Entretiens avec le professeur Y
de Louis-Ferdinand Céline

critiqué par Jules, le 4 février 2001
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
À se tordre de rire
Louis Ferdinand se défoule, se raconte, se déballe… C'est pas rien ça !.
Il en a à dire, Louis Ferdinand, de la vie, des livres qui se vendent plus, des voitures à tempérament, des week-ends, des vacances bimensuelles et trimensuelles !. Des croisières à " lololulu " comme il dit. C’est connu qu'il faut que l'artiste ait faim, sinon il sait pas créer, tout le monde sait ça !… D'ailleurs il en causait avec Gaston, Gaston Gallimard bien sûr, qui voulait qu'il joue le jeu… Mais il le voit venir !. Il voudrait qu'il se vende comme une savonnette, pas moins !. Il est fou Gaston !… Et Ferdinand est lâché !…Il va lui raconter à Y l'histoire de ses trois points, qu’ils veulent tous savoir et comprendre !… Il va lui raconter aussi le chômage, la sécu et comment les Chinois seront contents de venir s’installer à Paris. Plus de limites !. On veut tout, le noir et le blanc, le positif et son contraire. Et puis la prison où ils l'ont mis, puis aussi le Nobel qu'ils veulent tous, et Tartre (surnom donné par Louis-Ferdinand à Sartre, le pire ennemi) qui l'a excommunié, qu’on en vend plus de ses livres, qu’il doit se cacher, Louis Ferdinand.. Et Gaston qui paye pas, Gaston qui mange des auteurs, du papier, des livres plein ses caves. Il revient à ses trois points, qu’on lui a reproché qu'il savait pas finir ses phrases. C’en est trop !… Il s’énerve, Louis Ferdinand !…
" - A la place de ces trois points, vous pourriez tout de même mettre des mots, voilà mon avis !
- Cuterie, Colonel ! Cuterie encore !. Pas dans un récit émotif !. vous reprochez pas à Van Gogh que ses églises soient biscornues ? à Vlaminck ses chaumières foutues !… à Bosch ses trucs sans queues ni têtes ?… à Debussy de se foutre des mesures ? Honneger de même ! moi j'ai pas du tout les mêmes droits ? non ? j'ai que le droit de respecter des règles ?. les stances de l'Académie ?… c'est révoltant !. Mes trois points sont indispensables, bordel dieu !… je le répète : indispensables à mon métro ! me comprenez-vous Colonel ? - Pourquoi ? - Pour poser mes rails émotifs !. simple comme bonjour !. "
Ha !… Ce sacré Louis Ferdinand !… Lisez ce livre, il parle de tout et de rien, mais comment !.
Savoureux 8 étoiles

Il en a gros sur le paletot, Louis-Ferdinand Céline, au moment d'accorder cet "interviouwe" à ce pauvre journaliste qu'est le professeur Y. Journaliste Inventé, car c'est plutôt à un grand questions-réponses avec lui-même que Céline nous convie. L'occasion de cracher tout son fiel envers les éditeurs, les autres auteurs, les lecteurs! On le retrouve grincheux, railleur, bravache, empli de fougue, toujours sûr de lui. Il explique en termes nouveaux son style et sa vision de la littérature: son mépris de "la littérature chromo", l'importance de "ses rails émotifs". Il ajoute encore de nouveaux mots au dictionnaire célinien, pourtant déjà bien fourni. En clair, ceux qui sont déjà entrés dans l'oeuvre de Céline et veulent en savoir plus sur le comment et le pourquoi de son style si particulier et innovant se régaleront. Pour les autres, on ne peut que conseiller de lire l'un ou l'autre de ses romans avant de faire la rencontre du professeur Y.

Nothingman - Marche-en- Famenne - 44 ans - 20 septembre 2012


La révélation du métro émotif. 8 étoiles

Jouissif certes, mais court, trop court. Ouvrage indispensable pour qui veut mieux comprendre Céline et accéder à sa forme de pensée. Déstabilisant par endroit, chaotique, argotique, interrogatif, subjectif, ironique, il foule aux pieds l'établissement des lettres et n'a pas dû se faire que des amis. Tout ça pour notre plus grand plaisir. Cependant le livre est moins accessible que ses autres ouvrages. On dirait que Céline a voulu condenser son style en quelques pages, offrir un échantillon sublime de tout son talent.

Hexagone - - 53 ans - 21 janvier 2010


Sans pitié 10 étoiles

Pas de quartier! Céline n'épargne personne! Le cinéma? Agonisant! Les auteurs contemporains? Des tacherons! Gaston Gallimard? Un rupin! Les lecteurs? Des imbéciles! Les philosophes? Des prétentieux!

Qu'est ce que c'est grisant de lire un livre aussi hautain, dédaigneux et à la méchanceté gratuite! Et quel humour! Céline dépeint tout ce qui ne lui plait pas (et il y en a, des choses qui ne lui plaisent pas!) avec un style drôle et féroce. Un pur moment de vacherie et de bonheur, dans la lignée de "L'agité du bocal"!

Bastien N. - - 34 ans - 23 novembre 2009


Quelle fougue ! Quelle drôlerie ! 8 étoiles

Louis-Ferdinand Céline, dans cet OLNI (moitié explications sur son style, moitié "roman), nous parle de tout et de rien. Nous parle de son métro émotif, de Mauriac, et de bien d'autres encore... Il nous parle de Gaston, du professeur Y, qui pisse sous lui et devient fou... Il nous parle de ses trois petits points.... Tout est dépeint avec drôlerie... Une vraie merveille que ce bouquin ! Destouches gerbe sur tout et c'est pour ça qu'on l'aime ! Il nous parle de la "littérature chromo", banale et sans intérêt... Il invente des mots, comme "biglouser" (regarder à travers ses lunettes)... C'est un gigantesque défouloir pour Céline... Je crois, comme Jules, qu'avec Céline, on est au sommet du style, de la littérature... Un des plus grands auteurs qui aient jamais existé...

A lire absolument, sinon : peine de mort !

Le petit K.V.Q. - Paris - 32 ans - 22 janvier 2005