Glaneurs de rêves
de Patti Smith

critiqué par Ndeprez, le 20 avril 2015
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Je n'ai pas trouvé de quoi glaner
De Patti Smith , je dois reconnaître que je ne connaissais pas grand chose ...l'album Horses tout au plus , son nom apparaît souvent dans des reportages sur la culture américaine post 68... et c'était à peu près tout pour moi .Ce "glaneur de rêves" se veut une auto biographie de son enfance .
Il s'agit plus d'un conte car la poésie y est omniprésente , le texte est court (90 pages) mais on n'apprend pas grand chose de la genèse de l'artiste tout au plus 2 ou 3 anecdotes assez intéressantes .
Je suis certainement passé à côté du livre , m'attendant plus à une "vraie autobiographie" et pour tout avouer je n'ai pas trouvé le personnage sympathique ayant souvent du mal avec les gens cherchant l'élitisme coûte que coûte.
Le monde de l'enfance exprimé avec poésie 7 étoiles

Cet ouvrage se compose de plusieurs textes dans lesquels Patti Smith évoque son enfance, égrène quelques souvenirs transfigurés par le regard de l’enfance à l’image de ces glaneurs de rêves, personnages semblant sortis d’un univers féerique. Patti Smith est une rêveuse. Elle s’attarde à regarder les champs de blé et le ciel qui sont des supports à sa rêverie. Elle évoquera ses parents, sa fratrie, ce vieil homme mystérieux qui vend des appâts. Le lecteur perçoit ce regard enfantin qui transforme la perception du réel. Mais tout n’est pas léger et merveilleux, elle évoque aussi la mort de son chien dans une scène qui saura émouvoir le lecteur et interroger aussi sur les intentions de la jeune Patti car la possessivité peut parfois rendre cruel. Ce qui est beau dans ses évocations, c’est qu’en parlant d’elle, elle parle de l’humanité et elle nous renvoie à notre vécu et à nos réactions.

Comme tous ses ouvrages, des photographies accompagnent ses textes qui ont aussi souvent des allures de poèmes en prose. L’écriture est très belle, imagée et repose sur des associations vraiment novatrices qui pourraient rappeler la poésie des symbolistes. Rimbaud lui est très cher, ce ne serait donc pas surprenant. Justement, des clins d’œil au sonnet « Voyelles » sont faits de façon discrète dans le nommer. Parfois elle intègre aussi des poèmes en vers. Le lecteur apprendra quelques éléments sur la jeunesse de la grande Patti Smith, mais c’est surtout le regard de l’enfant ou de l’artiste qui suscitent l’intérêt car ils permettent de voir comment le réel peut être appréhendé, ressenti et transformé.

Plus qu’à une romancière, ici le lecteur est plutôt confronté à une poétesse. Le lecteur aura besoin d’une lecture plus lente pour pénétrer dans ce recueil de textes. Il lui faudra aussi parfois interpréter et savoir apprécier la beauté de la langue et des images. Patti Smith est passionnée par la littérature et cela se ressent. Elle n’est jamais pédante ou prétentieuse. Les écrivains et leurs personnages font juste partie de sa vie et deviennent presque des amis ou des frères avec lesquels elle vit. Elle les projette dans son quotidien et son vécu lui rappelle souvent des souvenirs, mais des souvenirs littéraires, comme si la fiction éclairait le réel et inversement.

Pucksimberg - Toulon - 44 ans - 10 août 2024