Le fanatisme de l'Apocalypse
de Pascal Bruckner

critiqué par Colen8, le 22 février 2015
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Contre « la dictature de la frayeur »
Etrange paradoxe, être parmi les plus chanceux du monde et les plus pessimistes sur l’avenir. C’est en partie à l’écologie dans son expression radicale que l’on doit ces idées que la terre ne mérite plus la présence humaine. Tout devient sujet à nous culpabiliser, pas seulement le dérèglement climatique, pas seulement l’épuisement des ressources naturelles, des énergies fossiles. Le progrès lui-même qui a suscité tant d’espoir au moment de la révolution industrielle est mis en accusation. L’automobile par exemple synonyme d’évasion, de liberté nous enfume dorénavant de ses particules fines. Le complexe agro-industriel rend les gens obèses, la médecine et ses médicaments sont l’objet de scandales à n’en plus finir.
Autre paradoxe, voir le modèle occidental se répandre avec enthousiasme parmi les pays émergents les plus peuplés de la planète au moment même où selon les écologistes il faudrait y renoncer, en finir avec la surconsommation et ses gadgets, s’imposer le renoncement au confort, privilégier la sobriété en tout. Devenir obsédé de l’empreinte carbone pour s’épargner un réchauffement aux conséquences incalculables, c’est à coup sûr basculer dans le repli, dans une forme de régression sans joie.
Avec un style alerte, cet essai dénonce le mythe de la décroissance en citant abondamment Serge Lellouche et quelques autres. Il fait confiance à l’intelligence collective doublée d’une certaine sagesse pour tempérer les excès de notre modèle, et à l’imagination créatrice pour trouver d’autres voies vers un développement plus harmonieux au bénéfice de tous les êtres vivants.