Gioconda
de Níkos Kokántzis

critiqué par Pacmann, le 14 juillet 2016
(Tamise - 59 ans)


La note:  étoiles
Gioconda, une autre Anne Frank
Livre autobiographique de l’auteur sur un amour unique et inoubliable entre lui et une jeune fille juive de Thessalonique.

Trente ans après ces évènements, par sa plume il rend hommage à Gioconda, qui sera déportée à Auschwitz d'où elle ne reviendra pas et avec laquelle il a eu une aventure amoureuse passionnée en 1943.

Ce formidable petit ouvrage à l’écriture soignée suscitera certainement l’émotion chez le lecteur. Il s’agit d’un véritable hymne à la vie, à la tendresse et à l’amour.

Cette histoire est vécue avec une grande intensité certainement à cause des menaces et de la fin tragique de la jeune fille. L'amour est décrit comme un phénomène si pur, si naturel et si intense qu’il éclaire et enveloppe les personnages d’une lumière quasi-irréelle.

L'auteur réussit à retranscrire un parfum d'irréalité dans un vécu et un romantisme profond. Ce récit s’inscrit une fois encore dans la tragédie innommable de la déportation des juifs pendant la seconde guerre mondiale, mais possède une dimension supplémentaire par rapport à d'autres histoires réelles ou non.

Un livre fort, magnifique et séduisant.
L'amour qu'on assassine 9 étoiles

Merci à Marion Hennebert de m’avoir permis de relire Gioconda ce livre qui m’avait déjà bouleversé quand je l’ai lu pour la première fois à la toute fin du siècle dernier. Ce court récit raconte une histoire d’amour entre deux adolescents grecs au début des années quarante quand les Allemands occupaient la Grèce. Nikos Kokàntzis rapporte lui-même que cette histoire est absolument authentique que tous les détails sont vrais, que c’est l’histoire qu’il a vécue pendant quelques mois avec Gioconda sa petite voisine juive.

La famille de Nikos vivait à proximité d’une maison abritant un couple juif parents d’une belle phratrie : quatre filles et deux garçons. Les filles étaient les plus âgées, Gioconda était la quatrième. Elle était la compagne de jeu préféré de Nikos, ils ont grandi ensemble, jeune adolescent Nikos est tombé amoureux de la jeune fille croyant qu’elle était courtisée par son cousin, ce qu’il ne supportait absolument pas. Un jour, à bout de jalousie, il a explosé proférant des mots inacceptables sur la communauté juive et plus particulièrement sur le cousin qu’il prenait pour un concurrent. Gioconda ayant mis les choses au point, ils ont alors vécu un amour très fort, rare, très pur, un amour que ne peuvent vivre que des innocents seuls dans leur monde, loin des autres, loin du monde en ébullition, loin des violences même si Nikos encore gamin s’est engagé dans la résistance pour quelques actions de propagande surtout.

Nikos décrit cet amour avec une grande simplicité, dans un texte qui respire la vérité, la douceur, la tendresse, qui enflamme le récit du feu de la passion, qui dégage la confiance absolue des amoureux entre eux, la fusion entre deux gamins qui découvrent l’amour jusqu’à son aboutissement le plus accompli, expérimentant la fusion des corps comme deux jeunes adultes qu’ils n’étaient pas encore. Mais, une si belle histoire d’amour ne pouvait pas durer éternellement, elle était trop belle, trop pure, trop absolue… ce sont les sicaires de l’abominable dictateur qui alors détruisait le monde et surtout le peuple juif, qui se sont chargés d’y mettre un terme en déportant la belle adolescente avec sa famille.

Nikos a gardé longtemps cette histoire pour lui, ils l’avaient cachée à leur famille respective et à leurs amis, jusqu’en 1975, date à laquelle il l’a écrite et publiée. Nikos a laissé parler son cœur, aucun chichi, aucune fantaisie dans son textes seulement de l’amour, de la tendresse et de l’authenticité. Un texte émouvant, bouleversant qui raconte une histoire merveilleuse dont le dénouement est révoltant. La scène finale est certainement la plus douloureuse que j’ai lu depuis des décennies. Aujourd’hui, la résidence, la dignité, la pudeur de cette famille devant une mort certaine sont toujours aussi renversantes, ma dernière lecture m’a encore fait monter les larmes aux yeux et la rage au cœur.

Merci Marion d’avoir, l’espace de cette lecture, fait revivre Gioconda et le merveilleux amour qu’elle a vécu avec Nikos.

Débézed - Besançon - 77 ans - 3 novembre 2023


Un texte très touchant 10 étoiles

Ce texte est un récit, plutôt court, resserré, sensuel et touchant. Le lecteur suit la naissance de l'amour la découverte du désir par deux adolescents durant le contexte de la seconde guerre mondiale.
Le texte est présenté comme une histoire vraie.

La naissance de l'amour, les premiers émois amoureux et sexuels sont délicats à manipuler aussi bien au cinéma qu'en littérature. Nikos Kokantzis y est parvenu à merveille, avec justesse, vérité et sensibilité. Cette histoire d'amour entrera en résonance avec tous les lecteurs car elle a un caractère universel malgré le cadra spatial grec et le cadre temporel de la guerre. Le regard de l'adolescent est intéressant car tout est découvert avec naïveté et nous replonge dans nos premières impressions certainement différentes de celles que rencontrerait un ado d'aujourd'hui fortement éclairé sur le sujet grâce / à cause d'internet. La description du désir est particulièrement fidèle et naturelle. Le narrateur et Gioconda, cette jeune fille juive, sont touchants par cet amour pur et sans entraves. Le regard du narrateur adulte plane sur le récit et nous laisse présager certains éléments. Sa volonté d'immortaliser cet amour est tout à son honneur.

Le contexte est plus dur et ancre le récit dans la véracité. Les faits sont là et les horreurs nazies sont elles aussi bien présentes en Grèce. Gioconda et sa famille sont évidemment du mauvais côté aux yeux de l'oppresseur. Ce mélange de l'horreur et de l'amour dramatise le récit. Il y a l'innocence de cet amour naissant en opposition avec les déportations insupportables, cet amour et ce désir qu'ils ne contrôlent pas qui contrastent avec ces faits historiques sur lesquels ils n'ont aucun emprise non plus. Il n'y a rien de trop dans ce récit. Tout s'enchaîne avec logique et fluidité. Il est même très difficile de poser le livre pour faire une pause. il y a quelque chose dans l'écriture qui nous happe. Même si l'histoire est différente j'y ai retrouvé certains éléments qui m'ont plu dans "Le Diable au corps" de Radiguet.

Cela fait des années que ce roman reposait dans ma bibliothèque, des années que je le voyais conseillé dans les librairies dont il était le coup de coeur, je me suis finalement décidé à le lire et j'ai beaucoup aimé.

Pucksimberg - Toulon - 45 ans - 30 mai 2022


Magnifique histoire d'amour 9 étoiles

L'auteur écrit l'histoire de son premier et grand amour en hommage à la jeune Gioconda qui sera déportée avec sa famille juive à la fin de la guerre. C'est un petit livre intense et lumineux qui raconte les émois de deux adolescents qui découvrent l'amour (un amour total et inconditionnel). Les ébats amoureux sont décris avec beaucoup de finesse sans pruderie. Comme le dit Pacmann les personnages sont auréolés d'une aura presque irréelle et le livre prend un peu l'aspect d'un conte, d'un ode à l'amour.

L'écriture est vraiment belle. C'est le seul livre de cet auteur malheureusement.

Saule - Bruxelles - 59 ans - 16 juillet 2019