Blanco, tome 1 : la poursuite
de Jirō Taniguchi

critiqué par Shelton, le 28 mars 2015
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Taniguchi frôle la perfection...
Jirô Taniguchi est un auteur japonais de manga qui est connu sur toute la planète, qui a reçu de multiples récompenses, qui est apprécié de tous les lecteurs français de mangas d’auteurs. On lui reconnait une narration graphique spécifique basée sur une mise à l’honneur de la lenteur qui raconte, du centrage sur la vie, qu’elle soit humaine ou animale, du respect total de la nature, façon de mettre en place un religieux asiatique simple et discret… On lit Taniguchi et on se laisse porter par de belles histoires qui ont pour cadre des souvenirs d’enfance, des montagnes divines, des êtres humains hors-normes… Je fais partie de ceux qui aiment et j’ai particulièrement apprécié de l’avoir rencontré deux fois… Cet auteur est un homme bon et simple, tout simplement…

L’histoire Blanco, racontée en quatre tomes, est une aventure qui mettra à l’honneur la nature, l’animal et l’être humain. En clair, c’est un concentré haute dose de tout ce qui a permis à Jirô Taniguchi d’être lui-même…

Dès ce premier volume, on est plongé dans un univers majestueux, infini, glacial et austère, l’Alaska. Des chasseurs rencontrent, un peu par hasard lors d’une sortie, un chien blanc rapide et vif comme l’éclair, un animal qui va se révéler d’une violence extraordinaire. L’un des chasseurs est tué de façon surprenante et c’est ainsi que la chasse au chien blanc va commencer…

L’animal est au cœur de cette histoire car ce chien blanc incarne toutes les qualités que peut posséder un chien et il va fasciner tous ceux qu’il aura l’occasion de rencontrer, chasseurs, villageois, scientifiques et militaires… Quand Taniguchi parle de Blanco ses mots sont forts et tendres, précis, scientifiques et poétiques, son dessin est presque parfait. On court avec lui, on ressent les attractions et dangers, on vibre avec lui… Ce chien est un sur-chien et on comprendra au fur et à mesure pourquoi…

J’ai dit aussi une histoire centrée sur l’être humain. En fait, il ne s’agit pas d’un seul être humain car il y en aura plusieurs que l’on va prendre le temps de suivre, découvrir, connaître… Il y a Shiba le chasseur, le premier à avoir croisé Blanco et pouvoir en parler aux autres. Il y a aussi des militaires qui vont tenter de le capturer. Ils sont américains et pensent que ce chien étonnant mériterait d’être observé de plus près… Il y a des militaires d’une autre nationalité, une sorte d’ancienne république soviétique, et ceux-là doivent tuer Blanco avant que les Américains ne le trouvent vivant… Enfin, il y a ceux qui connaissent Blanco, qui lui ont parlé, qui l’ont dressé… Ceux-là, au-delà des camps militaires ou nationaux, savent qui est Blanco et comment il faut l’aborder…

Il y a aussi Helen qui va recueillir Blanco durant cette course poursuite, quand il sera blessé, et elle va arriver à le soigner… Elle fera preuve de courage, de douceur et chaleur, d’intelligence et de compétences vétérinaires… et ce sera un beau moment pour Blanco auquel on s’attache page après page…

Une très belle histoire, un dessin de rêve, une ambiance d’enfer animalière, policière et intrigante… C’est à lire même si le tome 1 est sorti en 2009 et que ce n’est plus une actualité immédiate, cela reste un excellent livre d’un grand auteur de manga !

Attention, pour les non-initiés, la lecture est sens japonais de lecture. N’ayez pas peur, au bout de quelques pages, on finit par oublier le sens de lecture et quand on reprend un livre « normal », on commence par vouloir le lire à l’envers !