Cinq leçons sur l'orthodoxie
de Guy Fontaine

critiqué par Page , le 15 février 2015
(Rennes - 36 ans)


La note:  étoiles
Une vulgarisation du christianisme orthodoxe
« Louange et glorification par le culte, par la beauté et l’harmonie du chant liturgique et de l’art iconographique, et enfin par l’invocation du nom de Jésus ».

Guy Fontaine a demandé au père Boris Bobrinsky, doyen honoraire de l’institut de théologie orthodoxe de Paris de préfacer l’ouvrage. Ce sont les mots de ce dernier écrits à la page 7 sur l’importance de l’adoration comme un des aspects essentiel dans l’orthodoxie, que nous venons de rapporter.

L’ouvrage est composé de cinq chapitres. Le premier permet de bien comprendre combien l’orthodoxie mérite son nom puisque les Églises qui s’en réclament ont refusé en particulier le filioque, né d’une volonté de Charlemagne (et contre l’avis du pape Léon III de l’époque), cela consiste à dire que non seulement l’Esprit saint procède du Père, mais qu’on le doit aussi au Fils.

Comme de mutuels anathèmes sont lancés en 1054, l’orthodoxie ne connaît pas les conséquences de la réforme grégorienne qui commence progressivement à prendre ses premières mesures dans toute la seconde partie du XIe siècle. En fait aux pages 28-29 est bien expliqué, en quelques mots, chaque point de divergence entre l’Église romaine et les filleules de Constantinople (dont évidemment l’infaillibilité du Pape, qui est un phénomène récent au regard du bimillénaire du christianisme).

Les autres chapitres s’intéressent à l’importance de l’icône, du chant sacré, de la Prière à Jésus puis à la place de la femme tant dans les Écritures que dans la vie de l’Église orthodoxe. On retiendra que tirer la femme de la côte d‘Adam n’en fait pas un être inférieur mais intérieur à ce dernier (page 122).

Deux points très pratiques et sociétaux sont soulignés ; fidèle à ses origines, l’orthodoxie est pour le mariage possible des prêtres et elle prononce des divorces entre gens mariés.

Un lexique expose sur trente pages des points qui caractérisent l’orthodoxie, cette partie se lit de façon autonome et dans le corps du texte qui précède, l’auteur prend soin d’éviter l’introduction de ces mots de vocabulaire. Par contre l’étudiant en histoire et le nouveau fidèle puiseront là de précieux renseignements. Ainsi appendront-ils que l’orthodoxie est une démarche apophatique et non cataphatique ; elle approche Dieu par ce qu’il n’est pas alors que Rome procède par affirmation.

Guy Fontaine est l’auteur d’un ouvrage "Le wallon de poche" et d’autres ouvrages destinés à mieux faire connaître ce dialecte. Ancien instituteur, il a fait preuve là comme avec "Cinq leçons sur l’orthodoxie" de bonnes qualités d’exposition pédagogique de son sujet. Cela fait environ quarante ans qu’il fréquente l’Église orthodoxe ; il a été ordonné successivement lecteur (1988), diacre (1999) puis prêtre orthodoxe en juin 2000.

L’auteur n’en parle pas mais alors que des régions entières sont passées du christianisme à l’islamisme depuis un demi-siècle en Afrique, le seul cas d’apostasie massif de la religion musulmane pour le christianisme s’est produit en Adjarie, une région de la Géorgie frontalière de la Turquie. On est passé entre 1990 et 2015 d’une proportion de 20 à 75 % d’orthodoxes sur ce territoire, cette moitié de différence vient exclusivement de la conversion de musulmans.

Il est vrai que c’était un retour aux sources puisque puis l’occupation ottomane au début du XVIIe siècle fut la cause principale de l’islamisation des populations adjares. Si l’orthodoxie est redevenue un facteur identitaire pour une bonne part des Slaves et pour certains peuples du Caucase, en Europe occidentale elle vit en particulier des catholiques, rétifs à la modernisation du culte après Vatican II, et des anciens papistes divorcés choisir de se tourner vers la spiritualité orientale.