La nuit de feu
de Éric-Emmanuel Schmitt

critiqué par Stradivarius, le 26 octobre 2015
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Révélation de dieu dans le désert
L'auteur effectue une marche de 2 semaines dans le Sahara sud algérien , accompagné d'amis pour un documentaire retraçant l'itinéraire de C.de Foucauld, et d'un guide touareg. A vingt-huit ans, l'auteur, pétri de diplômes, s'interroge pourtant sur son identité. Une phrase lancinante revient sans cesse " quelque part mon vrai visage m'attend". Entre ses amis de longs débats s'affrontent sur l'existence de Dieu , sur l'univers. Le troisième jour l'auteur perd ses amis par étourderie et se retrouve seul dans ce désert , n'ayant aucun sens de l'orientation. Une fois la panique passée , il a une révélation lumineuse d'une existence qui pourrait s'appeler Dieu.
"Le désert est mon pays" 10 étoiles

Passionné depuis toujours par le désert et particulièrement par la Sahara, il fallait que je lise ce livre.

E.E Schmitt raconte son expédition dans le Hoggar (au sud de l'Algérie) à l'âge de 28 ans sur les traces de Charles de Foucauld, et la nuit "de feu" qu'il a vécue lorsqu'il s'est perdu au mont Tahat, durant laquelle il a été confronté à l'éternité. Nuit qu'il décrit du mieux qu'il peut car comme il dit "les mots n'offrent pas la porte d'accès à ce que je vis. [...] Ils inventorient le monde, or je pénètre dans l'au-delà du monde".
Cette expérience de l'éternité lui fera dire "je suis né deux fois, une fois à Lyon en 1960, une fois au Sahara en 1989".
Le récit est spirituel, contemplatif, humaniste, et l'émotion transparaît notamment de par la relation étroite avec Abayghur, le Touareg qui accompagne les randonneurs dans le désert (relation que l'auteur qualifie de coup de foudre humain).
Personnellement j'aimerais voir cet ouvrage adapté au cinéma, et je suis persuadé que ce livre deviendra dans le futur un classique de la littérature du désert et du Sahara.

Haas Nigen - France - 32 ans - 16 octobre 2022


Peu (pas) convaincu 7 étoiles

Au milieu des années ’80, Eric-Emmanuel Schmitt parcourt le Sahara algérien en compagnie de quelques personnes qu’il ne connait pas. Un jour, par distraction, il se retrouve seul, perdu dans le désert. Il prend peur, se prépare à passer la nuit dans le froid car il est vêtu légèrement, quand, soudain, il voit que son esprit se détache de son corps : c’est une sorte d’extase, de l’ordre du mystique. Il sent la présence de Dieu.

Perso, j’ai été peu convaincu par cette histoire – vraie ! – comme on dit dans cas-là en quatrième de couverture. Ma foi, j’ai dû louper une réplique …ou je suis trop lourd pour monter vers l’éther …

Extraits :

* - As-u passé une bonne nuit ?
- Je n’ai pas passé de nuit du tout : un trou de deux secondes.
- C’était donc une bonne nuit ! Pareil pour moi.

* Jadis, les gens croyaient parce qu’on les y incitait ; aujourd’hui, ils doutent pour le même motif. Dans les deux cas, ils s’imaginent penser alors qu’ils répètent, qu’ils mâchouillent des opinions, des doctrines de masse, des convictions qui ne seraient peut-être pas les leurs s‘ils réfléchissaient.

Catinus - Liège - 73 ans - 25 décembre 2018


De la nature à Dieu 8 étoiles

L'auteur s'est rendu, vingt-ans avant le récit, dans le Sahara algérien, à Tamamrasset, pour découvrir des paysages, d'autres formes que prennent la nature, et pour s'interroger sur le sens de la vie, de la science, du rapport à l'autre et à Dieu. Il est intégré dans un petit groupe de visite, guidé par un Américain dénommé Donald, secondé par un Touareg chaleureux et rêveur, Abayghur.
Les discussions portent sur l'état des connaissances en astrophysique, les places de Dieu, la nature et l'espèce humaine. Puis un soir, l'auteur s'aventure seul, finit par se perdre, s'allonge en creusant un lit. C'est alors qu'il croit disparaître sous peu, se sent mourir alors qu'il demeure un insomniaque indécrottable. Puis il ressent comme une source passer près de lui, un sentiment d'extase l'envahir et pense alors être en contact avec Dieu qui lui l'état de perfection qui peut être atteint sur terre. Le lendemain, il arrive à se relever et retrouver son groupe, mais cette expérience le ramène indubitablement vers l'agnosticisme et se pose sans cesse des questions sur les raisons de cet état de bien-être, alors qu'il était perdu en plein désert, enseveli dans le sable. L'hypothèse d'une réaction physique n'est pas exclu, mais désormais il considère Dieu comme une éventualité sérieuse.

Il faut toujours se poser des questions et s'attarder sur la beauté du monde, surtout dans ses aspects inhabituels. Cette réflexions sur la présence, la place et le rôle de Dieu reste nécessaire, quelles que que soient les croyances personnelles, le doute servant de moteur indispensable à la réflexion et au respect d'autrui. Chacune et chacun reste loisible d'être convaincu par la nature de l'expérience décrite, mais elle a le mérite de présenter une expérience, de méditer sur la place des humains face à la nature, et sur celle des questions transcendantales qui peuvent être posées. C'est assez utile et beau.

Veneziano - Paris - 47 ans - 5 août 2018


Petit traité d'agnosticisme 7 étoiles

J'ai lu ce livre sur une recommandation. Et j'ai bien fait. Je me pensais athée, ce récit me rendrait plutôt agnostique.
Le livre est bien écrit, c'est un beau récit de voyage dans le désert avec la figure très attachante d'Abayghur le touareg. Schmitt fait bien ressentir les émotions physiques et spirituelles que le désert lui impose.
Certes, ce n'est pas un livre d'apôtre mais on en sort le coeur plus léger quand bien même on n'adhère pas à l'espérance qui y est suggérée.

Fredericpaul - Chereng - 63 ans - 19 février 2017


Une nuit décisive 10 étoiles

Il en faut du courage à E.E. Schmitt pour écrire le récit d'une expérience mystique, marquante et décisive qu'il a vécue quelques dizaines d'années auparavant. À l'heure où il n'est pas de bon ton de proclamer sa foi chrétienne, il décide de témoigner sur cette nuit qui va changer la sienne.

Jeune professeur de philosophie de 28 ans, il a accepté d'être le scénariste d'un film sur Charles de Foucauld.
Il part donc sur les traces de l'ermite, traversant une partie du Sahara avec un groupe de 10 personnes, guidées par Donald, dont il regrettera de ne pas avoir suffisamment écouté les consignes.
Dans cette étrange intimité que crée le désert, des relations se nouent ; une amitié sans parole le liera au touareg les guidant, qui lui permettra de réfléchir aux vraies valeurs, à une autre façon de vivre...
"Sur terre, ce ne sont pas les occasions de s'émerveiller qui manquent, mais les émerveillés."
et ces échanges instructifs avec une jeune femme croyante du groupe :
" - ils sont contents. Ça les réjouit qu'un musulman s'acquitte de ses obligations religieuses au cœur du Sahara. Folklore local… en revanche, s'ils me surprenaient en train de prier, ils seraient déconfits. Pis : je leur ferai honte !"

Alors, il s'interroge sur la foi, sûr de son athéisme, persuadé qu'il est une preuve d'intelligence et une évidence.
"Un préjugé chasse l'autre. Jadis les gens croyaient parce qu'on les incitait ; aujourd'hui, ils doutent pour le même motif. Dans les deux cas, ils s'imaginent penser alors qu'ils répètent, qu'ils mâchouillent des opinions, des doctrines de masse, des convictions qui ne seraient même pas les leurs s'ils réfléchissaient."

Perdu dans le désert, il va se retrouver seul, dans la nuit glaciale, sans avoir froid, ni faim, ni soif. Difficile d'expliquer mais une Vérité lui est apparue qui n'est ni celle des athées, ni celle des croyants pratiquants.
"Depuis ma nuit pourtant, j'aurais dû me sentir proche de la croyante et m'opposer à l'athée militant. En fait, je ne me retrouvais dans aucun des deux : ils se cramponnaient à des solutions simples, croire, ne pas croire, montrant un appétit suspect d'opinions catégoriques. Ni l’un ni l'autre ne supportaient le cheminement, le doute, l'interrogation. En affirmant leur choix, ils ne voulaient pas penser, mais en finir avec la pensée. Ils ne désiraient qu'une chose : se délivrer du questionnement."

Sans aucun prosélytisme ni angélisme, l'auteur avec toujours autant de talent, écrit en toute sincérité le compte-rendu d'une expérience intime, avec humour, et autodérision sur ces européens en quête de sensations fortes.
Avec une fin tout aussi réussie dans un épilogue, humble, sage et instructif : "Hélas, je ne suis pas contagieux."
Une belle rencontre, un récit passionnant, émouvant, interrogeant.

Marvic - Normandie - 66 ans - 18 novembre 2016


Un éblouissement qui transforme la vie de l'auteur 9 étoiles

La nuit de feu est attribuée à Pascal qui découvrit ainsi sa foi en Dieu. Eric-Emmanuel Schmitt connut la même aventure dans le désert du Sahara.
Eric-Emmanuel Schmitt nous livre ses convictions intimes qui ont été chamboulées lors d'une aventure extraordinaire qu'il a connue dans le désert du Hoggar. C'est là qu'il a touché à l'absolu qui bouleversera sa vie. Qu'y faisait-il ? Sur les traces de Charles de Foucauld de Tamanrasset à Assekrem : un trip qui servirait à l'auteur pour alimenter le scénario de film dont Gérard est le réalisateur et qui l'accompagne dans ce voyage. C'est l'occasion pour Eric-Emmanuel Schmitt de rencontrer le touareg Abayghul qui les guide dans ce périple et avec qui il se lie d'amitié.
Une profonde humanité se dégage de ce récit et le lecteur se sent profondément touché par cette expérience qu'a connue l'auteur : toucher à l'au-delà, à Dieu.

Ddh - Mouscron - 83 ans - 21 août 2016


Merci ! 10 étoiles

Comment raconter une expérience mystique avec des mots, comment décrire l'indescriptible hors du temps et de l'espace ? Eric-Emmanuel Schmitt s'y essaie en quatre pages par petites touches, par bribes, car c'est tout simplement impossible. Pourtant, il réussit à nous faire toucher du doigt l'émotion qui l'a étreint. Je comprends qu'il ait attendu vingt ans pour s'y lancer car c'est tellement intime et hors de la raison tant prisée. Néanmoins, son témoignage est très touchant. Merci infiniment de l'avoir partagé !
(Je vous rassure : les autres pages sont très intéressantes aussi et très bien écrites. Eric-Emmanuel Schmitt nous emmène en voyage avec lui.)

Pascale Ew. - - 57 ans - 3 janvier 2016