Le voyant de Jérôme Garcin

Le voyant de Jérôme Garcin

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Pascale Ew., le 18 octobre 2015 (Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (51 392ème position).
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La cécité dépassée

L'auteur trace une esquisse du personnage : Jacques Lusseyran, aveugle à six ans suite à la maladresse d'un camarade, résistant à 17 ans qui fonda et dirigea un réseau de jeunes (les Volontaires de la Liberté), rescapé de Buchenwald, professeur et écrivain peu lu, fervent catholique, marié trois fois, mort à 47 ans dans un accident de voiture.
Cet homme est plein de contradictions - en tous cas vu avec les yeux de notre temps - puisqu'il se dit profondément croyant, mais trompe ses épouses et délaisse ses enfants (dont une se suicidera). L'auteur parvient à peine à nous communiquer son intérêt pour ce "héros" méconnu et il survole cette brève vie sans entrer dans aucun détail concret ni pratique pour nous le rendre plus tangible.
Voici quelques citations intéressantes qui permettent un peu de cerner le personnage :
"En se penchant sur mon berceau, il y a un cadeau que les bonnes fées ont oublié de me faire, c'est la frivolité."
"La seule infirmité que je connaisse, ce n'est ni la cécité, ni la surdité, ni la paralysie - si dures soient-elles -, c'est le refus de la cécité, de la paralysie."

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Hagiographie

4 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 29 mai 2019

Jérôme Garcin se donne pour mission de faire connaître Jacques Lusseyran, né en 1924, mort en 1971 à l’âge de 47 ans et dont la vie fut une suite de péripéties pas précisément banales. Dans l’ordre ; cécité, résistant, écrivain, professeur.
A huit ans, le jeune Jacques, suite à une maladresse, perd la vue. Il doit désormais se reposer sur ses autres sens. A dix-sept ans, alors en khâgne à Louis Le Grand, il devient résistant (1941 la guerre bat son plein). C’est à cette époque qu’il rencontre Jean Guéhenno qui le marque durablement. Mais il est arrêté par la Gestapo. Déporté à Buchenwald, il en sort vivant et fort d’une expérience humaine inouïe, d’un an et demi en enfer.
C’est aux Etats-Unis qu’il peut faire valoir ses compétences d’enseignant, en littérature. Il est là-bas « The blind Hero of the french resistance » ! Il écrit enfin, notamment « Et la lumière fut » …
Jérôme Garcin se penche aussi sur sa vie d’homme ; catholique fervent, marié trois fois dont deux mariages ratés. Des enfants qui ne semblent pas l’intéresser outre mesure, hormis sa fille Claire. Finalement il meurt à quarante-sept ans dans un accident de voiture avec sa jeune et troisième épouse.
Pas une vie banale, pas un homme ordinaire. Pourquoi donc cette lecture m’a-t-elle laissé sur le bord du chemin ? Un ton trop hagiographique ? Une impression de « too much » ? Pas d’empathie pour l’homme, pas plus pour le sujet. Jérôme Garcin ne m’a pas emporté dans son admiration manifeste pour Jacques Lusseyran.

Aveuglement lumineux

8 étoiles

Critique de Killing79 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 45 ans) - 6 mai 2016

Et voilà encore un personnage qui a joué un rôle important dans notre Histoire et dont personne ne se souvient. Jacques Lusseyran, le non-voyant, avait tout pour être malheureux et les événements se sont succédé pour lui mener la vie dure. Mais grâce à la très belle plume de Jérôme Garcin, j’ai pu découvrir le destin tragique et pourtant si lumineux de ce petit héros.

Être fortement handicapé, être rejeté par la société, être déporté et toujours garder le sourire, c’est schématiquement le résumé de la vie de Jacques Lusseyran. A travers ce personnage ultra optimiste et charismatique, on met aussi le doigt sur les injustices qui gouvernaient le monde. Le fait qu’il n’ait pas pu devenir professeur en France ou le fait qu’il se sentait plus aimé et moins stigmatisé en camp de concentration qu’en liberté, en dit long sur les mentalités de cette période. J’ai donc non seulement appris à connaître l’homme hors du commun mais aussi l’époque dans laquelle il évoluait.

J’ai craint dans les premiers paragraphes que l’auteur ne se lance dans une adulation de ce résistant aveugle. Il n’en est rien. Il nous dépeint sans concession sa destinée qui n’en reste pas moins fascinante. Comme il le dit si bien, Jérôme Garcin n’a pas voulu encenser Jacques Lusseyran mais simplement le sortir de l’oubli où il n’avait pas sa place. Il ajoute dans les dernières pages (en version poche), les modifications et les précisions apportées par les témoins encore vivants, ce qui accentue la véracité et surtout la bienveillance de ce travail contentieux.
Merci pour cette mise au point qui était méritée et nécessaire!

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