Panthère
de Brecht Evens

critiqué par Fanou03, le 2 septembre 2015
(* - 49 ans)


La note:  étoiles
Des griffes sous une patte de velours
Je pense que Panthère est à la hauteur de sa réputation : fascinant et morbide, inquiétant et ambiguë, exubérant, magnifique. On ne sait pas trop ce que l’auteur a voulu dire en contant l’histoire de Christine, une petite fille, et de Panthère, prince de Panthésia, félin imaginaire, avec lequel elle entretient une trouble relation d’amitié. Comme pour ses albums précédents, mais de façon peut-être encore plus marquée, Brecht Evens nous laisse nous débattre avec plusieurs interprétations possibles. Mais après tout faut-il en chercher une à tout prix, d’interprétation ?

L’extraordinaire graphisme de l’auteur flamand prend à nouveau une grande part dans la force de cet album, complètement polymorphe, à l’image de Panthère, qui ne cesse ne changer d’apparence au fil des pages. Réalité et Imaginaire se confondent ainsi continuellement, de la même façon que les couleurs et les formes du dessin, renforçant l’aspect mouvant du personnage de Panthère, tour à tour protecteur, prédateur ou mielleux. Les pleines pages de Panthère, très intenses, du point de vue chromatique, sont de véritables enluminures.

On ne peut être qu’impressionné par les productions de Brecht Evens, qui témoignent d’un style dérangeant, puissant, et qui interpellent par les questions qu’elles soulèvent. Panthère, dans un quasi huis-clos (le gros des péripéties ont lieu dans la chambre de Christine), avec sa férocité et ses références (on a souvent cité Calvin et Hobbes, sur un mode détourné), nous offre, dans une remarquable unité que n’avaient peut-être pas tout à fait les albums précédents de Brecht Evens, une œuvre majeure, absolument incontournable de la bande dessinée de notre siècle.