Terra Prime Tome 1: La colonie
de Philippe Ogaki

critiqué par Shelton, le 26 février 2015
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Un bon début de série, à suivre...
La science-fiction n’est pas mon domaine de prédilection, ceux qui me suivent depuis longtemps, en conférences, à la radio ou sur Internet, le savent bien. Par contre, je suis toujours curieux et intéressé de découvrir de nouvelles histoires, séries, auteurs… C’est ainsi que j’ai aimé par le passé, ponctuellement, des ouvrages de science-fiction, en bande dessinée en particulier. Je peux ainsi citer les univers richissimes de Léo (Aldébaran, Bételgeuse, Antarès…) ou la série Azur de Philippe Ogaki que j’avais bien aimée…

Le même Philippe Ogaki revient avec une série, cette fois-ci beaucoup plus mature et travaillée, Terra Prime. Quand je dis que cet auteur complet a franchi un cap, je voudrais que vous compreniez bien que Philippe Ogaki, sans être arrivé au sommet de l’Olympe de la bédé, a gagné et bien gagné son statut d’auteur de bandes dessinées, tout court. J’ai été réellement fasciné par la progression de ce jeune auteur ! Je dis jeune auteur car il a l’âge de mon fils aîné mais en y regardant de plus près il a déjà 37 ans et il a dessiné plusieurs séries dont Les guerriers du silence.

Mais revenons-en à cette nouvelle série de qualité. Le thème est plutôt simple et classique. Le vaisseau spatial Victoria III a quitté la terre avec une colonie humaine pour aller chercher dans l’espace une meilleure planète et s’y installer. C’est un immense engin, plus de 4 kilomètres de long, peuplé d’un million d’humains au départ, avec, bien évidement, des tensions à bord entre certains groupes…

On va suivre tout particulièrement une femme, Elise, une personne forte qui souhaiterait rester indépendante, libre, femme, humaine… L’arrivée, violente, sur une planète inconnue va lui donner l’occasion de se distinguer, de se démarquer et, aussi, de se mettre en danger !

Au-delà de cette situation assez classique, mettons en valeur le traitement parfait qu’en fait Philippe Ogaki. Tout d’abord, on est en bande dessinée, relevons le graphisme soigné, précis, méticuleux qui donne à penser que chaque détail a été pensé, étudié et calculé. Rien n’est laissé au hasard pour rendre toute l’histoire crédible, solide et passionnante !

Question scénario reconnaissons que les choses se passent un peu vite et on aurait souhaité – au moins moi – que l’auteur prenne plus le temps de poser les choses, de développer les caractères, présenter les situations. Certes, cela fonctionne bien mais j’en aurais voulu plus encore…

Enfin, sur le plan philosophico-politico-métaphysique, si l’on peut dire, l’auteur a de grandes ambitions et j’aurais tendance à vouloir le suivre. Elise est une femme qui sait ce qu’elle veut et je la trouve à la hauteur des ambitions de son créateur… Reste à savoir si, en allant si vite dans ce premier tome, le scénariste – ce n’est pas le dessinateur qui est en cause – ne va pas énerver les lecteurs adultes et passer au-dessus des lecteurs adolescents. C’est peut-être le risque de cette série, ne pas arriver à capter son lectorat car positionnée dans un entre deux délicat…

Néanmoins, comme il s’agit d’un premier album, j’ai tendance à dire que cette série mérite de continuer car l’auteur est avant tout un magnifique dessinateur et son idée doit être prolongée. Peut-être devra-t-il trouver une personne pour l’aider à épaissir son scénario, le rendre encore plus fort et crédible, mais j’aurais tendance à lui faire confiance et à penser que tout va prendre son rythme de croisière – spatiale bien sûr – dès le second tome…