Création
de Antonia Susan Byatt

critiqué par Débézed, le 14 janvier 2015
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
Des goûts et des couleurs
« En 1947 Matisse a peint « Le Silence habité des maisons », un tableau dans lequel on peut imaginer les différents sons qui habitent la pièce qui est reproduite sur la toile, comme tous les bruits qui peuplent la maison de Debbie, employée par un magazine féminin : la télévision regardée par son fils, la musique écoutée par sa fille, sa machine à écrire et le terrible aspirateur de Mrs Brown la femme de ménage. Mais les sons ne sont pas le principal objet de cette nouvelle, ce texte évoque surtout les couleurs, les couleurs que son mari essaie de reproduire sur la toile, des couleurs qu’il semble le seul voir malgré toutes les explications qu’il donne à la bonne qui perturbe sans cesse l’ordonnancement de son atelier, et aux propriétaires de galerie qui ne comprennent pas son art. Mais aussi les couleurs lumineuses, criardes, agressives, chatoyantes que Mrs Brown utilise pour confectionner ses vêtements avec tous les restes de tissu, de tricot et d’autres matières encore qu’elle récupère.

Cette nouvelle figure dans un tiré à part imprimé à l’intention des libraires pour qu’ils le distribuent gratuitement à leurs clients afin d’assurer la promotion du recueil dont « Création » est issue. L’objectif a certainement été atteint car cette nouvelle donne vraiment envie d’en lire d’autres, ce que je ferai certainement à l’occasion, elle traite du goût et des couleurs, éternel dilemme chaque fois qu’il faut choisir un objet d’art ou même un objet beaucoup plus banal. L’auteure met en scène l’opposition entre la conception académique de l’utilisation des couleurs faite par le mari incompris et l’apparente anarchie formelle et picturale de la femme de ménage. Une façon d’évoquer la créativité des auteurs contemporains qui surprend souvent le public non averti.