Le Paradis, un peu plus loin de Mario Vargas Llosa
( El paraíso en la otra esquina)
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances , Littérature => Sud-américaine
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Des destins hors du commun
Un beau livre sur les destins entrecroisés de Flora Tristan et de Paul Gauguin . Le second étant le petit-fils de la première . Vargas Llosa raconte ces deux vies en alternant les chapitres . Ainsi le destin de la féministe , de la passionaria qui va de ville en ville prêcher la Révolution aux ouvriers s'entrecroise avec celui du peintre employé à la Bourse ,marin , aventurier et enfin peintre à la recherche de l'inspiration et dans une sorte de quête éperdue du bon sauvage qui le mènera à Tahiti puis aux Marquises . Dommage que le style soit assez lourd et surtout que Llosa abuse des interpellations du genre :"Florita ! L'Andalouse ! L'Espagnole ! Un peu comme s'il s'adressait à elle directement . La vie extraordinaire de ces deux écorchés vifs reste passionnante par elle-même . On dévore quand même le livre , mais on reste sur sa faim en se demandant ce qu'il est advenu d'Aline , la mère de Gauguin . On sait juste qu'elle fut violée par son père alcoolique et que Flora passa son temps à le fuir , tout en essayant de récupérer ses enfants . On regrette que ce soit un roman-biographie , on aurait préféré la démarche plus modeste et plus honnête d'une simple biographie .
Passionnant néanmoins , les prémices du socialisme , du communisme et de l'anarchisme où l'on découvre qu'ils furent basés sur des utopies comme "Le voyage en Icarie" d'Etiene Cabet publié en 1840 où il explique que grâce aux impôts progressifs sur le revenu et sur l'héritage , on pouvait parvenir à l'égalité économique par la répartition et même établir la propriété collective .
Passionnants également les rapports entre Gauguin et Van Gogh car il est montré que le plus fou des deux était certainement le Hollandais mais que Gauguin , loin d'être son persécuteur en fut plutôt la victime .
Des destins hors du commun qui permettent à l'auteur de maintenir l'intérêt du lecteur .
Les éditions
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Le paradis - un peu plus loin [Texte imprimé] Mario Vargas Llosa trad. de l'espagnol, Pérou, par Albert Bensoussan avec la collab. d'Anne-Marie Casès
de Vargas Llosa, Mario Bensoussan, Albert (Traducteur)
Gallimard / Du monde entier (Paris)
ISBN : 9782070769131 ; 25,40 € ; 10/04/2003 ; 531 p. ; Broché -
Le Paradis - un peu plus loin
de Vargas Llosa, Mario Bensoussan, Albert (Traducteur)
Gallimard / Folio
ISBN : 9782070429295 ; EUR 11,40 ; 17/02/2005 ; 608 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (7)
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Flora Tristan et Paul Gauguin
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 7 avril 2022
Flora Tristan et Paul Gauguin ; Mario Vargas Llosa va raconter, de manière romancée toutefois, les vies de ces deux « parents » ; Flora qui n’a jamais pu récupérer Paul comme elle l’aura tenté, Flora et Tristan qui auront, chacun de leur côté, pas vraiment eu de cadeaux de la vie, ou disons, pas mené de vies faciles.
Les chapitres alternent les deux personnages et l’ensemble en parait du coup (?) un peu compliqué, touffu. Ca n’en fait pas un ouvrage aisé à lire avec pourtant des destins hors du commun et des histoires qui auront marqué l’histoire de l’humanité.
»Le surnom de Koké il le devait à Teha’amana, sa première femme sur l’île, parce que la précédente, Titi P’tits seins, cette perruche néo-zélandaise-maorie avec qui il avait vécu ses premiers mois à Tahiti, à Papeete, puis à Paea, et finalement à Mataiea, n’avait pas été, à proprement parler, sa femme, mais seulement une maîtresse. A cette époque tout le monde l’appelait Paul.
Parti de Marseille deux mois et demi plus tôt, après avoir fait escale à Aden et à Nouméa où il avait dû changer de bateau, il avait débarqué à Papeete le 9 juin 1891 au matin. Quand il foula, enfin, le sol de Tahiti, il avait tout juste quarante-trois ans. »
»Bien que cela ne figurât pas dans son plan de voyage, Flora, au lieu de se rendre directement d’Auxerre à Dijon, fit deux escales, chacune d’un jour, à Avallon et à Semur …/… Sur la petite place de l’église d’Avallon, à la Vierge et aux saints si peinturlurés qu’ils lui rappelèrent les chapelles indigènes du Pérou, il y avait deux cabarets. Elle entra à l’Etoile du Jour à la nuit tombante. Le feu de la cheminée rougissait le visage des habitués et enfumait la pièce pleine à craquer. Elle était la seule femme. Aux voix glapissantes succédèrent des murmures et des ricanements. Dans le nuage blanc des pipes, elle distingua des petits clins d’œil, des expressions salaces. Une rumeur serpentine l’escortait tandis qu’elle fendait la masse transpirante qui se refermait derrière elle.
Elle n’éprouvait aucune gêne. Comme le patron de l’établissement, un petit homme aux façons mielleuses, s’approchait pour lui demander qui elle cherchait, elle répondit d’un ton cassant : personne.
- Pourquoi me le demandez-vous ? interrogea-t-elle à son tour, de façon à être entendue de tous. N’admet-on pas les femmes ici ?
- Les femmes comme il faut, oui, s’écria depuis le zinc une voix avinée. Les hétaïres, non.
« C’est le poète du patelin », pensa Flora.
- Je ne suis pas putain, messieurs, expliqua-t-elle sans se fâcher en imposant le silence. Je suis une amie des ouvriers. Je viens les aider à briser les chaînes de l’exploitation. »
Quêtes du paradis ? Il n'est pas de ce bas-monde, au moins ...
Ce n’est pas le meilleur Vargas Llosa à mon sens. L’aurais-je lu dans une mauvaise période ? Ca m’a paru laborieux. Je me demande si je ne devrais pas lui accorder une seconde chance ?
Etonnantes destinées, somptueuse écriture
Critique de Poet75 (Paris, Inscrit le 13 janvier 2006, 68 ans) - 21 juillet 2015
Deux destins...
Critique de Justine J (, Inscrite le 19 mars 2013, 38 ans) - 26 mars 2013
Passionnant
Critique de OC- (, Inscrit le 4 mars 2011, 28 ans) - 4 mars 2011
On accroche très facilement. On suit les prémisses du socialisme et du féminisme avec Flora Tristan qui fait le tour de la France en même temps que les pérégrinations de Paul Gauguin. Pour les deux personnages, l'auteur nous décrit leur rapport très spécial à la sexualité : la première est très puritaine et ne veut pas perdre son temps qu'elle doit entièrement consacrer à la révolution, le deuxième est quant à lui pour une sexualité libertaire et pour la libération des moeurs (il repense amèrement à sa première femme frigide qui restait vêtue lors de leurs rapports). On en apprend beaucoup sur la société du XIX siècle et sur l'amitié Gauguin-Van Gogh ( surement un des passages les plus intéressants).
Je n'ai pour ma part pas trouvé le style lourd du tout et j'ai même beaucoup apprécié les "tu" pour parler de Paul et de Flora. J'ai plus vu ça comme le discours intérieur des personnages qui s'interrogeaient sur leur passé que des interpellations de l'auteur.
Lecture passionnante..., peu agréable!
Critique de FranBlan (Montréal, Québec, Inscrite le 28 août 2004, 82 ans) - 20 septembre 2010
L'auteur nous fait le récit dans ce roman biographique de deux destins définitivement hors du commun qui maintiennent notre intérêt et fascinent tout au long de ces cinq cents pages et plus, et il y fait aussi l'étalage d'une immense érudition sur tous les points concernant les deux personnages, ce qui en alourdit le style...
Le narrateur de ce long discours didactique, nul autre que l'auteur, s'interpose tout au long entre le lecteur et ses héros, aussi passionnants soient-ils, interdisant tout rapprochement et appréciation personnelle...
Aussi nobles et réelles aient été les motivations qui ont nourri les utopies qui ont animé les deux écorchés vifs dont nous suivons le parcours, je n'ai jamais réussi à m'attacher ni même sympathiser réellement avec l'un ou l'autre de ces grands égoïstes voués sans compromis aucun à leur quête utopique..., jusqu'à leur mort!
Une lecture passionnante, ardue, aride, somme toute peu agréable!
Oui, mais...
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 8 octobre 2007
D'abord, avec le recul, l'utopie du "paradis ouvrier", de l'argent disparu, du partage de tout devant amener tout le monde vers le bonheur, est telle que cela devient un peu énervant ! Le sommet arrive quand Florita dit que ce sera l'état qui distribuera ce que chacun aura besoin et cela de façon juste... On a pu voir sur pièce !... Bien sûr elle a raison quand elle parle de l'exploitation des ouvriers et de la façon scandaleuse dont ils sont traités. Mais le plus terrible c'est quand elle nous montre que les pires patrons sont les anciens ouvriers eux-mêmes !...
Par contre, elle a tout à fait raison quand elle parle du sort des femmes et de la nécessité de faire évoluer leur condition.
J'ai préféré les parties de cette histoire touchant à Gauguin et à son oeuvre. Mais lui aussi est un inconscient en continuant à coucher avec de jeunes femmes alors qu'un médecin lui a dit qu'il transmettait sa maladie à celles-ci !...
Un livre qui n'est vraiment pas sans intérêt mais qui m'a bien souvent semblé trop long...
Récits "alourdis" de destins exceptionnels
Critique de Saperlipop (, Inscrite le 8 mars 2006, 42 ans) - 20 juin 2006
Dommage qu'elle soit racontée dans ce style si lourd. De mon côté, je n'ai pas vraiment apprécié la familiarité de l'auteur avec ses personnages, les interpellant constamment en les appelant : Florita, Koké (pour Paul Gauguin).
Enfin, il est vrai que c'est très instructif sur la société du 19ème siècle pour Flora Tristan et sur l'œuvre de Paul Gauguin (je vous conseille d'ailleurs d'avoir à portée de main un livre sur ses œuvres pour mieux comprendre les tableaux qui sont décrits au fil de l'histoire).
Je comprends mieux désormais pourquoi certaines rues portent le nom de celle qui fut pionnière de la révolution sociale et de la défense du statut de la femme et les sujets des œuvres de Gauguin qui valent bien quelques explications.
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