Meurtres au potager du Roy
de Michèle Barrière

critiqué par Tistou, le 26 mars 2015
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Polar jardinier et culinaire du temps du Roi Soleil
Oui, c’est à un roman-polar historique, un peu à la manière de Jean-François Parot, que nous avons affaire. Qui se déroule en 1683, et qui démarre dans le Potager du Roy, au Château de Versailles. Un potager dirigé par le célèbre La Quintinie.
Benjamin Savoisy est l’assistant de La Quintinie dans la production des légumes et fruits dont Louis XIV est si friand et si fier. Des melons notamment que La Quintinie, au prix de précautions et de techniques mises au point par lui-même parvient à faire pousser avec un peu d’anticipation sur la saison. C’est par ces melons que le drame survient puisqu’à deux reprises, au Potager du Roy puis chez un maraîcher dans Paris, les plants de melons sont saccagés, détruits et des jardiniers assassinés.

« Benjamin aperçut La Quintinie longer la côtière Nord, en compagnie de trois jardiniers. Il pressa le pas pour les rejoindre. En passant devant la Melonnière, il n’en crut pas ses yeux. Le jardin, situé en contrebas afin de bénéficier de toutes les ardeurs du soleil, offrait un spectacle de désolation. Les cloches couvrant les melons pour accélérer leur maturité étaient brisées, des éclats de verre parsemaient les plates-bandes. Pis encore, les melons avaient été sauvagement écrasés, leur chair orangée éclaboussait les grandes feuilles vertes, comme des traînées de sang pâle. »

Benjamin, tôt marié avec Ninon et déstabilisé par l’arrivée rapide d’un bébé est mal dans sa peau. Il rêve de partir à la découverte botanique du monde et cette chaîne familiale lui pèse. Menant sa propre enquête pour tenter de réhabiliter La Quintinie et son Potager, il tombe sous le charme d’une aventurière hollandaise qui lui promet amours et voyages.
La suite se déroulera à Amsterdam, puis sur un vaisseau qui emmènera Benjamin vers des terres lointaines mais plutôt comme prisonnier, évasion au large des côtes anglaises, Londres et retour à Versailles. La fin après arrive très vite, trop vite par rapport au rythme alangui du corps du roman, d’autant plus alangui qu’il est entrelardé de considérations potagères et culinaires très poussées. Michèle Barrière a le sens du détail et, j’imagine, du détail juste, documenté.
Toujours est-il que Benjamin finira par comprendre à quoi rimaient ces destructions systématiques et meurtrières de melonnières. Il y a donc bien enquête.
Je dirais que ce roman présente les travers de ce genre de « polar » d’époque. Les reconstitutions historiques, ça se fait. Mais intégrer une trame policière est plus compliqué et rend de suite le propos plus bancal. Limite naïf. Dans le genre, un Jean-François Parot rend une copie plus crédible.
A réserver à ceux attirés par le siècle des Lumières ou à ceux versés dans l’art du potager et de la gastronomie d’époque. Par ailleurs, les personnages historiques mis en scène le sont manifestement dans le respect de l’authenticité. Michèle Barrière est largement autant historienne que romancière.