Black list : Quinze grands journalistes américains brisent la loi du silence
de Kristina Borjesson

critiqué par CCRIDER, le 5 février 2004
(OTHIS - 76 ans)


La note:  étoiles
Seule la vérité rend libre
Si vous croyez tout ce qu'on vous raconte dans les médias , vous allez tomber de haut en lisant ce livre ! Sous la plume de quinze grands journalistes américains spécialisés dans l'investigation , vous allez découvrir le récit choquant des pressions de toutes sortes qui s'exercent sur eux pour que la machine médiatique puisse continuer à déverser ses tonnes de mensonges ou de demi-vérités . Aujourd'hui , l'état dans lequel se trouve le journalisme américain est terrible , accablant , navrant . Il est loin le temps du Watergate , l'âge d'or du journalisme d'enquête , l'époque où le 4ème pouvoir avait la possibilité de révéler les scandales des puissants et même de faire tomber des gouvernements ...
Sous la pression de grands groupes industriels ou d'organismes d'état et par le biais des rachats et de la publicité , les journalistes se contentent maintenant d'être toujours du bon côté du manche et bien dans le sens du vent . On trie les informations . Dès que l'une d'elle peut fâcher un puissant , elle passe à la trappe . Exemples : le vol 800 de la TWA . Un avion de ligne est abattu par un missile tiré par erreur depuis un navire de la Marine Américaine . K . Borjesson tente une enquête sur le sujet . Elle subit les pires pressions . Son documentaire est déprogrammé . Pas question de toucher à l'image de la Navy !
L'armée américaine se rend coupable de crimes de guerre sur des civils en Corée , au pont de NoGunRi : même chose .
La CIA introduit par le biais des Contras des quantités de crack dans les ghettos de Los Angeles , silence radio .
Greg Palast , un autre journaliste , découvre que Jeb Bush a truqué les élections présidentielles en radiant des milliers d'électeurs démocrates en Floride . Il est obligé de s'éxiler en Grande Bretagne pour pouvoir être publié .
Le livre contient un grand nombre d'affaires de ce genre et pose par la même le problème de la liberté et de la démocratie ."Notre liberté dépend de la liberté de la presse . Et celle-ci ne saurait être limitée sans être perdue " a dit Jefferson . " La presse est un rouage à la solde d'un système commercial . Son seul but est de raconter des mensonges lorsque des intérêts sont en jeu " répond Adams .
Donc les médias nous mentent effrontément . Ils étouffent autant qu'ils le peuvent , les affaires génantes pour les pouvoirs politiques ou économiques , tronquent la vérité , ne donnent la parole qu'aux officiels , sabordent sans vergogne les ouvrages qui dérangent et surtout amusent le peuple avec de la communication "people" ( affaire O.J.Simpson, M.Lewinsky ou Diana ) ou des faits divers et des catastrophes naturelles .N'êtes-vous pas étonnés d'entendre toutes les chaînes de télé , tous les journaux raconter quasiment la même chose en même temps ?
Ici , non plus on n'a rien à envier aux américains . On attend d'ailleurs un Black List européen ...
Quand la vérité n'est pas libre , la liberté n'est pas vraie !
Un livre de salubrité publique . A lire absolument .
La vérité et la liberté sous la menace de la presse 8 étoiles

Jusqu'à l'aube des années 1980, le journaliste était un individu conscient que sa mission était d'informer ses lecteurs sur l'état réel de la société, il décryptait les discours politiques, suivaient attentivement les activités des industriels et les transactions financières qui en résultées. Un des auteurs de cet ouvrage souligne qu'autrefois les journalistes se sentaient proche de la population, et s'ils ne faisaient pas toujours preuve de la même rigueur que la nouvelle génération, au moins s'efforçaient-ils de relayés les opinions de leurs concitoyens, exerçant pleinement leur rôle de quatrième pouvoir.

C'est durant les années 1980, que les médias opérèrent un revirement spectaculaire en se rapprochant des milieux politico-financiers pour en devenir les porte-parole attitrés auprès de la population. Désormais seul compte la rentabilité du journal et le constant souci de ne pas déplaire à leurs principaux bailleurs de fonds : les grandes multinationales étroitement liées aux politiciens. Les journalistes, devenus les acteurs intéressés d'un système qui leur a permis de connaître l'ivresse du pouvoir et de l'argent, utilisent leurs journaux pour diffuser les discours officiels du gouvernement et les dépêches soigneusement rédiger par les conseillers en communication des industriels. Et bien sûr, jamais ils n'envisagent de vérifier et encore moins de remettre en question le bien fondé de ces déclarations sacralisées du fait de leurs provenances.

Aujourd'hui, quand se présente un(e) journaliste prêt à marcher dans les traces des plus fameux "fouilles merdes" qui réussirent par le passé, à force de ténacité, à mener à bien leurs investigations pour révéler des pratiques scandaleuses, il (elle) voit tout de suite se dresser contre lui (elle) une armée de censeurs composée de chefs de rédactions, de politiciens et d'homme d'affaires, parfois épaulés par la justice, qui n'auront de cesse de le détruire lui et son travail.

Le seul espoir de voir subsister une presse indépendante et soucieuse de véracité semble résider dans les médias alternatifs, présents notamment sur Internet. Mais l'afflux et le télescopage permanent d'informations en temps réel et les sources pas toujours clairement identifiable finiront immanquablement par produire un brouillage dans la perception des faits (et des méfaits), rendant caduc leur vocation à proposer une lecture réaliste et sans concession de la société.

Heyrike - Eure - 57 ans - 27 novembre 2006


Tout à fait d'accord ! 8 étoiles

La libérté de la presse est une des principales pierre de fondation de la démocratie. Mais de Tocqueville ne s'est pas gêné non plus pour dire qu'un excès de sa puissance pourrait aussi en faire un danger grave pour la démocratie. En effet, elle pourrait en arriver à faire élire qui elle veut. Nous en sommes un peu là avec le gigantesque rouleau compresseur que représente l'empire de presse de Murdoch, entièrement au service de la droite (extrême droite) américaine et de Bush.

Il n'empêche que les choses commencent à bouger là-bas et le socle Bush se lézarde lentement... Assez que pour qu'il ne soit pas réélu ?... La question reste ouverte...

Je voudrais cependant aussi évoquer ici certains "terribles scandales" qui ont parfois été dénoncés par la presse et qui n'étaient que du vent !

Rien n'est tout noir, rien n'est tout blanc ! Ce qui est certain c'est que "Quand la vérité n'est pas libre, la liberté n'est pas vraie"

CCrider, si cette phrase vient de toi, chapeau !... Tu devrais alors figurer dans les annales du site et elle devrait être mise au moins quelques semaines en sommet de page !...

Jules - Bruxelles - 80 ans - 5 février 2004