Le président vient te voir ce soir, suivi de le Monde de Tsitsino et de la Maman de Poutine
de Lasha Boughadzé

critiqué par Pucksimberg, le 5 septembre 2015
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
Satané Poutine !
Voici trois pièces de théâtre géorgiennes originales et engagées. Lasha Boughadzé ne s'est fixé aucune limite et il exprime son incompréhension et sa colère sur des sujets graves, politiques et peu traités dans le théâtre de l'Europe de l'Ouest. Il semble suivre ce théâtre du XXème siècle, absurde, qui décontenance le lecteur pour que de situations loufoques émerge une réalité, souvent révoltante.

Dans "Le Président vient te voir ce soir", il est question du conflit russo-géorgien de 2008, où un petit pays se retrouve confronté à l'ogre russe. Le président du petit état fuit, il se cache où il peut, chez ses concitoyens et finira même sur le plateau d'une émission de télé-réalité. Il craint pour sa vie et se sent menacé. Dans "Le Monde de Tsitsino", une jeune fille, Tsitsino, serait en contact avec les saints qui lui auraient confié une mission, celle de mettre fin à la guerre en Tchétchénie. On la croit folle, mais lorsqu'elle parvient à vaincre un terroriste, le doute s'installe. Qui est-elle ? Une nouvelle Jeanne d'Arc ? Dans "La Maman de Poutine", une figure féminine monologue, se dit la mère de Poutine, se révèle touchante au début de sa réplique, fortement inquiétante à la fin.

Derrière des situations burlesques, Lasha Boughadzé dénonce des conflits, les abus d'une Russie qui écrase de petits états comme la Géorgie, le pays du dramaturge qui a perdu un tiers de sa surface pour le donner à l'Ogre. Sans doute pense-t-il qu'il vaut mieux en rire, même si le fond de ses pièces est grave. J'ai été moins sensible au style du dramaturge, à la simplicité de son langage. Les idées sont originales tout comme les situations, son engagement est louable et témoigne d'une forme de courage, son langage m'a moins touché.