Les ombres de Katyn de Philip Kerr
(A man without breath)
Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers
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Que s'est-il vraiment passé à Katyn ?
Ce polar s'intéresse beaucoup à la tragédie de Katyn : on sait aujourd'hui que les Soviétiques ont assassiné des milliers d'officiers et sous-officiers polonais après l'invasion de ce pays conjointement par les nazis et l'URSS. Mais longtemps il s'est agi d'un enjeu considérable de propagande (on dirait com' aujourd'hui...). Même en France on a répété jusqu'à il y a peu qu'il s'agissait d'un crime de guerre nazi !
L'auteur projette son héros récurrent, Bernie Günther, dans cet horrible "fait divers" et en profite pour analyser la séquence des évènements, ce qui apprendra sans doute bien des choses au lecteur ; ce fut mon cas.
Mais il s'agit principalement d'un polar ! Günther a changé une fois de plus de métier : il est chargé par le Ministère de la Propagande (Goebbels) d'enquêter sur la découverte de charniers à Katyn, car il y aurait un "coup" à jouer pou les nazis en se refaisant une virginité sur le dos des Soviétiques... Il devra également enquêter sur bien d'autres crimes et on retrouvera ses méthodes habituelles.
C'est toujours agréable à lire, même si les faits sont particulièrement horribles. Le style est quelconque, comme d'habitude, mais on pardonne volontiers ; une œuvre originale, il y en a peu dans le genre ! Elle complète utilement l'excellent film récent de Wajda.
Les éditions
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Les ombres de Katyn [Texte imprimé] Philip Kerr traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Philippe Bonnet
de Kerr, Philip Bonnet, Philippe (Traducteur)
Éd. du Masque
ISBN : 9782702441596 ; 22,90 € ; 04/03/2015 ; 450 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (2)
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Solide
Critique de Ravenbac (Reims, Inscrit le 12 novembre 2010, 59 ans) - 30 janvier 2021
L’auteur tient son lecteur jusqu’au bout. Kerr avait vraiment du talant.
Complots dans l’enfer russe
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 11 août 2020
A la veille de la bataille décisive de Koursk, on découvre près du cantonnement de l’armée allemande basée à Smolensk des fosses communes résultats de massacres de milliers d’officiers polonais par les services secrets soviétiques.
Goebbels estimait pouvoir exploiter cet évènement en montrant au monde que les russes, alliés des occidentaux, sont (aussi) des monstres. S’il est indéniable que Staline n’était pas mieux, et objectivement, sans aucun doute pire qu’Hitler, on n’allait pas lui pardonner les déportations et l’extermination de millions de juifs seulement parce qu’un massacre de quelques milliers d’officiers polonais, de surcroît pour la plupart germanophones, avait été perpétré dans le cadre de l’invasion conjointe de la Pologne par l’armée rouge en 1939.
Le capitaine Bernard Gunther est donc envoyé par Joseph Goebbels à Smolensk pour superviser les opérations d’authentification et en vue d’encadrer la commission internationale chargée de rapporter cette découverte. A la grande histoire, se greffe alors une fiction policière de prime abord assez décousue mais qui s’éclaircit dans les dernières pages. Divers complots et manœuvres en vue notamment de saboter l’enquête émaillent les quelques semaines de mission de l’ex-policier de la Kripo. Meurtres, tentatives de meurtres, chantages, corruptions, pragmatismes froids et j’en passe ; il ne faisait clairement pas bon vivre dans cet endroit lors du printemps russe de 1943 et pas seulement à cause des moustiques.
L’auteur évoque aussi assez subtilement la méfiance entre les officiers appartenant à l'aristocratie prussienne et Hitler et le tournant dans la mentalité de nombreux haut-gradés de Wehrmacht qui ne croient plus à la victoire après la débâcle de Stalingrad.
Pour Bernie, que l’on découvre sous un angle un peu différent, soit ici un joli cœur qui se prend un sacré râteau, plus cruel qu’ironique, voire même à deux doigts d’être exécuté pour trahison et sauvé sur le fil par un imminent acteur de la seconde guerre mondiale.
Si la chute manque quelque peu de crédibilité, le lecteur affidé de Bernie devrait se montrer satisfait en constatant que l’auteur a mêlé à son roman qui se déroule précisément entre le 1er mars et le 2 mai 1943 plus qu’à son habitude un nombre important de personnages historiques.
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