Vers l'Est
de Mathieu Handfield, Benoit Tardif (Dessin)

critiqué par Libris québécis, le 28 juillet 2015
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Un ours à la rescousse de l'homme
Mathieu Handfield a écrit un roman singulier et original sur la quête de soi. Une quête rendue difficile par la peur viscérale qui visse trois personnages à des réalités étriquées.

Hauteville fuit la police pour avoir tué, semble-t-il, le bon samaritain qui l’a fait monter dans sa BMW orange alors qu’il faisait de l’autostop, Paul, un vieil homme cardiaque, prend la relève du conducteur généreux. Ensemble, ils se rendent par hasard chez Rodriguez, un sage qui prédit l’avenir. Au trio, se joint Normandin, un professeur raté qui fuit devant son manque d’inspiration pour composer une pièce de théâtre commandée par sa directrice.

Chacun traverse une passe déprimante. Hauteville craint pour le crime qu’il a commis, Paul craint la mort, et Normandin angoisse devant son inaptitude à faire face à la vie. Trois comparses différents que le destin a réunis autour de la même problématique. Il faut qu’ils sauvent leur âme leur chanterait Luc De Larochellière. Rodriguez leur conseille de se rendre à un temple situé sur une montagne où la guérison les attend.

C’est un départ vers l’est comme l’indique le titre. Une tempête de neige vient compliquer le voyage. Le bazou de Paul tiendra-t-il le coup jusqu’au sommet miraculeux qui transformera leur vie ? Il faut avoir la foi du charbonnier pour espérer dans des circonstances aussi malencontreuses. Nos Ulysses n’ont pas le courage du célèbre héros. Aide-toi, le ciel t’aidera, dit la maxime. Sous la peau d’un ancien ours de cirque, Boris représente l’aide tant escompté. Un ours parlant qui supplée à leurs carences. Sous un aspect métaphorique, le roman démontre que rien n’est impossible à celui qui croit au-delà de toute espérance.

L’œuvre de Mathieu Handfield navigue dans la mer brumeuse des cœurs perdus au cœur d’une folie qui soutient une poésie branchée sur l’univers de la nature, de la faune et d’une société en mal de protéger les siens. Il faut plus qu’un certain talent pour écrire cette histoire abracadabrante sur la vie que l’on mène. Et sans tomber dans la mièvrerie, le roman s’est assuré d’un dénouement heureux en traversant un univers des plus intriguant. Est-ce un polar, un conte, un bestiaire, un roman fantastique ? Le genre importe peu. L’auteur voulait décrire la course vers la rédemption de trois hommes dont l’âme était agonisante.