Mycologie
de Stéphane Crête

critiqué par Libris québécis, le 27 octobre 2015
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Vierge sacrifiée aux dieux aztèques
Le héros, comme le coryphée du théâtre antique, nous explique que « toute est dans toute ». Sur quel « boutte » du « toute » veut-on attirer notre attention ? La pièce, décousue à souhait, navigue en pleine mythologie, qui ordonne que l’on offre aux dieux une vierge pour s’attirer leurs faveurs.

La liturgie de ce sacrifice n’a rien d’une représentation symbolique. On y va avec l’éventrement pour permettre au chef, en l’occurrence une cheftaine, d’atteindre une certaine divinité en dégustant le corps des sacrifiés. Ceux qui sont familiers avec la civilisation aztèque apprécieront davantage cette messe païenne pendant laquelle le corps des participants se transforme sous l’effet des champignons hallucinogènes. La pharmacopée tirée de la mycologie permet de transmettre des parasites, reconnus pour le prurit qu’ils provoquent, afin de s’associer au bienheureux corps mystique des gratteux vivant sous la férule d’une prêtresse que le dramaturge représente sous les traits de la dominatrice chez les adeptes d’une sexualité exacerbée.

La cheftaine prend soin de son cheptel, voire même l’agrandit en kidnappant une orpheline promise au fils de sa gardienne. La pièce se présente alors comme la course pour la retrouver. Elle se cacherait au Mexique, où l’on s’apprêterait à la sacrifier. Est-il trop tard pour la sauver comme Tintin dans Le Temple du soleil ?

En évoquant la mythologie, Stéphane Crête renoue avec le théâtre antique qu’il visite en tramant une priapée « sous le beau ciel de Mexico, qui sera toujours le paradis des cœurs et de l’amour ». C’est estudiantin avec le godemiché, l’examen de la prostate, le priapisme, sans compter les chansons que l’on massacre. Malgré tout, on peut embarquer dans ce bateau fou à cause du fil conducteur qui règle ce spectacle, dont il serait préférable de raccourcir la deuxième partie.