Rendez à ces arbres ce qui appartient à ces arbres
de Boucar Diouf

critiqué par Libris québécis, le 24 octobre 2015
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Le Baobab contre-attaque
Boucar Diouf est un Sénégalais qui est venu au Québec en 1990. Il est vite devenu la coqueluche de la province avec Fred Pellerin. D'abord professeur à l'université de Rimouski, où il a connu sa femme, il a délaissé l'océanographie pour animer une émission télévisée et pour occuper la scène comme humoriste, sans compter qu'il fut le porte-parole des organisateurs de la fête nationale du 24 juin 2014.

Le personnage se signale aussi par son écriture poétique. Il glorifie nos origines qu'il élève au rang de mythes fondateurs. À l'instar des fables de La Fontaine, son œuvre renseigne sur l'art de vivre, mais, surtout, sur les fondements de l'existence sur terre. Une existence que l'humanité orgueilleuse se targue de mener à sa guise. Se considère-t-elle comme une entité autonome ? Tout porte à le croire. Et pourtant...

Les humains ne sont pas seuls sur terre. Il ne faut pas sous-estimer les organismes vivants que supporte la nature. Sans se rallier à l'animisme, il faut savoir que, sous terre comme dans les airs, vit un monde infinitésimal d'espèces à qui l'on doit la vie. Des espèces qui assurent leur propre survie grâce à la solidarité. Les arbres, par exemple, emmêlent leurs racines pour apporter l'eau au voisin dont les maigres ramifications menacent son existence. Et quand on sait qu'un baobab est un réservoir de 120,000 litres d'eau, on peut imaginer que l'on a un donneur d'organe, comme on dirait en médecine, qui peut apporter fort longtemps sa quote-part à l'équilibre environnemental si l'on considère que certains arbres ont 80 000 ans. Les créationistes vont avaler de travers.

Boucar Diouf ne joue pas à l'écologiste même si ses études en biologie le porte à rappeler l'intimité obligatoire qui doit exister entre l'homme et son environnement. Même les bactéries jouent un rôle prépondérant pour la survie. Elles conservent, grâce aux spores qui s'emmagasinent indéfiniment, les éléments qui peuvent relancer la vie en cas de catastrophe. Tout concourt dans la nature à protéger une existence enviable, voire ces arbres qui secrètent des gaz toxiques pour empêcher les antilopes de mettre leur vie en danger en se nourrissant trop abondamment de leurs feuilles.

Le message est vivant. Il est véhiculé par des voix qui transmettent une sagesse immémoriale. Une sagesse qui invite les humains à descendre de leur piédestal pour assurer à tous des rhizomes qui peuvent surgir même en pays étrangers. Comme le chantait Gilles Vigneault, « et tous les humains sont de ma race. »