Aux animaux la guerre
de Nicolas Mathieu

critiqué par Rotko, le 13 février 2015
(Avrillé - 50 ans)


La note:  étoiles
La glissade et la déglingue.
Le ton est donné : des types prêts à tout, qui jouent leur propre partition dans les chaos de société. On commence en Algérie, on se retrouve dans les Vosges, des années plus tard, sans échapper à son milieu, à ses pratiques expéditives, à ses petites débrouilles.

Impossible de résumer ce récit foisonnant , il regorge d’une multitude d’histoires : chaque chapitre porte un prénom, et les personnages se rejoignent, se côtoient, le nez dans le guidon et ses petites affaires.

Sur fond de fermeture d’usine, chacun dévale sa pente, l’éventail sociologique est bien fourni, d’une lycéenne allumeuse à une inspectrice du travail, du délinquant amateur aux malfrats chevronnés. On désire, on convoite, on s’empare, et on refuse de rendre ; Sur les chemins de l’école, à l’usine, dans les cafés miteux, et les rues mal famées.

C’est l’hiver avec une neige persistante, des routes verglacées, des conducteurs à la mauvaise conduite. Chacun suit son objectif et son chemin, avec sa musique de juke box (beau répertoire), et ses petits calculs à mi-voix.

Dans ce premier roman, Nicolas Mathieu soigne chaque épisode, l’abandonne pour en tricoter un autre vite fait, rattrape le précédent et tient son lecteur en haleine. Les acteurs n’ont pas de temps à perdre, le lecteur non plus, un vrai parcours de bosses, à en avoir des bleus partout !
Premier roman, perfectible 6 étoiles

Le thème séduit à priori. Une usine ferme ses portes, mettant au chômage quantité de salariés. Deux d'entre eux se laissent entraîner dans une histoire crapuleuse en kidnappant une prostituée.
Malheureusement la lecture est bien souvent fastidieuse. Des allers retours dans le temps où l'on se perd, un fil conducteur flou, trop de personnages, des longueurs totalement inutiles. Quant à vouloir délibérément employer un langage moderne, cela impose-t-il l'emploi exagéré de termes grossiers et vulgaires...
L'auteur a manifestement du potentiel. Reste maintenant à le mettre en pratique.

Bernard2 - DAX - 75 ans - 31 août 2023


Les Vosges sous tension 6 étoiles

S'il est difficile au début de rentrer dans ce livre, on en ressort aussi difficilement. C'est le genre de roman social violent, noir, où une fois le décor planté, tout s'enchaîne et se dégrade très vite. Et quand ça se passe en plus dans sa propre région - dans les Vosges où la misère, l'ennui et le chômage cohabitent - on imagine d'autant plus les comparaisons qui sont faites. Le déclassement social, la fermeture d'une usine, des types prêts à tout pour boucler leurs fins de mois parce qu'ils n'ont plus rien à perdre. Un acte qui vire au cauchemar. C'est à se demander si quelqu'un va s'en sortir ... Et on a vraiment envie de savoir !

Psychééé - - 36 ans - 25 février 2021


Les Vosges sous un autre angle... 8 étoiles

Le roman a répondu à mes attentes, les personnages sont bien travaillés, l'histoire bien ficelée et j'ai trouvé que l'ambiance début 2000 était bien reproduite (conso, mode de vie, marques, etc...).

Je trouve dommage que l'auteur en fasse un peu trop dans la violence en seconde partie du livre, notamment dans un chapitre un peu désagréable à lire peu avant la fin mais en général, le roman est assez bien équilibré et surtout très bien écrit (écriture assez dynamique).

Je m'attendais peut-être un peu plus d'un auteur dont j'ai entendu énormément d'éloges depuis quelques années mais le roman m'a tout de même tenu en haleine.

Bebmadrid - Palma de Mallorca - 45 ans - 8 avril 2020


Les animaux malades de la peste 6 étoiles

Quel curieux titre "Aux animaux la guerre", emprunté à un vers des "Animaux malades de la peste" ( La Fontaine ).

" Un mal qui répand la terreur,
" Mal que le Ciel en sa fureur
" Inventa pour punir les crimes de la terre,
" La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
" Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
" Faisait aux animaux la guerre.

Une usine dans les VOSGES qui étouffe lentement jusqu'à l'extinction totale et voilà tous ces travailleurs désœuvrés qui deviennent encore plus marginaux. c'est glauque, sans éclairage, sans lueur ni espoir. Tout est voué à l'échec.
L'histoire est intense, elle va d'un acteur à l'autre. Des petits vols dans la caisse on passera à un kidnapping programmé. Il n'y plus de limite dans toute cette noirceur.

Qu'en penser ?
Premier roman donc sans doute imparfait, toutefois l'auteur s'est appliqué et des passages sensationnels se glissent, des phrases magiques relancent la mécanique quand la trame s'enlise. Parfois c'est un peu long, si long que je me suis un peu perdu. Je ne suis pas un lecteur formaté pour les thrillers et j'ai trouvé celui de bonne facture.

Monocle - tournai - 64 ans - 26 février 2019


Chronique d'un chaos annoncé. 9 étoiles

J'ai beaucoup aimé ce faux polar, un chaos qui prend son temps pour finir mal, mais où à aucun moment on ne peut deviner vraiment la fin. D'ailleurs y a-t-il une fin? Celle-ci est toute en demi-teinte, esquissée, pas vraiment fermée, comme pour respecter la vie de ses très attachants personnages.
J'ai aimé l'absence de héros, et la balade très approfondie dans la tête des nombreux personnages pourtant très différents (ados, ancien de l'OAS, inspectrice du travail,...).
J'ai aimé cette ambiance "no futur" où la météo suit au plus près la progression du chaos.
C'est d'un noir très réaliste et pourtant plein de tendresse, même les méchants sont humains.
Bref d'un haut niveau pour un premier ouvrage publié.

Lifou - - 68 ans - 17 août 2016