Le Voyage de Phoenix de Jung
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De toute beauté... tout simplement !
Il arrive parfois que l’on ne sache plus exactement par où commencer une chronique tant le livre que l’on veut présenter nous a ému, bouleversé, et c’est ce qui vient de m’arriver avec le roman graphique de Jung, Le voyage du Phœnix publié dans la collection Quadrants des éditions Soleil.
Tout d’abord, il s’agit bien d’un roman graphique c’est-à-dire cette forme nouvelle de bande dessinée qui se donne le nombre de pages dont elle a besoin pour raconter une histoire, un destin, un épisode de vie. Ici, Jung, l’auteur qui s’est illustré entre autres avec la série autobiographique Couleur de peau : miel, nous offre une histoire de grande qualité !
Même si on va retrouver sa Corée natale, on n’est plus dans l’autobiographie mais dans le récit entrecroisé de plusieurs destins. Il y aura Jennifer, une jeune femme dont le père a été soldat américain en Corée et qui a fui au nord, qui a déserté diront certains sans que l’on sache pour quelle raison. Jennifer vit en Corée du Sud, près de la frontière et pense à son père… Elle travaille dans un orphelinat et tente de donner du sens à sa vie.
Il y a Aron, un américain, qui décide poussé par son frère, lui aussi un militaire américain en Corée, d’adopter un enfant coréen. Il entretient une relation fusionnelle avec cet enfant, en vient à ne plus faire attention au reste de l’humanité, sa femme, sa fille… Aussi, quand l’enfant va mourir, ce sera le drame absolu !
Très rapidement on est pris par ces différents personnages, par les situations vécues, par la tendresse qui se dégage de l’ouvrage, par le graphisme merveilleux de Jung, par les destins tragiques et bouleversants… on tremble, on pleure, on sourit, on espère…
Mais il n’y a pas que cela, il y a aussi des grandes questions transverses qui s’invitent comme l’amour filial, la mort, la liberté, l’amour, la faim, le conditionnement, l’adoption, et encore la mort ! Cette bande dessinée pose la question de la liberté d’action de l’être humain, la recherche du bonheur, le deuil… et même le pardon !
C’est certainement une des grandes bandes dessinées de ces dernières années, un texte puissant et profond, un ouvrage qui ne peut que toucher le lecteur dans ce qu’il a de plus intime, je serais tenté de dire que nous sommes bien là en présence d’une bande dessinée philosophique, humaniste, violente aussi par certains côtés…
Et, pourtant, comme le Phœnix qui renaît de ses cendres, on va vers l’apaisement, la résilience, le pardon, le rachat, la reconstruction et c’est ce qui fait que d’une belle bande dessinée on passe indubitablement à une grande bande dessinée.
Le voyage du Phœnix, Jung, dans la collection Quadrants des éditions Soleil… Il ne vous reste plus qu’à découvrir vous-même et lire cette petite merveille !
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On n’abat pas un phœnix
Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 19 novembre 2015
Le thème dominant de ces récits croisés est la résilience face la douleur résultant d’un drame en apparence insurmontable. Celle de Jennifer d’abord, qui pleure ce père inconnu mort dans des circonstances tragiques. Celle des parents de Kim ensuite, qui vivront un cauchemar dans les mois suivant le décès du jeune garçon. Celle de son mari San-Ho enfin, qui a fui la Corée du Nord après avoir supporté l’enfer des camps de rééducation. Et quoi de mieux que le phœnix, cet oiseau légendaire qui a le pouvoir de renaître de ses cendres, pour donner corps à cette notion et servir de fil rouge au récit.
Si la narration peut avoir tendance à se diluer dans la kyrielle de personnages, bien campés au demeurant, elle est parfaitement servie par le dessin raffiné et sensible de Jung. Avec ses lavis insufflant sans lourdeur ce qu’il faut de tension ou d’anxiété à l’histoire, le noir et blanc convient bien au propos. Par l’entremise de ces tragédies dénuées de pathos, « Le Voyage de Phoenix » peut être vu comme un don de l’auteur, un hommage à la vie malgré son âpreté, tout simplement. A l’image de San-Ho, « ce grand enfant » au sourire lumineux découvrant la vie après avoir survécu aux pires épreuves dans son propre pays.
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