Discours à l'Académie suédoise
de Patrick Modiano

critiqué par Veneziano, le 5 mars 2015
(Paris - 47 ans)


La note:  étoiles
Le remerciement de Modiano pour son Nobel
Patrick Modiano exprime son émotion de recevoir son prix. Dans un style courtois et affable qui est le sien, il explique en quoi il est si difficile pour un écrivain de s'exprimer oralement, ce qui est encore plus dur pour un romancier qu'un poète, le second étant plus musicien.
Il revient sur l'importance du Paris de l'occupation, très présent dans son oeuvre, au point que cette donnée a justifié cette récompense. Né en 1945 à Paris, l'intrigue et le halo de silence lié à la période le hantent. Par ailleurs, pour réfléchir à ses personnages, il consulte le bottin, des noms étrangers et des adresses, et invente une histoire qui pourrait leur correspondre.

Cette retranscription de discours est intéressante, tant du point de vue personnel, subjectif, que de la méthode, la sienne, celle qui lui sert pour concevoir ses romans. Il explique comment les deux pans se rejoignent. Ce petit ouvrage est donc instructif sur ce qui mène à l'écriture, comme la page blanche peut être gérée. Il est donc à recommander.
Dans les coulisses des romans de Modiano 9 étoiles

Ce discours rédigé par l'auteur, nouvellement nobélisé, permet d'entrer dans les secrets de cet auteur qui touche par son honnêteté et son humilité. Le lecteur le sent très reconnaissant vis-à-vis de l'académie Nobel. Son discours est structuré et l'on sent une réelle volonté de s'expliquer et d'évoquer les mécanismes de l'écriture.

On a souvent critiqué le Modiano en interview à la télévision qui bafouille, ne termine pas ses phrases, se reprend. Dès le début de son discours, il oppose l'écrit et l'oral et évoque la difficulté qu'ont certains auteurs à communiquer, plus à l'aise avec leur plume. Quand il écrit, l'auteur peut raturer, reformuler, prendre le temps de trouver une jolie tournure, à l'oral il faut se lancer et l'on ne peut plus raturer. Je trouve cette mise au point sincère et humble.

Il en vient à parler de sa date de naissance ( 1945 ), de la place prépondérante de Paris, de ses parents qui le laissaient souvent garder par des personnes qu'il ne connaissait pas, du rôle des anciens annuaires et de leur capacité à stimuler son imagination, de la musicalité du style et du temps. Ce temps qui n'est pas comme celui de Proust, auteur à qui l'on a souvent comparé Patrick Modiano.

Ce discours est une belle introduction à l'oeuvre de cet auteur.

Pucksimberg - Toulon - 45 ans - 4 avril 2015