La Shoah censurée : La sorcière de Nancy
de Simon Marty, Catherine Pederzoli-Ventura

critiqué par Veneziano, le 10 juin 2015
(Paris - 47 ans)


La note:  étoiles
Enseigner la Shoah : un art difficile
Une enseignante passionnée d'histoire-géographie emmène tous les ans ses élèves en voyage scolaire en Pologne, au titre du devoir de mémoire, autour du génocide juif. Tout se passe très bien, jusqu'au jour où il lui est reproché de désigner cet événement sous le terme de Shoah, et de réitérer ce terme trop souvent, aux dépens de celui de génocide. Cela enfreindrait à la laïcité du service public de l'éducation. Le conseil d'administration refuse désormais ses voyages, elle fait l'objet d'une inspection et de poursuites disciplinaires : la machine s'emballe.
Pourtant, rien ne fonde véritablement ce traitement. Il lui est reproché son obsession pour le terme, un supposé prosélytisme religieux. Elle finit par être blanchie, mais au prix d'une lutte violente. Le Ministre, à l'époque M. Luc Chatel, est pris à parti. Son passé politique et son engagement syndical, comme son image de grande gueule, jouent contre l'enseignante. Elle a été militante communiste.
Ce livre est un dialogue avec un journaliste, qui retrace cette invraisemblable descente aux enfers, qui, heureusement, finit plutôt bien, bien que les terminales lui soient retirées et que ses voyages mémoriels soient refusés par le conseil d'administration du lycée.
Les mots ont leur poids et leur lot de fantasmes, ceux d'origine hébraïque sont connotés religieusement, ce qui ne va pas de soi.

Ce livre est très intéressant sur la manière d'enseigner l'histoire et les pathologies de fonctionnement de l'éducation. Il ne faut pas se résigner face une adversité qui s'acharne de manière quelque peu déraisonnée. Cela s'avère heureusement rare, mais appelle à la réflexion.