Le mauvais génie
de Ariane Chemin, Vanessa Schneider

critiqué par Numanuma, le 25 mars 2015
(Tours - 51 ans)


La note:  étoiles
L'influent du cabinet vert
En fait, on ne mesure pas encore les effets que pourraient produire ce livre. Il se dit que Patrick Buisson se prépare à en sortir un de son côté. On imagine sans peine que tous ceux que l’on retrouve dans ces 300 pages rédigées par deux reporters au Monde, se retrouveront dans l’ouvrage que préparerait Buisson.
On imagine déjà le sang sur les murs…
Cette enquête, qui a déjà fait parler d’elle à côté de son sujet en exposant que Buisson, aux idées très très à droite est très copain avec le très très à gauche Mélenchon, est finalement assez triste. Pas au niveau du style, dépouillé, concis, sans lyrisme, mais sur le fond : Buisson, finalement, est plus à plaindre qu’à envier.
C’est un triste sire, un sans grade mal dans son époque, fils de parents qui vendaient le quotidien nationaliste L’Action française – lui qui rêve d’une France d’avant 1918 – avec des penchants à la paranoïa, qui a préféré mettre son orgueil sous un mouchoir au nom du pragmatisme politique en portant au pouvoir Sarkozy, « Naboléon », un homme qui est son opposé mais qui aime entendre de nombreux points de vue et qui a assez d’ambition et assez peu de scrupules pour se laisser aller à long mouvement de droitisation des idées, quitte à marcher sur les autres, oublier les anciennes alliances et à aller à l’encontre des idées majoritaires.
Sarko est capable de tout, s’il est bien guidé, c’est pourquoi il en fait son champion malgré tout ce qui les différencie.
Buisson est assez malin pour rester dans les ombres rassurantes et mystérieuses des coulisses. De là, il tire les ficelles sans jamais apparaître, ce qui le protège, et met son poulain à l’abri des journalistes et des hommes politiques, à droite comme à gauche, qui pourraient très opportunément mettre en lumière la collusion entre le candidat de l’UMP et l’idéologue d’extrême droite, ancien journaliste à Minute, à Valeurs Actuelles, puis à LCI et sur la chaîne Histoire.
Les réunions qu’il tient régulièrement avec Sarkozy ne rassemblent qu’un petit nombre de personnes ; il ne passe jamais par la grande porte, évite les couloirs les plus fréquentés de l’Elysée et, pas uniquement par hygiène, passe toujours par le cabinet de toilette avant d’entrer en réunion. C’est à ce moment qu’il met en marche le dictaphone qui lui sert à tout enregistrer discrètement. Comme à son habitude.
Sa discrétion s’exprime également dans sa vie privée. Malgré sa réussite professionnelle, il ne donne pas dans le bling-bling de son poulain. Par contre, il s’emporte souvent en public contre les employés des restaurants. Une sorte de marotte en forme de revanche contre sa vie passée dans un anonymat pesant. L’anonymat, la discrétion, il veut s’en servir, pas les subir. Pour lui, « l’influence, c’est la distance ». Il a le sens de la formule.
Sa discrétion n’est pas le signe d’un manque de confiance ou de connaissance. Il est décrit comme un homme « intelligent, rusé, exigeant, autoritaire, volcanique, misogyne ». Il est très cultivé et a écrit plusieurs livres. Il faut croire que son rôle d’agent de l’ombre a été bien joué puisque les médias ne commencent à s’intéresser à lui qu’à partir de 2008.
Hortefeux dit de lui qu’il est « brillant mais cinglé ». La première partie de la phrase peut être tenue pour vraie. Quant à la seconde… Buisson déteste, Freud et la psychanalyse ; un truc de Juifs… C’est surtout un solitaire aux obsessions nationalistes fanées qui voudrait voir revenir l’influence du sabre et du goupillon dans la politique française. Tout en aimant l’argent.
Il a dicté sa vie à son fils, George, qui a subi toute sa vie l’influence de son père. Il a divorcé de la mère de son fils. Cette dernière n’existe désormais plus. On ne lui connaît qu’une autre liaison, avec Pauline de Préval, dont il phagocytera la vie de la même manière, à coup de chantage et de manipulations.
Aujourd’hui, il est plus discret que jamais mais son silence annonce l’orage.
Manichéen à souhait. 10 étoiles

Voici un merveilleux récit plein des fantasmes de l'intelligentsia de ces dernières décennies. On nous conte avec habileté il est vrai la vie et les manœuvre d'un spin-doctor. Bien entendu il s'agit d'un affreux "fâchiste" comment pourrait-il en être autrement ? Soyons manichéen à souhait, comme dans les western de série B, (et même les autres) le traître présente toujours le même profil (origine, physionomie, fonction, etc, etc.....!).
Il est vrai qu'à gauche, il n'y a eu que des anges et des pacifistes mais cessons là notre développement pour ne pas tomber sous le coup des critiques des esprits formatés à l'aune des pouvoirs dominants de ces soixante dix dernières années.
Bien entendu cela ne dédouane aucunement SARKOZY ni ses basses manœuvres pour se maintenir au pouvoir, toutefois ses frères et sœurs en politique valent-ils mieux ?
Quand on accepte de considérer cela on prend tout de même plaisir à lire cet essai romanesque mais sans aucun doute réel. Fantômas au royaume de Judex sous les ors des palais de cette république qui se prétend exempte de toute tare car fondatrice d'un régime prétendant assurer la liberté à chacun, l'égalité à tous et la fraternité à aucun.
À quand le même récit sur les arcanes de cette "gôche" qui, il est vrai, n'aura bientôt plus besoin de la moindre narration pour se saborder elle-même.
Et après me direz-vous ? Le néant de l'Absolu et le "No Pasaran édifié en Vérité incontournable !
Mais enfin concluons avec le grand Alphonse Allais et à sa suite prenons garde de nous prendre au sérieux car la seule certitude sera l'absence de tout survivant pour prononcer l'éloge des asticots.

Andrée27 - - 76 ans - 13 février 2016


Talleyrand chez les énarques et plus encore ! 10 étoiles

Je suis, si j'ose dire, tombé par hasard sur cet ouvrage que j'ai découvert dans une poubelle. Bien entendu je connaissais déjà le personnage qu'il évoque, ses deux rédactrices, journalistes au journal le Monde, dans lequel comme aimait à dire Coluche : "Tout est faux à commencer par la date !" et le sujet qu'il rapporte.
J'ai pris un réel plaisir à dévorer cet ouvrage trouvé dans une poubelle et qui en conserve l'odeur car comme le souligne Montaigne : "Là où est l'homme, est l'hommerie !"
À mon âge j'ai déjà pas mal bourlingué et dans ma jeunesse j'ai approché personnellement certains des protagonistes qui apparaissent. J'ai moi-même "grenouillé" il y a plus de quarante ans dans ces milieux et constate qu'ils n'ont guère changé. Là comme ailleurs, rien n'a changé sous le ciel de France et l'argent, sœur de la volonté de puissance, règne en maître. Bien sûr il s'agit de la vilaine droite extrême pour ne pas dire extrême droite mais rien de meilleur n'existe à gauche. Ayant connu les arcanes du Parti Communiste des années staliniennes, les nuages avaient la même couleur. Halte au manichéisme républicain, quel que soit le régime en place ce sera idem ou bien il faut changer le cœur de l'homme, ce qui plus qu'un défi reste une gageure. La terre n'est pas le pré-carré des bisounours.
Passionné d'histoire, j'ai relu les mémoires de Saint-Simon, les évolution du Prince de Talleyrand, Borgia chez les Médicis. Non rien de nouveau sous le soleil mais peu d'espoir sur l'avenir de cette vieille planète dont la mansuétude des obscurs permet de poursuivre le mouvement des astres.
Bien entendu il s'agit d'un vilain fasciste, n'allons pas plus loin car qui connaît aujourd'hui Léon Daudet, Charles Maurras, Jacques Laurent ou Lucien Rebatet ? C'est rassurant car seuls les "fascistes" sont méchants, sadiques et infréquentables, les démocrates bien entendu n'ont aucun sang sur les mains.
"J'me marre" comme disait le regretté Jean Yanne ! Croyons à n'importe quoi mais surtout pas à l'homme....., sauf peut-être à quelques-uns dont je vous laisse deviner les noms mais dont beaucoup ont quitté ce théâtre des ombres dénoncé par Saint-Exupéry, Camus et quelques rares autres !

Angel54 - - 70 ans - 10 février 2016