En attendant minuit
de Claude Michelet

critiqué par CCRIDER, le 26 janvier 2004
(OTHIS - 76 ans)


La note:  étoiles
Le der sur la der des der
Pendant la première guerre mondiale , Jean , jeune agriculteur de l'Aveyron est séparé de Marthe , sa femme et de ses deux enfants . Il doit subir la vie dans les tranchées avec la peur , le froid , l'humidité , la boue et les rats . Elle doit assurer la survie de la famille en reprenant l'ensemble du travail de la ferme tout en passant son temps à craindre que , comme beaucoup d'autres , il ne revienne jamais ...
Ainsi , après Barbusse , Dorgelès , Genevoix , E.M.Remarque et tant d'autres , Claude Michelet a pris le thème de cette abominable "Der des der" . Sur le plan historique , il n'apporte rien de nouveau . Tout a déjà été décrit et rien n'atteindra plus le niveau d'émotion que l'on peut ressentir en lisant "Paroles de poilus" . Alors Michelet a l'idée , en entrecroisant les deux récits , de mettre plutôt l'accent sur le courage de Marthe qui doit labourer , semer , moissonner , toutes tâches éreintantes qui étaient réservées aux hommes . On ne dira jamais assez que cette guerre a aussi été gagnée par le travail acharné des femmes qui prirent la relève des hommes partis au front et ainsi maintinrent en état toute la vie économique de notre pays .
Cet éclairage particulier donne son originalité et son intérêt au livre qui mérite d'être lu ne serait-ce que pour le magnifique personage de Marthe , cette femme si digne et si amoureuse qu'elle ne retrouve le sommeil que lorsqu'elle apprend que son homme est enfin en sécurité , mais dans quel état !
le courage d'attendre minuit 8 étoiles

La guerre de 14-18 écrite de façon originale, en alternant en parallèle la vie de Jean, le mari, de garde dans une tranchée, et Marthe, l'épouse et son travail au champs, qui aide ses voisins, en conflit avec sa belle-mère.
Leurs pensées se croisent chacun ne vivant que pour l'autre. Un beau roman d'amour et de courage.

Chrisair - Yvelines - 47 ans - 25 février 2007


Minuit, l'heure du crime. 7 étoiles

Roman sur les affres de la guerre 14_18. Destins séparés de l'homme et de la femme, séparés par les exigences de la guerre. La trame est basée sur l'alternance Jean/Marthe, durant les 2 heures de garde de Jean dans la tranchée, entre 22 et 24 heures. Jean dans sa tranchée, épuisé, qui lutte contre le sommeil en revisitant les années de son passé, Marthe restée à la ferme, comme les femmes de cette période dont les hommes ont été happés par la guerre, et qui ne trouve pas le sommeil. Marthe qui assure le fonctionnement de la ferme et la vie au quotidien.
L'occasion pour C. Michelet de revenir, et sur la vie au début du 20ème siècle dans ce Centre de la France qui lui tient à coeur, et de donner son opinion sur la Grande Guerre, sur toutes les guerres. Absurdes comme de bien entendu.
Le roman sonne vrai et même si l'on prévoit la fin, on est happé par ces destins mis en miettes par l'Histoire.

Tistou - - 68 ans - 28 avril 2005


Et Giono ? 8 étoiles

J'aime bien Michelet, mais il n'est certainement pas Remarque, ni même Dorgelès !... Erich-Maria Remarque se distingue des autres, non par une meilleure qualité d'écriture, mais surtout par la façon dont il aborde les choses, le ton employé. Bien sûr, il ne faut jamais se limiter à un ou deux auteurs pour un sujet aussi vaste et terrible. Mais, tant qu'à faire, prenons d'abord les meilleurs si on n'est pas certain d'en lire plusieurs sur le même sujet.

Alors, je dirais, sans l'ombre d'une hésitation: "Erich-Maria Remarque et Giono "Le grand troupeau".

L'écriture de Giono est fabuleuse et son récit de l'horreur dépasse largement le simple réalisme.

Mais surtout, j'ai envie de dire que Michelet, des années plus tard, reprend une idée de Giono. En effet, celui-ci passe sans cesse de la boucherie à la paix de sa Provence où les hommes manquent. Ils manquent pour les moissons, pour les bêtes, pour les marchés, mais aussi pour la chaleur du lit, pour les jeux du lit indispensables à des femmes jeunes, belles, pleines d'amour à donner. Ils manquent pour ce que la vie a de beau, la chair vivante et chaude, la vie à donner à de petits êtres qui seront d'abord la joie, puis indispensables pour la suite.

Michelet a-t-il lu "Le grand troupeau" ?... Je pense, mais je n'affirme rien... N'ayant pas lu son livre, je mettrai le même nombre d'étoiles que celui donné.

Jules - Bruxelles - 80 ans - 26 janvier 2004