Longue marche, tome 1: Traverser l'Anatolie
de Bernard Ollivier

critiqué par Pierre, le 3 janvier 2004
( - 70 ans)


La note:  étoiles
Marcher en solitaire, à la rencontre de soi et des autres.
Pourquoi ai-je été attiré par ce livre?
J'ai été attiré par ce livre parce qu'il est écrit par un marcheur solitaire, faisant le récit de sa marche.
J'aime marcher dans la nature.
J'ai fait quelques marches en France, à une échelle beaucoup beaucoup beaucoup plus modeste , parfois en solitaire ( très rarement ).

L'auteur vient de prendre sa retraite, il est âgé de 60 ans.
Il a une sacrée pêche, car pour faire cette marche il faut être à la fois fort physiquement et mentalement.
Il a fait cette marche en autonomie totale, un sac à dos, pas de téléphone portable ( je ne sais pas si c'est un choix de ne pas avoir de téléphone portable ).

Le livre est le récit chronologique de son voyage.
Rencontres, incidents, sont au rendez-vous.
Je ne suis pas capable de juger le style de l'auteur, je n'ai pas les compétences requises, mais j'ai aimé ce dont il parle, et comment il en parle.
Un livre que je recommande à ceux que le récit d'un marcheur solitaire d'aujourd'hui peut intéresser, parce qu'ils se sentent l'âme d'un marcheur, et même aux autres, pourquoi pas ?
Très belles découvertes 10 étoiles

Je connais la marche, je connais la nature, mais je ne connaissais ni Bernard Ollivier ni la Turquie. Ce sont deux très belles découvertes. On se dit qu'il faut être fou pour faire ce voyage, mais l'auteur est avant tout un doux rêveur et un assoiffé d'absolu.
J'ai parcouru ce livre avec délectation, en pensant à tous ces moments inoubliables de marche, seule, à deux ou à quatre. C'est un livre qui vous transporte.

Flo29 - - 52 ans - 30 juin 2013


le risque, c'est de vouloir partir aussi! 9 étoiles

Bernard Ollivier ne se prend pas pour un écrivain, et c'est peut-être pour cette raison que c'est si bien écrit. Ces trois tomes sont plutôt une chronique du voyageur seul, à pied.
Bernard Ollivier est un philanthrope: même lorsqu'il se fait dépouiller par un "flic" à Téhéran, ou risque de l'être par les 3 gaillards en Turquie sur leur tracteur, sa colère ne dure que quelques pages. Il oublie tout. Il semble même être étonné devant la froideur de l'accueil en Chine. Puis, enfin, un homme qui lui ouvre sa porte, et voilà notre marcheur tout ragaillardi, heureux comme un enfant.

C'est ce coeur ouvert que je retiens, cet amour obstiné du genre humain, malgré parfois leur défaut. il fallait cela pour parcourir cette route de la soie.
Et on a l'impression de reconnaitre dans ce bûcheron philosophe de Turquie, un ami, un frère, ou dans cette famille d'Iran vivant devant un caravane sérail, notre propre famille. Et ce petit monsieur Liu, si vif, si souriant, un vieil oncle qu'on n'a pas vu depuis longtemps et qu'on voudrait retrouver.
On a soudain pleinement conscience que le monde est vaste, animé, et qu'on a un copain là-bas, quelque part et qu'on ne connait pas encore.
Le risque , il est là: on a soudainement envie de partir !
Ah bravo monsieur Ollivier! bravo !, comment je fais maintenant !

Som Lang - Ecrouves - 51 ans - 28 octobre 2011


Marcher vers l'Autre pour se rencontrer ! 9 étoiles

Pas grand chose à ajouter aux précédentes critiques ( et plus précisément à celle de CC.RIDER que je partage à 100% ) .
Etant randonneur et marathonien moi-même ; je suis très réceptif aux voyages en solitaire à la découverte des autres mais surtout de soi-même .
En dehors des considérations philosophiques ; il convient de saluer l'auteur qui par son humanité nous fait partager le quotidien miséreux des peuples d'Anatolie , partageant le peu dont ils disposent .
Un récit envoûtant qui donne envie de chausser les godillots.

Frunny - PARIS - 59 ans - 27 août 2010


Un livre de courage et de découverte 10 étoiles

Bernard Ollivier, sexagénaire passionné de marche à pied (il est déjà allé à Saint Jacques de Compostelle) décide en 1999 de se lancer sur la route de la Soie, d’Istanbul (Turquie) à XiAn (Chine) soit un périple incroyable de 12 000 km. Comme il est impossible de parcourir certaines portions du chemin en hiver, il ne marchera qu’à la belle saison et repartira l’année suivante de l’endroit où il aura arrêté. Il relate cette belle aventure en trois tomes plus passionnants les uns que les autres.
Dans celui-ci (« Traverser l’Anatolie »), il nous raconte son épopée en Turquie et c’est un véritable exploit étalé sur 1700 km. Le pays profond, bien loin de lieux occidentalisés comme Ankara, la capitale ou Istanbul, vit dans une misère absolue, un obscurantisme inimaginable, sous l’emprise étouffante de l’armée, de la religion et dans la crainte d’attentats kurdes. Ces gens, par ailleurs souvent très accueillants comme nous ne savons plus guère l’être dans nos régions, voient quelquefois le marcheur comme une sorte de coffre fort ambulant et n’ont alors qu’une seule idée en tête : le détrousser ou à tout le moins en tirer le plus d’argent possible. Par miracle, Ollivier échappe à plusieurs reprises à ses détrousseurs.
Cette longue marche s’apparente souvent à un calvaire. Il doit affronter l’altitude, la pluie, le chaleur accablante, le froid glacial, mais également échapper aux terribles « kangals », ces énormes et sauvages chiens de bergers dressés pour se battre contre les loups et fort peu accueillants à tout intrus pénétrant sur leur territoire. Les brigands et les militaires ne lui facilitent pas la vie non plus. Il lui arrive d’être arrêté, retenu prisonnier et ce n’est qu’après palabres et longue patience qu’il parvient à être libéré et remis sur cette « longue route » aussi magnifique que sauvage. Finalement ce sera la maladie, une dysenterie amibienne carabinée qui viendra à bout de notre marcheur et l’obligera à accepter de se faire rapatrier en France par Europe Assistance alors qu’il est arrivé à la frontière iranienne.
Un livre de découverte et de courage, magnifique, passionnant, même si l’on n’est pas adepte de la randonnée et passionné de marche à pied comme moi-même. Eh oui, l’aventure est toujours au rendez-vous au bord des chemins.
« Bernard Ollivier est un voyageur, il ne se prend pas pour un écrivain. Le résultat est qu’il écrit souvent mieux que les écrivains patentés… Il voyage comme le font tant de héros de Conrad : pour se découvrir. » (Pierre Le Pape)

CC.RIDER - - 66 ans - 15 juillet 2008


Inoubliable 8 étoiles

Ce récit est celui d’une quête de soi. Agé de 61 ans, à la retraite, veuf, passionné de marche, il veut renaître. Cette renaissance passe par une marche de 12 000 kms ; une marche à pied sur l’ancienne route de la soie. Effectuer à pied, en trois ans, le trajet d’Istanbul à Xi’an. Voilà pour l’ambition. C’est un exploit sportif mais la force de ce livre, c’est justement que ce n’est aucun cas la narration d’un défi. Ce livre n’est qu’une introspection, qu’une quête de soi, une redécouverte du monde, des autres. A ranger dans les écrivains voyageurs, les très grands ; ceux qui nous racontent leur voyage mais de ceux qui par les mots nous emmènent encore un peu plus au-delà du simple récit. C’est l’éternelle magie des mots lorsqu’ils sont justement employés. Ils font rêver, voyager. Ils laissent l’imagination broder autour de leurs réalités. Ce livre est splendide ; splendide de modestie et d’humilité. Cette aventure est prodigieuse. Il a une capacité à décrire ses sensations, exceptionnelle. Jamais je n’ai lu de mots si justes pour expliquer ce qu’est la marche, ce qu’elle a parfois d’oubli de soi, d’oubli de son corps, de fabuleux médium de l’introspection. C’est aussi sa capacité à expliquer la notion même de voyage, ce que lui apporte la rencontre de l’autre. C’est aussi -pour celui qui a déjà voyagé, il sera, je pense, bluffer - sa faculté à nous dévoiler en permanence la légère et si excitante remise en question que suppose tout voyage.
Au-delà de ce voyage intérieur qu’il nous fait partager, c’est aussi et tout simplement le récit d’une formidable aventure sportive, humaine. C’est un tableau sans doute très juste de la société turque au début des années 2000 : de la place de la femme, de l’armée, du Kurdistan, des inégalités qui se creusent là bas aussi entre les grandes villes et les campagnes. Ce livre se dévore. Il nous emmène loin : loin en Anatolie, loin à l’intérieur de l’esprit en vous invitant ni plus ni moins à partager son introspection. Sa modestie, son rapport au temps, sa sagesse, le pays traversé nous rappellent parfois le génie de Nicolas Bouvier. Vraiment quel talent. Inoubliable.

Ulrich - avignon - 50 ans - 15 août 2007


Pour les passionnés de voyage et de randonnées 10 étoiles

J'ai trouvé ces 3 tomes formidables. Le style est simple, accessible. Il s'agit plus d'un documentaire que d'un roman.
L'auteur nous raconte ses bons moments, ses problèmes (baisse de moral, voleurs, maladie...), ses rencontres bonnes ou mauvaises, chronologiquement, comme dans un journal de bord.
Il faut saluer le courage de cet homme, d'une très grande force morale qui, se cherche un nouveau but à atteindre au début de sa retraite.
Il nous entraîne sur des milliers de km de la Turquie à la Chine, nous fait découvrir les coutumes des habitants, les paysages...
et nous donnerait presque envie de partir à notre tour à l'aventure.
Il est fait mention dans le livre que Bernard Ollivier a créé en 2000, l'association SEUIL, qui aide les jeunes délinquants (16 à 18 ans) à retrouver leur équilibre à travers une longue marche de 2500 km avec 1 accompagnant pendant 4 mois dans un pays étranger. Belle initiative !!

Chrisair - Yvelines - 47 ans - 7 octobre 2006