Rembrandt
de Typex

critiqué par Blue Boy, le 13 septembre 2015
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Un portrait entre clair et obscur
Cette biographie haute en couleurs évoque Rembrandt van Rijn, de ses débuts au crépuscule de sa vie. Ce bon vivant extravagant dont la conduite choquait l’Eglise et la bourgeoisie n’aimait guère se plier aux convenances. Malgré sa renommée internationale, le maître hollandais mourut dans la misère, durement éprouvé par la mort de ses proches.

Décidément, la biographie des personnages célèbres semble de plus en plus devenir un genre à part entière dans la bande dessinée, notamment celle des grands peintres. Parmi les plus récentes, Le Caravage par Milo Manara, Dali par Baudoin, et puis Egon Schiele, Munch, Frida Kahlo, Gauguin, Modigliani… Pour cette biographie de Rembrandt, la deuxième publiée par Casterman après celle des frères Deprez en 2008, l’éditeur n’a pas lésiné sur les moyens. Le tirage est tout simplement splendide, luxueux même : reliure à l’ancienne, aspect vieilli, embossage, incrustation dorée, dos rond simili cuir, cahier de croquis… Le tout pour un prix relativement abordable. Reste à voir si le contenu est à la hauteur…

Hollandais tout comme Rembrandt, Typex, alias Raymond Koot, a mis cinq ans pour réaliser cette œuvre de commande du Rijksmuseum. Quasiment inconnu dans le monde du 9ème art, Typex est issu du courant alternatif de la BD et de l’illustration, et cette production va sans doute le faire accéder à la reconnaissance internationale. L’auteur n’a pas cherché à imiter l’art du maître flamand, ni même à se plier à un académisme de circonstance, aussi bien dans le dessin que dans la narration, au risque de désorienter le lecteur. Son trait un rien désuet semble mû par une liberté totale, tout en mouvement, alternant entre l’esquisse la plus rudimentaire et les scènes plus détaillées, grouillantes de vies et de personnages, où prime un grotesque rabelaisien. Ces derniers rappellent par leurs attitudes et leurs expressions le style du célèbre caricaturiste Daumier. Pour la couleur, Typex a judicieusement opté pour des tonalités sobres à dominante brune pour évoquer l’Amsterdam du XVIIe siècle.

De ce portrait atypique ressort un personnage bougon, excentrique mais attachant, authentique, sans concessions et entièrement voué à son art. « Rembrandt » risque toutefois de diviser la critique et le public bédéphiles. Plus clairement, ceux qui prendront cet ouvrage pour ce qu’il est, à savoir une évocation déstructurée de la vie du peintre, seront certainement mieux à même de l’apprécier que ceux qui aiment les histoires bien racontées.