Petit traité d'intolérance : Les fatwas de Charb de Charb
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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"Je ris de ce que je veux, quand je veux."
Bon sang...! Pour paraphraser Eric-Emmanuel Schmitt, dire que Charb est mort et que tant de crétins vivent encore...! A lire ce livre qui reprend cinquante fatwas humoristiques du très regretté Charb, tour à tour grinçantes, parfois de haute tenue philosophique (si, si), mais toujours drôles, on se surprend à avoir encore un peu plus de rage contre la bêtise assassine des islamistes qui ont commis les attentats de Paris.
J'ai osé le mot philosophie, sans doute me direz-vous qu'il est exagéré pour un dessinateur, quelqu'un de pas sérieux, un amuseur quoi... Et pourtant, il est l'héritier de Pilote, le journal qui s'amusait à réfléchir, d'Hara Kiri, qui se proclamait bête et méchant alors que tout le monde savait qu'il ne l'était pas, et surtout de Charlie. Charlie victime du fanatisme, de l'inculture, de la haine, un cocktail explosif qui ne pouvait conduire qu'au drame.
Oui, je maintiens le mot, il y a dans certains chapitres de ce petit livre, des réflexions citoyennes, politiques et philosophiques qui devraient être enseignées dans les écoles. Sous des dehors qui peuvent paraître un peu grossiers à ceux qui n'ont aucun humour, au beauf de Cabu et à ceux qui votent Sarkozy ou pis encore, Le Pen. Charb était un moraliste, un vrai et un grand. Certaines observations sont très fines et percutantes, notamment celle-ci: "Il y a deux sortes de rouleurs de pétard, celui qui fume pour oublier qu'il existe et celui qui fume pour exister"
Je ne prendrai qu'un exemple, celui du chapitre "Mort au vote utile". Ah, il faut voter "utile". Cette cuistrerie de gros con, on l'entend régulièrement prononcée et pourtant parmi les bouffis qui l'éructent, combien réalisent-ils la stupidité de leurs propos? Zéro, sans doute, puisque ceux qui l'affirment péremptoirement sont justement des gros cons. Or, il n'y a pas plus antidémocratique que cette phrase puisqu'elle signifie qu'on vote pour quelqu'un dont on est sûr qu'il va gagner, et pas selon ses opinions, et surtout, surtout, on ne vote pas pour un perdant. C'est un eugénisme électoral qui permet au système, même si on le récuse, de se maintenir envers et contre tout.
Un traité d'intolérance? Oui, sans nul doute, d'intolérance vis-à-vis de la connerie. Par exemple, celle des gens qui s'esbaudissent devant un lâcher de ballons, sans même réaliser que ces morceaux de caoutchouc lancés dans les airs retomberont sur terre, tueront des poissons ou des oiseaux. Derrière cette soi-disant intolérance, on découvre un énorme respect d'autrui, des animaux, de la nature, etc....
Oui, décidément... Quand on pense que Charb a été assassiné et que tant de crétins haineux et méchants vivent encore...
Merci, Charb.
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Cinquante chroniques pétillantes
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 45 ans) - 14 février 2017
Ces textes sont très plaisants à lire. Certains sont vraiment amusants et reposent sur de vraies trouvailles humoristiques. Charb n'a aucune limite et s'autorise des sorties audacieuses. Certains passages font rire aux éclats. Il use de la surprise et de mises en situation réussies. Il était un fin observateur et avait le sens du détail. Par ces textes, Charb montre que l'on peut se moquer de tout sans mettre des gants et que cette insolence procure un bien fou.
"Il ne faut pas souhaiter la mort des gens, ça les fait vivre plus longtemps..."
Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 16 août 2015
Dans cette pochade où l’auteur consacre une page à chaque sujet du quotidien qui l’agace, on retrouve bien son sens de la formule. Charb joue sur la connivence du lecteur, recourant à un deuxième degré trash et haineux pour émettre ses propres « fatwas ».Qui sur les chauves à perruques, qui sur les indécis, qui sur les trentenaires, qui sur les dessins d’enfants au bureau… Car c’est bien connu, « Charb n’aime pas les gens », pour reprendre le titre de sa chronique dans Charlie. C’est parfois drôle et pertinent, d’autres fois moins. Charb n’hésite pas à faire des raccourcis ou s’en tenir à des clichés pour asseoir ses vérités. Par exemple d’après lui, « les journalistes sportifs ne sont absolument pas journalistes [à la rigueur on peut l’admettre] et très rarement sportifs. » Quant au festival d’Angoulême, il est encombré d’éditeurs qui se détestent et veulent la mort de l’autre… Les gros éditeurs, on peut le concevoir, mais les indépendants ? Enfin, autre sujet qui préoccupe le rédac-chef de Charlie, le « pubis à la française », taillé au cordeau et évoquant la moustache d’Hitler, véritable épidémie chez la gente féminine. On trouve ça hilarant, mais on ne peut s’empêcher de se demander s’il s’est basé sur des études sociologiques ou sur sa propre expérience (Charb était donc un homme à femmes ?) pour arriver à cette conclusion…
Bien sûr, on se dit que ces assertions sont surtout faites pour la bonne bouche et produire un effet comique. Mais en ce qui me concerne, allez savoir pourquoi, j’ai toujours largement préféré les crobards du Charbonnier, qui me faisaient presque systématiquement mourir de rire, passez-moi l’expression. En revanche, j’ai toujours trouvé que son style trash fonctionnait moins bien avec ses écrits. Qu’ils révélaient plus les aspects moins sympathiques du personnage, écorché vif sans doute, mais assez « intolérant » au fond (et c’est pas moi qui le dit). Charb avait quelque chose du cureton moralisateur, notamment par rapport aux fumeurs. D’ailleurs un des sujets de ce livre leur est consacré. D’après lui, le fumeur est un poseur arrogant qui en est resté au stade anal… Subtile analyse freudienne, n’est-ce pas ?…
Alors dis-moi cher Charb, il t’arrivait de te lâcher de temps en temps, de vivre des trucs biens et de profiter du moment présent ? Sûr qu’avec trois gardes du corps, ce n’était pas forcément facile… Bon je sais qu’avec ton air de chien battu, tu n’étais pas méchant en vérité, et personne ne mérite de se faire trouer la peau pour des dessins ou des écrits. Mais sans vouloir jouer les bisounours, tu aurais dû regarder plus souvent les belles choses qui t’entourent plutôt que de débusquer le laid absolument partout. Bref, j’espère que là où tu es, il y a plein de belles choses, et que tu te marres de bon cœur qu’avec des gens biens (et non fumeurs). N’oublie pas de saluer Cabu, Wolinski, Tignous et les autres !
Jouissif
Critique de Renaud (Liège, Inscrit le 5 décembre 2005, 58 ans) - 3 mars 2015
Cet ouvrage est une suite de petites « fatwas », coups de gueule rageurs et bourrés d’humour par rapport à toute sortes de choses... C’est souvent très drôle, d’une mauvaise foi jouissive : un exercice un peu potache mais ô combien salutaire... On peut, parfois, ne pas être d’accord avec l’auteur et avoir envie de lui répondre « va te faire foutre, sale gosse ! » mais l’essentiel n’est pas là : ce « sale gosse » était un esprit libre, un esprit irrévérencieux, bref une bouffée d’oxygène et c’est dur de se dire qu’une telle personne a été assassinée par des cons...
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