La République du catch
de Nicolas de Crécy

critiqué par Pucksimberg, le 6 juin 2015
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
L'univers étrange et captivant de Nicolas de Crécy. Très réussi !
Cette bande dessinée de Nicolas de Crécy est géniale, surprenante, complètement décalée. Quel univers ! Quelle imagination !

Cette république du catch est fascinante et rappelle parfois l'atmosphère qui règne dans les films de Caro et Jeunet, je pense surtout à "La Cité des enfants perdus". Mario est un petit homme, quasiment chauve, malingre, presque insignifiant qui vend des pianos et qui a pour seul un ami un manchot très doué en musique. La note est donnée, l'ancrage de ce roman graphique n'est pas totalement dans le réel. Mario a une famille, mafieuse, qui organise des combats de catch, tous sont grands, forts et vifs. Un beau jour, cette famille souhaite se débarrasser de notre personnage principal, sorte d'erreur dans cette lignée. S'ensuit un récit dynamique, habité par des créatures surnaturelles, un récit qui n'a aucune limite et qui ne cesse de se régénérer avec des épisodes originaux et complètement fous.

Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre lorsque j'ai commencé ce roman graphique. J'ai été happé par ces personnages et par cet univers personnel que Nicolas de Crécy a couché sur papier. Ce texte a été publié en même temps en France et au Japon. L'auteur précisa lui-même qu'il répond à un projet mené en Asie : il voulait mêler son style au genre du manga, en utilisant des motifs propres à la culture japonaise comme les fantômes ou les yakuzas, tout ceci à la sauce de Crécy. Cette "République du catch" est vraiment captivante et séduisante pour le lecteur qui accepte de partir dans une histoire à la fois comique et tragique, mais surtout dynamique et singulière.

Nicolas de Crécy a su insuffler du rythme à son histoire et possède l'art d'enchaîner les vignettes, avec des angles et des perspectives qui permettent au lecteur de plonger complètement dans son histoire. Cette bande dessinée parle de catch et de yakuzas, on y croise un manchot qui joue du piano, une boule de graisse, un bébé flingueur ... Le héros est un antihéros. On y aime peu et on tue beaucoup. Dit comme cela, on a le sentiment de lire une oeuvre qui manque d'unité ou bien un roman graphique complètement déjanté. C'est une oeuvre réussie, aboutie qui m'a conquis totalement. Elle propose une seconde lecture lorsque l'on arrive à la fin du roman qui pourrait rappeler certaines idées du grand Hayao Miyazaki.