Le brasier, le Louvre incendié par la Commune
de Nicolas Chaudun

critiqué par Tanneguy, le 12 juin 2015
(Paris - 85 ans)


La note:  étoiles
Un récit remarquable !
L'auteur, amateur d'art et écrivain, a choisi de s'intéresser aux évènements tragiques de la Commune de Paris en 1871. Mais ce n'est pas le récit historique qui est le sujet de cet ouvrage. Ce sont les incendies du Louvre et des Tuileries qui captent toute entière son attention. Dans quel contexte ont-ils été déclenchés ? Par qui ? Qu'a-t-on pu sauver des collections irremplaçables accumulées depuis des siècles et comment, et qui a pris part à ce sauvetage ?

Bien sûr il est obligé de rappeler les circonstances historiques de la création, puis de l'écrasement de la Commune. Il le fait sans passion, en historien, se défendant de tout parti-pris mais son récit diffère parfois notablement de la mythologie douteuse qui avait cours et qui a encore cours aujourd'hui.

Le résultat est exceptionnel : ce cours récit se lit d'une traite et nous apprend bien des chose : l'artisan principal du sauvetage (partiel) des collections est un dénommé Barbet de Jouy, fils de son père à qui fut consacrée une rue de Paris. Lui n'a eu droit qu'à une infime plaque dans le musée, on la remarque à peine, nous dit l'auteur !
Aux flammes citoyens! 8 étoiles

La semaine sanglante de la Commune laisse l’image d’un Paris en flammes. Chacun sa version : pour les Communards leurs mises à feu servent une stratégie défensive, pour les Versaillais ce sont des actes criminels d’insurgés aux abois.

L’auteur aborde cette semaine en se plaçant au cœur de ces symboles forts que furent les Tuileries et le Louvre. Et plus particulièrement dans le contexte des tentatives de sauvetage de leurs œuvres par les fonctionnaires en place.
Sur ce sujet il faut bien avouer qu’il ne se passe pas grand-chose. Mais toutes les actions périphériques sont passionnantes, les hommes, les tractations et les contingences. L’auteur n’invente quasiment rien mais prend prudemment position sur des points encore discutés. Il offre un aperçu très focal de ce qu'a été la Commune, mais oh combien instructif et vivant!

Elko - Niort - 48 ans - 31 août 2021


Une dure lutte contre le révisionnisme historique officiel 8 étoiles

Tanneguy a dit l'essentiel. Une œuvre de grand historien écrite comme un récit ce qui contribue au côté agréable de la lecture et met ce livre à la portée de tous - étudier l'Histoire en se distrayant ! Documenté, précis, et bien construit, Nicolas Chaudun raconte en détail les incendies des palais du Louvre et des Tuileries pendant la Commune (1871). Mais ce livre rend aussi hommage à deux oubliés de l'Histoire officielle : Henry Barbet de Jouy et Martian de Bernardy de Sigoyer. On sent en filigrane, la reconnaissance de l'auteur à Louis-Napoléon Bonaparte pour les apports positifs du second Empire, personnage et période pourtant tellement médits par la troisième République, et oubliés par les suivantes.

Pour renchérir sur les propos de Tanneguy : "[…] son récit diffère parfois notablement de la mythologie douteuse qui avait cours et qui a encore cours aujourd'hui […]". Oui les Communards sont glorifiés (au moins quatre rues de la capitale leur rendent hommage - plus la plaque du mur des Fédérés au cimetière du Père Lachaise) et le massacre du Père Lachaise sans cesse ressassé, mais pas un mot sur les tueries perpétrées par les Fédérés, pas un mot sur le totalitarisme du Comité de Salut Public (qui a, finalement, bien fait de reprendre ce nom !), rien sur la signature par les membres de ce Comité de l'ordre d'incendier plusieurs monuments de Paris (Hôtel de Ville, Archives, Tuileries, Louvre, palais Gabriel, etc.). Les mêmes qui encensent ceux-ci, maudissent (à juste titre) les Talibans de la destruction de statues du Bouddha ! Même si les intentions de départ de la Commune étaient justes et louables, et l'alternative despotique (Thiers, MacMahon) inquiétante, la destruction de ces monuments, biens nationaux, et symboles de leurs seuls fantasmes, est impardonnable !
Et, pendant que la base ouvrière et prolétaire de la Commune se faisait écharper au Père Lachaise, l'intelligentsia bourgeoise, donneuse d'ordres (ceux-là même honorés par des noms de rues) s'enfuyait en catimini en Belgique et en Angleterre, souvent en quémandant le passage à l'occupant Prussien…

Homo.Libris - Paris - 58 ans - 1 novembre 2018