Le Syndrôme d'Abel, tome 3 : Au delà...
de Xavier Dorison (Scénario), Richard Marazano (Dessin)

critiqué par B1p, le 22 février 2015
( - 51 ans)


La note:  étoiles
La mort dure 7 ans
Il aura fallu attendre sept ans pour que la suite du "Syndrôme d'Abel" paraisse. C'est long, mais cela montre qu'en terme de séries bd en stand-by, il ne faut jamais désespérer. Un bémol d'entrée tout de même : la technique de dessin entre le 1e album et les suivants a totalement changé. A tel point qu'on peut se demander s'il n'aurait pas fallu "refaire" le 1e album pour qu'il colle avec la suite (d'autant plus que je n'apprécie pas particulièrement le dessin des débuts !)
Sûr que l'amitié qu'on suppose entre Jean-Michel Ponzio et Richard Marazano a dû jouer : les tomes 2 et 3 font clairement penser que le second a emprunté la technique de la photographie retravaillée chère au 1e pour clôturer l'histoire.

Venons-en à l'histoire, donc. Dorison s'attaque à quelque chose d'assez balisé : un homme se réveille sept ans après des événements terribles et se rend compte qu'il a été rayé de la carte des vivants : comptes clôturés, maison démolie, etc. Il faut dire qu'au moment de sa supposée disparition, ça n'allait pas fort : il ne pouvait se remettre de la mort de sa fille, victime du cancer, ce qui l'avait précipité lui vers la dépression et son mariage vers le divorce. Mais tout de même, si tutoyer la mort lui était devenu familier, il ne s'attendait pas à y être précipité à tort. Et au vu des réactions des personnes qu'il essaye de contacter à sa résurrection, il est clair que sa réapparition ne fait pas que des heureux, en priorité auprès de ceux qui pourraient bien avoir participé à sa radiation de la carte des vivants.

Dorison s'attaque à un scénario ultra balisé. Il arrive à explorer le sujet de manière convaincante grâce à des personnages intrigants et à des rebondissements constants. De plus, il arrive à flirter avec l'idée et le sens métaphysique de la mort en évitant de tomber dans le ridicule, ce qui est en soi un tour de force. On n'aura pas dévoilé ici ce qui se passe APRES (ce qui serait prophétique reconnaissons-le), mais le sujet est traité par une pirouette finale assez poétique qui devrait satisfaire les lecteurs les plus difficiles.
ÉPILOGUE DRAMATIQUE RATÉ! 3 étoiles

Ce troisième tome de l’histoire d’Abel Weiss reprend exactement là où l’histoire s’était arrêtée lors de l’épisode précédent.
Abel sait maintenant qu’il a été victime d’un complot organisé par un groupe de médecins, dirigé par un pionnier de l’anesthésie-réanimation le Dr. Kadisha. Alors qu’ils croyaient avoir échoué et s’étaient débarrassés de son corps, Abel est revenu d’entre les morts, après être allé plus loin qu’aucun autre être humain.

Abel accepte toutefois de suivre l’ancien policier devenu homme de main du Dr. Kadisha, le mystérieux Koontz, dans le sous-sol de l’hôpital Dexxon. Il n'a qu'une seule idée en tête, il veut retrouver et dire au-revoir à Audrey sa fille, décédée d’un cancer des années plus tôt, sans qu’il ait pu la revoir une dernière fois. Il accepte donc de son plein gré de se soumettre à une ultime tentative de voyage vers la mort en cobaye consentant.

Ce que Abel ignore c'est que Sue, l’inspecteur de police, aidée par le père Djabrail sont sur sa piste et comptent venir l’aider malgré lui. Sue, qui a retrouvé la trace de Koontz débarque dans son appartement….

Les visuels de M. Richard MARAZANO retombent un peu dans la médiocrité dans ce troisième volume. Passe encore, pour ces dessins finalement très peu originaux, par contre j’ai été très déçu des découpages, qui sont à nouveau d’un classicisme désespérant dans cet épisode.

Le scénario de M. Xavier DORISON se réduit dans cet épisode à « peau de chagrin ». La faute peut-être au fait que cet album ne fait que 48 pages (contre 61 pour le premier épisode et 57 pour le deuxième, signalons toutefois que le prix de l’album, lui est resté le même!).
L’intrigue principale manque de souffle, d’ampleur et finit même par disparaître au profit d’une série de petites histoires secondaires. Le scénario est tellement touffu, tellement tentaculaire, et tellement bâclé, qu’il semble même échapper à son propre créateur. La preuve les personnages se retrouvent affublés de noms différents que précédemment…
L’intrigue elle se résout toute seule, comme par miracle… Des miracles il y en a même un peu trop dans cet épisode, comme p.ex. celui de l’inspecteur Sue qui se fait tirer dessus à bout portant deux fois au cours de deux scènes différentes et qui en réchappe à chaque fois !... Désolé M. DORISON, mais là, franchement, on n'y croit plus une seule seconde !...

Malheureusement et contrairement à ce que l’on pouvait espérer, ce volume III est de loin le plus mauvais de cette série. Je finis cette BD sur une impression de « tout ça pour ça ? » : Sept années à attendre une suite et une fin si nulle, si convenue, si décevante? Franchement ce n’était pas la peine!
M. DORISON, si après le premier Tome, vous n'avez plus rien à dire, très honnêtement, ce n’est pas la peine de « rallonger la sauce » parce-que on a promis trois tomes à son éditeur ! Je dois avouer que c’est ici, la première fois que je suis déçu d’un scénario de M. DORISON, qui nous avait habitué à un bien meilleur travail! Peut-être qu'au lieu de bâcler affreusement son travail, il aurait mieux fait de laisser passer sept autres années avant de nous offrir la suite de cette série!..

Septularisen - - - ans - 20 juin 2015