Tomsk-7
de Danijel Žeželj

critiqué par Fanou03, le 30 juillet 2015
(* - 49 ans)


La note:  étoiles
Huit superbes poèmes graphiques
Il faut croire que les univers urbains inspirent particulièrement Danijel Žeželj. Babylone, l’album de l’auteur croate paru en 2013, dépeignait déjà en effet un New-York onirique. Tomsk-7 propose quant à lui huit récits dont les décors sont de mystérieuses villes, véritables cités obscures, à la fois imaginées et familières.

La cohérence de l’album tient donc essentiellement dans l’ambiance urbaine commune à ces huit histoires. Leurs protagonistes, qui vivent dans ces cités industrielles décaties et oppressantes, rêvent d’évasion, rêve magnifiquement rendu dans le premier récit qui donne le titre à l’album. Les symboles de cette liberté forment également un des fils conducteurs de Tomsk-7 ; ainsi le navire fantôme revenant hanter les rues de la cité, dans Nine Lives ; ainsi ces étranges animaux volants qui apparaissent ici ou là, tels les papillons de sable dans Tomsk-7, ou les étranges éléphants ailés de Lost and Found.

Le noir et le blanc sont à nouveau les deux couleurs de travail de Danijel Žeželj. Elles lui permettent de jouer à plein avec les clairs-obscurs ainsi que de faire ressortir une sorte de mélancolie violente qui infuse à travers les pages. Si l’on retrouve parfois le trait puissant et gras utilisé dans Babylone, l’auteur a su en général adoucir son graphisme par de délicats estompages, très visible notamment dans le premier récit.

Il faut sans doute voir Tomsk-7 comme un ensemble de poèmes graphiques, dont les clés de compréhension, pour certains d’entre eux, ne se laissent pas livrer facilement (je pense par exemple à Kisser ou à Lefferts Avenue, dont le sens m’a paru assez hermétique), mais toujours d’une très grande beauté plastique qui hisse définitivement - pour moi - Danijel Žeželj au rang des plus talentueux stylistes.