, sommes responsables du monde que nous transmettons (...) de l'effacement de l'idéal humaniste au profit d'une société de consommation et de spectacle incapable de combler l'aspiration au sens de notre jeunesse (...) et le prix à payer est bien plus élevé que le tour de piste grinçant d'un clown devenu militant (Dieudonné) ou des conversions à l'islam radical que nous voulons croire marginale" - p347.
"La façon dont certains conçoivent le débat politique aujourd'hui a plus à voir avec les sermons de la Contre Réforme qu'avec l'échange de vue civilisé. Qu'il soit question d'immigration, de sécurité (...), l'autre, celui qui ne pense pas comme nous, est un hérétique qu'il convient d'arracher à son vice. Il est dans le camp du mal (...). Ce genre de posture a ceci de dramatique qu'il interdit la tempérance et écrase les modérés, les prudents et les amateurs de raisonnements complexes (...) Quand les anathèmes simplistes étouffent les analyses subtiles, notre pays est au bord de l'abîme" -p 327.
Les éditions
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Ce pays qu'on abat [Texte imprimé], chroniques 2009-2014 Natacha Polony
de Polony, Natacha
Plon
ISBN : 9782259227445 ; 16,90 € ; 12/06/2014 ; 366 p. ; Broché
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Comment faire les choses à moitié
Critique de Antihuman (Paris, Inscrit le 5 octobre 2011, 41 ans) - 30 mai 2016
Bon pourquoi pas, c'est un style comme un autre.
Le seul ennui étant que cette femme a surtout l'air de la race de ces premiers de la classe et fortes têtes (mais mauvais coeur) qui ont une revanche à prendre sur la vie - ce qui est normal, ils ont une grosse tête et un petit corps. Bon, pourquoi pas, il y a tant de ces gros garçons adipeux qui jouent à être l'aigle qu'ils ne sont pas et qu'ils ne seront jamais et qui pourtant séduisent une franche pauvre mais très large de la population: pourquoi pas une femme, donc ?
Ce que je comprends moins c'est sa manie de voir tout en noir et de passer son temps au fil des chapitres à n'ouvrir les yeux que sur la violence pure, au lieu de cette violence indirecte qui est pourtant le fait de ces personnes petites et mesquines. Bref, certains autres parleraient de la violence sociale...
Mais alors, pourquoi ne pas intégrer un parti, par exemple celui de Madame Le Pen ou celui de Monsieur Sarkozy ? Pourquoi apprécier Eric Zemmour et refuser l'entrée à Alain Soral ?
On ne saura sans doute jamais et c'est dommage. Enfin, un peu.
Nostalgie de vertus, de savoirs et de bien commun
Critique de Colen8 (, Inscrite le 9 décembre 2014, 83 ans) - 17 mars 2015
Entre les chroniques écrites sur un blog intitulé « éloge de la transmission » des premières années et les suivantes à partir de 2012 publiées dans Le Figaro, le ton a changé. Au début ce sont des commentaires sur l’actualité, des considérations sur les objectifs attendus de l’école. Après, sa plume toujours aussi bien trempée livre une expression plus acerbe, les thèmes ont une connotation nettement politique, on est dans l’opposition.
Revenons sur le titre, violent dans ses termes, il exprime la colère. Mais alors qui se cache derrière ce « on » anonyme omniprésent au fil des pages ? Nous, lecteurs, aimerions le sommer de nous rendre des comptes. Sans responsable, comment sortir par le haut d’une dégradation lente qui se perpétue malgré l’alternance des gouvernements ? Selon les thèmes abordés elle fustige des minorités agissantes, des élus ayant perdu le sens du bien commun, le consumérisme sans limite qui favorise l’individualisme, l’ignorance y compris de certaines élites. Le ton monte d’un cran quand elle vise tantôt « les apparatchiks de la Rue de Grenelle » tantôt les technocrates de Bruxelles. Nous serions les victimes de notre propre système.
C’en est lassant, toujours la même litanie. Hormis un appel « au souffle du verbe » et « à une vision commune » quelles sont nos perspectives ? Seuls surnagent dans l’océan de nos abandons le rappel de notre histoire, de la beauté de nos territoires qui attirent tant les visiteurs étrangers, de la richesse de nos terroirs offrant des multitudes de goûts autant que de talents. Accessoirement on lira ou relira dans le Pantagruel de Rabelais la lettre écrite par Gargantua à son fils pour l’inviter à développer ou à acquérir les vertus qui lui feront honneur.
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