Scaramouche
de Rafael Sabatini

critiqué par Cyclo, le 6 juillet 2015
(Bordeaux - 78 ans)


La note:  étoiles
superbe roman historique !
Nous sommes en 1788. André Moreau, enfant trouvé, ignore ses origines. Il a été élevé par un petit seigneur breton, M. de Kercadiou, qui l'a envoyé faire son droit à Paris, d'où il est revenu pour travailler chez un notaire. Aline, la nièce de M. de Kercadiou, a aussi été élevée au château. Les deux jeunes gens s'aiment, mais Aline est promise au marquis de La Tour d'Azyr. Or voici que l'arrogant marquis, non content de faire assassiner les braconniers, tue en un faux duel le meilleur ami d'André, Philippe de Vilmorin, séminariste et adepte des idées nouvelles, prémices de la Révolution qui gronde. André juge que c'est un assassinat, puisque Philippe ne savait pas manier l'épée, et jure de venger son ami. Dans un premier temps, il tient des discours enflammés à Rennes et à Nantes, et devient un fugitif recherché par la police royale.
André Moreau va se dissimuler dans une troupe de saltimbanques errants, où il endosse le rôle de Scaramouche dans des comédies improvisées sur canevas (commedia dell'arte). Puis, ayant une nouvelle fois fait scandale au théâtre de Nantes, en fustigeant les privilégiés dans une improvisation théâtrale, il doit de nouveau fuir et se fait embaucher chez un maître d'armes parisien qui lui enseigne l'escrime : il y devient de première force. La révolution gronde ; Moreau devient député du Tiers-État. Il réussit à provoquer en duel le marquis, mais lui laisse la vie sauve. Il retrouve Aline qu'il n'a jamais cessé d'aimer.
Donc un roman de vengeance et d'amour, mais aussi un roman politique, où l'auteur ne cache pas sa sympathie pour la Révolution française (ce qui est rare dans les romans anglais : voyons "Un conte de deux villes" de Dickens ou "Le Mouron rouge", de la baronne Orczy). André Moreau est un homme du peuple, il n'a donc théoriquement pas le droit d'épouser Aline, jeune aristocrate. Le roman, assez différent du très bon film de George Sidney avec Stewart Granger, fourmille de personnages variés, pittoresques (les saltimbanques), réels (on aperçoit Le Chapelier et Danton) et mêle avec bonheur la fantaisie et la grande histoire, quand le peuple s'est rebiffé.