Non, le masculin ne l'emporte pas sur le féminin !
de Éliane Viennot

critiqué par Veneziano, le 18 février 2015
(Paris - 47 ans)


La note:  étoiles
Le genre en ancien français
L'ancien français pratiquait l'accord de proximité, et non celui du masculin en cas d'énumération mêlant mots féminins et masculins. Et les noms de personnes étaient féminisés, notamment de profession et de titre. Aussi parlait-on de philosophesses, d'autrices, en sus des duchesses et marquises.
C'est l'Académie française qui a tenté de masculiniser la langue, par des directives et bulles, dès le XVIIème siècle, soit quasiment dès sa création. La pratique a résisté à ces injonctions, car cela faisait peu élégant à l'oreille, ce qui correspond au symétrique complet de l'usage de nos jours.
Le poids de la loi salique aidant, le dénigrement du rôle des femmes en politique et dans l'art ont conduit à adopter les règles voulues par l'Académie, avalisées sous la IIIème République. La fin du XIXème a été l'occasion de fixer le genre des noms désignant les choses.

Ce livre, fort synthétique, met en cause beaucoup d'idées reçues : il en apprend beaucoup, contrairement à ce que peut faire croire sa dimension ; il se montre donc aussi instructif que surprenant. Je l'ai trouvé passionnant, car il montre comment une langue évolue à travers les siècles et quel est le poids de l'influence sociologique, voire politique.
Je n'en spécifie pas plus. Mes idées étant connues en la matière, je ne souhaite pas que ma critique soit teintée de polémique.

Ce petit ouvrage est aussi étonnant que pédagogique, donc à conseiller.