Les après-midi d'un fonctionnaire très déjanté
de Upamanyu Chatterjee

critiqué par CCRIDER, le 12 février 2004
(OTHIS - 76 ans)


La note:  étoiles
Enarques de tous pays oubliez-nous !
Qu'est-ce qui m'a pris de m'attaquer à cet indigeste pavé ? Le titre , sans doute et la 4ème de couverture . J'aurais du me méfier de cette illustration vert pomme et rose braillard représentant cet abruti en chemise hawaîenne avec ses bras à la Shiva ...
Il s'agit du récit des états d'âmes un peu bluesy d'un fils de famille qui sort de l'ENA indienne ( l'Indian Civil Administration ou ICA ) . Il est nommé dans un trou lointain comme administrateur adjoint et c'est son premier poste . Il doit faire son chemin dans le labyrinthe de l'Administration du sous-continent qui n'a rien à envier à la nôtre . Elle est juste encore un peu plus gangrénée par la corruption et la fainéantise .
Notre fonctionnaire peut se contenter d'une apparition d'une heure ou deux le matin à son bureau et c'est assez pour la journée . Le reste du temps , il le passe dans sa chambre , volets fermés , à fumer de la ganja , à écouter de la musique et à se masturber . Pas de quoi en tartiner 400 pages ...
Le mépris ouvertement affiché de ce type pour les usagers de son service le rend particulièrement antipathique .
Un seul passage rachète un tout petit peu le livre : la visite au village des lépreux tenu par une sorte d'Albert Schweitzer indien lequel essaie avec des moyens ridicules de leur redonner un peu de dignité et d'indépendance .
Un bouquin à éviter . On n'arrive pas à s'intéresser aux états d'âme de ce fils à papa . Le style est très lourd ,ou mal traduit , et en plus le texte est truffé de mots en hindi dont il faut aller chercher la traduction dans un glossaire en fin de volume . Tout pour plaire ...
Pesant 5 étoiles

La vision de l'Inde par la masse occidentale, et d'autant plus si elle a fait un petit circuit bien touristique dans le pays c'est : l'Inde, ça pue, c'est la cacophonie sur les routes, le climat est insupportable, et l'ambiance pas terrible non plus, mais il y a de belles choses à découvrir, des saveurs et des couleurs ou, pour les cinéphiles amateurs, le pays aux films colorés, bien ridicules, mettant en scène des pseudo-artistes.
Et pour ceux qui aiment comme moi la littérature indienne (pour le peu que j'ai lu), c'est aussi des campagnes pauvres en vivres mais riches par leurs différences avec la ville, des cultures, langues et religions très variées et ne coexistant pas toujours en harmonie, une société de castes et une émigration très complexe, et une corruption toujours d'actualité.

Avec ce livre, comme les autres lecteurs l'ont déjà souligné, on retrouve un petit peu ce melting pot de l'Inde : la couverture horripilante mais représentative de ce que l'on peut voir sur les façades et magasines indiens, l'atmosphère étrange d'un petit bourg, des paysages pas très jolis, le climat pas très agréable, mais surtout, la vie peu trépidante d'un fonctionnaire de classe assez haute "en exil" loin de l'univers où il a grandi.

Un roman qui change de ceux que j'ai pu lire sur l'Inde, au ton sarcastique et pas toujours plaisant, à l'atmosphère pesante, qui aurait peut-être été plus appréciable avec un nombre moins conséquent de pages.

Elya - Savoie - 34 ans - 19 octobre 2010


L INDE et ses réalités. 7 étoiles

Plus en accord avec SAHKTI qu'avec CCRIDER. LES APRES MIDI D UN FONCTIONNAIRE TRES DEJANTE n'est certes un chef d'oeuvre de la littérature mais ce n'est pas parce que AGASTYA n'est pas sympathique qu'il faut jeter le contenant! La hideur de la couverture? OK, mais il faut avoir vu celle des divinités hindoues ou des affiches de film indiens pour comprendre qu'on nage en pleine "authenticité". Elles sont pareillement colorées et du même "mauvais?" goût.
La langueur, car c'est de cela qu'il s'agit, c'est exactement ce que l'on ressent là bas, cette impuissance à mobiliser son énergie, à surmonter les obstacles incessants, ... Le climat, l'atmosphère ambiante, le grouillement perpétuel, les odeurs obsédantes, ...
L'inertie de l'administration indienne? Ouais, mais la comparer à celle, supposée en EUROPE, demande d'envoyer CCRIDER vérifier sur place!
Non, je pense que cette société et ces moeurs décrits peuvent correspondre à une réalité indienne, au même titre que Madame BOVARY a correspondu à une autre. Elle nous est étrangère? OK. Elle nous parait incohérente, sûrement. C'est justement l'occasion de voyager à peu de frais.
Il n'y a pas que des GANDHI en INDE!

Tistou - - 68 ans - 15 juin 2004


Facettes indiennes 8 étoiles

Agastya est un jeune fonctionnaire de l’IAS, l’équivalent de l’ENA en Inde, envoyé faire ses classes en province. Le voilà qui quitte Delhi et sa vie nocturne trépidante. Agastya, surnommé August, est cultivé, lettré, occidentalisé et un brin prétentieux. Autant dire que son arrivée dans l’Inde rurale la plus profonde qui soit le marque au plus haut point ! Un endroit dont il ne connaît pas la langue (il s’est toujours exprimé en anglais), pas les habitants, pas les coutumes, l’inconnu total. August refuse de s’intégrer, c’est le début de la solitude. Il s’oppose à tous, en particulier à son cuisinier Vasant, qu’il soupçonne d’utiliser des excréments comme condiments. August se demande également avec beaucoup d’inquiétude comment se fournir en marijuana et en femme dans ce monde éloigné de tout.
Upamanyu Chatterjee emploie un style vif et piquant. Son roman est l’occasion d’aborder avec humour la question cruciale de l’emploi des langues en Inde (18 langues officielles) et les barrières sociales créées par une telle diversité. Un beau portrait de la société indienne, avec le décalage frappant entre les jeunes des villes et ceux de la campagne, des personnes qui, lorsqu’elles changent d’univers, se déplacent dans une culture qui n’a rien à voir avec la leur.

Sahkti - Genève - 50 ans - 15 juin 2004